Dt 8,2-3.14b-16a ;
Ps 147 ; 1Co 10,16-17 ; Jn 6,51-58
Chers
frères et sœurs,
Pendant
plusieurs semaines, durant le confinement, vous avez été privés du Corps et du
Sang du Seigneur, c’est-à-dire – dit Jésus – de la vie éternelle. Certains se
sont trouvés heureux, se nourrissant de la lecture et de la méditation des
Écritures, d’autres se sont trouvés malheureux, attendant avec inquiétude le
moment où ils pourraient de nouveau recevoir le Corps du Christ. On pourrait
dire qu’il y a là comme deux extrêmes nécessaires, car il nous est bon, par les
Écritures, de connaître celui qu’on désire, et par la communion de le
rencontrer réellement.
Mais,
vous le savez bien, pour qu’un objet soit stable, il ne suffit pas de deux
pieds, il en faut un troisième. Il ne suffit pas des Écritures et du Sacrement
pour connaître et être en communion avec Jésus, il nous faut aussi la
célébration liturgique elle-même, c’est-à-dire le sacrifice d’action de grâce.
Lorsque
Jésus a enseigné ses disciples, il ne leur a pas dit seulement d’ouvrir les
Écritures pour apprendre tout ce qui était dit de lui et du Règne de Dieu, ni seulement
de manger sa Chair et boire son Sang, comme nous l’entendons aujourd’hui dans
l’Évangile, il a dit aussi : « Vous ferez cela en mémoire de moi ».
Et « Cela », c’est le sacrifice d’action de grâce,
c’est-à-dire la messe. Tout simplement.
Il
nous est vital, à nous chrétiens, d’avoir accès à Jésus par les Écritures, par
la célébration liturgique de la messe et enfin par la communion sacramentelle.
C’est cette manne que le Seigneur donne à son peuple, pour qu’il avance sans
dépérir et sans se décourager dans le désert de ce monde, jusqu’à ce que son
Heure arrive.
Chers
frères et sœurs, ce que je viens de dire, n’est pas seulement important pour
les chrétiens, cela l’est également pour tout le monde. Les chrétiens sont la
lumière du monde, même si ils sont faibles, parfois pécheurs, et généralement
incompris. Pourquoi ?
Parce
que par la communion sacramentelle, ils portent en eux la présence de Dieu dans
leurs lieux de vie et pour leur entourage. Ils sont des Temples de Dieu, ils
sont des phares dans la nuit, même si cette réalité est invisible.
Les
chrétiens sont lumière du monde aussi parce que, par la célébration du sacrifice
d’action de grâce, la messe, célébrée publiquement, ils rendent justement la
présence de Dieu visible. Ils continuent ainsi l’œuvre d’Incarnation et de
rédemption de Jésus dans le monde, c’est-à-dire qu’ils perpétuent son offre de
salut pour toute l’humanité, et la bonne manière de lui en rendre grâce.
Et
enfin, par leur témoignage chrétien personnel et collectif, témoignage quotidien,
les chrétiens continuent la rédaction des Écritures. Ils font entrer leur temps
et tous les hommes de leur temps dans la grande histoire du Salut, qui va de la
Genèse à l’Apocalypse, et ils écrivent de nouvelles pages qui font suite à
celles des Actes des Apôtres.
Chers
frères et sœurs, les chrétiens sont des prêtres : ils communient aux dons
sacrés, ils célèbrent le sacrifice d’action de grâce, et ils sont un pont entre
Dieu et les hommes. Voilà pourquoi il n’était pas possible que la célébration
de la messe reste interdite plus longtemps : c’est comme si on coupait aux
hommes, à tous les hommes, leur oxygène pour vivre.
Nous
célébrons aujourd’hui la solennité du Saint-Sacrement du Corps et du Sang de
Jésus. Il s’agit d’abord de la communion sacramentelle elle-même, bien sûr,
mais aussi de la célébration qui nous permet d’y accéder, et aussi de
nous-mêmes : car, par l’Esprit Saint, nous sommes le Corps et le
Sang de Jésus, aujourd’hui vivant dans le monde.
Rendons
grâce au Seigneur de pouvoir de nouveau vivre, respirer et nous nourrir en célébrant
librement l’eucharistie.