Za
9,9-10 ; Ps 144 ; Rm 8,9.11-13 ; Mt 11,25-30
Chers frères et sœurs,
Si nous voulons vraiment
comprendre cet évangile de l’intérieur, il nous faut l’entendre comme un écho
des Béatitudes. Il y a, en effet, dans ces deux enseignements, beaucoup
d’expressions semblables.
Ainsi, par exemple, Jésus
proclamait dans les Béatitudes : « Heureux les pauvres de cœur,
car le Royaume des Cieux est à eux », « Heureux les doux, car
ils recevront la terre en héritage ». Et nous retrouvons dans l’évangile
d’aujourd’hui cette parole : « Devenez mes disciples, car je suis
doux et humble de cœur, et vous trouverez le repos pour votre âme ».
Nous comprenons trois choses. Premièrement
que « avoir le Royaume des Cieux », « recevoir la
terre en héritage » et « trouver le repos pour son âme »,
c’est en réalité la même chose.
Deuxièmement, que Jésus dit qu’il est lui-même
le Bienheureux des Béatitudes. Il est celui qui est pauvre, c’est-à-dire
humble, de cœur, celui qui pleure, celui qui est doux, celui qui a faim et soif
de la justice, qui est miséricordieux, qui a le cœur pur, qui est artisan de
paix. En fait, par les Béatitudes Jésus dit qui il est, qui Dieu notre Père est.
Et comme Jésus s’adresse à ses disciples, troisièmement, il leur offre (et il
nous offre) la possibilité, en étant doux ou humble de cœur, d’entrer en
communion avec lui, de lui ressembler comme un frère ou une sœur.
L’expression « prenez
sur vous mon joug » fait aussi référence aux Béatitudes, mais de
manière différente. Pour un Juif, le « joug », c’est la Loi donnée
par Dieu à Moïse au Mont Sinaï. Et pour un chrétien, le « joug de
Jésus » – les Béatitudes – c’est le cœur de la Loi donnée par Jésus à ses
disciples sur la montagne. C’est comme un pain : la Loi donnée à Moïse, c’est
dur comme de la croûte, mais la Loi donnée aux disciples, c’est doux comme de
la mie. Mais c’est le même pain. Et nous entendons aujourd’hui Jésus
dire : « Prenez sur vous mon joug… » ; « Oui,
mon joug est facile à porter, et mon fardeau, léger. » Parce que les
Béatitudes sont douces à nos oreilles et réconfortantes pour notre cœur, pour
nous tous qui peinons sous le poids du fardeau.
Mais alors, pourquoi le
fardeau était-il rude comme de la croûte de pain pour Moïse, et pour nous, les
disciples de Jésus, serait-il doux comme de la mie ? Jésus en donne la
raison dans une phrase curieuse : « Personne ne connaît le Fils,
sinon le Père, et personne ne connaît le Père sinon le Fils, et celui à qui le
Fils veut le révéler. » Pour comprendre, il faut couper cette phrase en
deux.
D’abord « Personne ne
connaît le Fils, sinon le Père ». C’est l’expérience de Moïse au Mont
Sinaï. Là, Moïse fait l’expérience de Dieu, qu’il comprend comme un Dieu
unique. Et il ne voit pas que Dieu est Père, Fils et Saint-Esprit. C’est
pourquoi Jésus dit : « Personne ne connaît le Fils, sinon le
Père ».
Ensuite, nous avons la seconde
partie de la phrase : « Personne ne connaît le Père, sinon le
Fils, et celui à qui le Fils veut le révéler ». Cela correspond à
l’expérience des Chrétiens, qui connaissent Dieu comme Père, Fils et
Saint-Esprit. C’est par le Fils – Jésus – que nous connaissons vraiment qui est
le Père, et cela s’opère par l’action de l’Esprit Saint qui nous le révèle.
En réalité, chers frères et
sœurs, nous faisons tout le temps ces deux expériences. Par exemple, quand nous
sommes surpris : sur le coup nous ne comprenons pas. Il nous faut un peu
de temps ou beaucoup de temps pour comprendre ce qui est arrivé. Le premier
temps, celui de la surprise, c’est celui de Moïse. Et le deuxième temps, celui
de la compréhension, c’est celui de Jésus, avec l’aide de l’Esprit-Saint.
Pour finir, Jésus nous invite
donc aujourd’hui, en épousant les Béatitudes, à lui ressembler de tout notre
cœur et, ce faisant, à ressembler aussi à Dieu notre Père. La réalisation de
cela, c’est-à-dire la communion, c’est un don merveilleux de l’Esprit-Saint que
nous pouvons lui demander dans notre prière.