lundi 13 juillet 2020

11-12 juillet 2020 - FRETIGNEY - DAMPIERRE - 15ème dimanche TO - Année A


Is 55,10-11 ; Ps 64 ; Rm 8,18-23 ; Mt 13,1-23

Chers frères et sœurs,

Vous connaissez ce dicton : « On juge l’arbre à ses fruits ». En gros c’est ce que dit Jésus. Lui, il est la Parole de Dieu, qui est semée dans nos cœurs. Or nos cœurs peuvent être de la bonne terre fertile, ou une terre envahie de ronces, ou un sol pierreux, ou même un espace complètement sec, où la graine semée n’a même pas le temps de germer. C’est donc en fonction de la qualité du cœur que nous offrons à Jésus que nous portons du fruit, avec plus ou moins de rendement.

Mais ne nous trompons pas sur le sens que nous donnons au mot « cœur ». Pour nous, qui sommes des occidentaux du XXIème siècle, le cœur correspond surtout à l’affectivité. Nous comprenons que si nous aimons beaucoup alors nous sommes une bonne terre. C’est vrai, mais cela n’est pas suffisant pour comprendre ce que dit Jésus.

Pour un Juif qui vit à l’époque de Jésus en Terre Sainte, le cœur est le lieu de l’intelligence. Pas n’importe laquelle : il s’agit de l’intelligence des réalités du Royaume des cieux. En gros, un prophète est quelqu’un qui est intelligent et qui a un cœur léger, un cœur brûlant parce qu’il connaît le Seigneur et qu’il est en communion avec lui. Pensez aux disciples d’Emmaüs. Avant de rencontrer Jésus, ils avaient le cœur lourd et ils ne comprenaient rien ; pendant que Jésus marchait avec eux, ils avaient le cœur tout brûlant tandis qu’il leur faisait comprendre les Écritures ; et ensuite ils sont remontés à Jérusalem le cœur léger, tout joyeux parce qu’ils avaient rencontré le Seigneur Jésus vivant.

Jésus parle en parabole aux foules parce qu’elles ont le cœur lourd : elles ne peuvent pas comprendre, elles ne peuvent pas voir. Cela ne sert à rien de leur parler ouvertement. Il en va de même aujourd’hui aussi : on ne fait pas boire un âne qui n’a pas soif.
Mais il est donné aux disciples de Jésus de comprendre et de voir : Jésus lui-même leur explique la parabole. Comme il le fera plus tard avec les disciples d’Emmaüs. Certainement les disciples ont été frappés par cet enseignement de Jésus et ils l’ont conservé précieusement dans leur mémoire. C’est la raison pour laquelle il se trouve dans l’Évangile et que 2000 ans plus tard, nous pouvons encore l’entendre.

Mais alors, ne trouvez-vous pas qu’il y a quelque chose qui ne va pas ? D’un côté Jésus dit qu’il est la Parole de Dieu semée dans nos cœurs comme une semence dans une bonne ou une mauvaise terre. Il attend évidemment que notre cœur soit ouvert et que sa Parole donne du fruit. Et en même temps, on voit bien que cela ne dépend pas complètement de nous. Car pourquoi la foule ne pourrait-elle pas comprendre ce que Jésus enseigne ensuite aux disciples ? Et c’est vrai.
Toute la différence entre un cœur léger et un cœur lourd, entre une intelligence illuminée et une intelligence fermée, entre celui qui voit et celui qui ne voit pas, entre celui qui comprend et celui qui ne comprend pas, ce n’est pas grand-chose et c’est en même temps un changement total d’univers : c’est l’épaisseur d’un voile, le voile de la foi. Or la foi est un don de Dieu. Elle est elle-même une semence.

Chers frères et sœurs, le plus important n’est pas d’avoir l’intelligence de tous les mystères du Royaume des cieux. Le plus important est d’avoir un peu de foi, pour que notre cœur puisse devenir de plus en plus fertile. Alors, plus le Seigneur sèmera dans notre cœur, plus il donnera du fruit ; et plus il donnera du fruit, plus il deviendra fertile.
Mais à celui qui se ferme au don de la foi – c’est-à-dire qui refuse l’Esprit Saint – alors son cœur s’alourdit, la terre de son cœur s’assèche et il devient de plus en plus difficile d’y faire germer une Parole. C’est pourquoi Jésus dit : « à celui qui n’a pas, on enlèvera même ce qu’il a ».

Chers frères et sœurs, notre vocation dans ce monde est de cultiver les terres arides pour les transformer en terres fécondes par le témoignage de notre charité et par l’annonce de l’évangile. Et en priant le Seigneur qu’il vienne féconder ces terres par l’Esprit Saint.
Mais nous ne pouvons vraiment faire cela que si nous-mêmes les premiers, nous offrons au Seigneur la meilleure terre que nous pouvons, en nous laissant travailler par l’Esprit Saint chaque jour de notre vie, avec confiance et dans la joie.

Articles les plus consultés