2R 4,8-11.14-16a ;
Ps 88 ; Rm 6,3-4.8.11 ; Mt 10,37-42
Chers
frères et sœurs,
Dans
l’évangile d’aujourd’hui, Jésus donne un enseignement sur ce qu’est être un
Apôtre et plus largement ce qu’est être chrétien.
Qu’est-ce
qu’être Apôtre ? En premier lieu, c’est choisir de s’attacher à Jésus plus
qu’à sa propre famille : c’est quitter les liens familiaux, les liens de
la terre. C’est aussi choisir de porter sa croix avec Jésus. La traduction du
texte, ici, n’est pas très claire. On devrait plutôt lire : « Celui marche
à ma suite, mais qui ne prend pas sa croix, n’est pas digne de moi ».
Ainsi donc s’attacher à Jésus ne suffit donc pas, il faut aussi prendre sa part
de souffrance dans l’annonce de l’Évangile et du Règne de Dieu. Et c’est donc
très logiquement que l’Apôtre est conduit – comme Jésus, au bout de son chemin
de croix – à devoir offrir sa vie. Et s’il l’offre au nom de Jésus, il aura
part avec lui, dans sa résurrection.
Un
Apôtre est donc un homme qui a quitté les liens de ce monde et qui est libre de
souffrir pour l’Évangile. Cela peut le conduire jusqu’au martyre. Si l’Apôtre
donne sa vie comme Jésus, il entrera aussi dans sa résurrection.
Mais
la vie des Apôtres n’est pas qu’un chemin de croix. Jésus parle maintenant de
leur mission d’annonce du Règne de Dieu et de l’Évangile. Il est intéressant d’observer
que Jésus introduit ici une gradualité.
D’abord,
il parle des Apôtres eux-mêmes : « Qui vous accueille m’accueille,
et qui m’accueille accueille Celui qui m’a envoyé. » Leur mission est
spéciale : ils annoncent le Christ, et à travers lui le Règne de Dieu.
Ceux qui accueillent leur témoignage, par le fait, accueillent le Christ
lui-même. Et ayant accueilli le Christ, ils se trouvent aussi, avoir accueilli
le Père. Être Apôtre ce n’est pas rien : c’est annoncer le Christ et le
Règne de Dieu, mais accueillir le témoignage d’un Apôtre ce n’est pas rien non
plus : c’est d’abord entrer dans la communion du Christ, puis dans la
gloire de Dieu. Aujourd’hui, les successeurs des Apôtres, ce sont les évêques.
Ensuite
Jésus évoque les prophètes, puis les justes, puis les « petits, en leurs
qualités de disciples ». C’est extrêmement intéressant, car il est
possible que cette hiérarchie corresponde à ce qui est devenu par la suite les
prêtres, les diacres et l’ensemble des baptisés.
Ainsi
celui qui reçoit un prêtre-prophète, recevra une récompense de prophète. Le
prophète est celui qui transmet les paroles de Dieu, par l’enseignement et par les
actes. Ainsi, celui qui reçoit l’enseignement du prophète peut-il entrer de
tout son cœur dans le mystère de Dieu et le comprendre.
De
même celui qui reçoit un diacre-juste, recevra une récompense de juste. Le
juste est celui qui se conduit parfaitement, avec justice. Il accomplit ses
actes en vérité, selon la loi du Seigneur, c’est-à-dire la charité : il
est un bon et fidèle serviteur du Seigneur. Ainsi celui qui reçoit l’homme
juste est-il porté à devenir lui-aussi un homme juste. Et cela lui procure la
paix et la joie.
Enfin,
il suffit de donner un verre d’eau fraîche à « l’un de ces petits en sa
qualité de disciple », pour recevoir une récompense. Les
« petits », c’est-à-dire en hébreu les « minim »,
sont tous les baptisés. Qui reçoit un frère chrétien, ne serait-ce que pour lui
donner un verre d’eau, recevra également une récompense. Car, nous le
comprenons bien, celui qui accueille un chrétien, accueille aussi à travers
lui, le Seigneur Jésus qui vient le visiter.
Chers
frères et sœurs, du plus humble des baptisés jusqu’à l’évêque ou l’Apôtre le
plus grand, nous sommes tous appelés, à accueillir le Christ et le Règne de
Dieu, et à en témoigner, chacun selon notre vocation, par la charité, la vie
selon la justice, la transmission de l’Évangile par la parole et par les
actes ; puis, au moment où il le demande, à suivre le Christ en portant
notre croix, jusqu’à donner notre vie comme lui, pour entrer avec joie dans sa
résurrection.