vendredi 6 mai 2016

5 mai 2016 - GY - Ascension du Seigneur - Année C

Ac 1,1-11 ; Ps 46 ; He 9,24-28 et 10,19-23 ; Lc 24,46-53

Chers frères et sœurs,

L’événement de l’Ascension est le miroir de celui de l’Annonciation. Ce qui s’est passé autrefois à Nazareth nous aide à comprendre ce qui se passe aujourd’hui à Béthanie.

Souvenez-vous : l’Ange Gabriel s’était présenté à Marie, et il avait prié celle-ci d’accepter de devenir la mère de Jésus. Cela paraissait impossible. Comment Dieu pouvait-il aussi se faire homme ? Mais Marie a dit « oui », et Jésus, deuxième personne de la Trinité, tout en restant Dieu a épousé notre nature humaine. Et il est né dans notre monde comme un vrai fils d’homme.
A l’Ascension, c’est Jésus qui se présente devant son Père et il le prie de devenir aussi, comme il l’a promis à Abraham et à sa descendance, le Père de tous les hommes. Cela parait impossible. Comment un homme pourrait-il devenir aussi fils de Dieu ? Mais Dieu a dit « oui », et chacun d’entre nous, tout en restant homme, peut désormais être revêtu de la nature divine. Et dès lors que nous appartenons à Jésus, et que nous recevons l’Esprit Saint, par le baptême et la confirmation, nous sommes renés dans le Royaume des cieux comme de vrais fils de Dieu.
Le « oui » divin du Père à la prière de Jésus correspond au « oui » humain de la Vierge Marie à la prière de l’Ange. Ce « oui » n’était pas gagné ; il n’était pas dû : il est, en même temps que l’accomplissement de sa promesse, un don gratuit de Dieu, une marque essentielle de son Amour.

Je voudrais maintenant que vous compreniez que cet événement de l’Ascension, cette prière de Jésus à son Père, nous la vivons à chaque messe.

Nous savons que, durant la prière eucharistique, le pain et le vin que nous apportons deviennent le Corps et le Sang de Jésus. Le pain et le vin sont les « fruits de la terre et du travail des hommes » : ils représentent l’humanité. Par l’Esprit Saint, ils reçoivent la divinité : ils deviennent le Corps et le Sang de Jésus. Jésus est en même temps homme et en même temps Dieu.
Or, la messe n’est pas seulement que le pain et le vin deviennent le Corps et le Sang de Jésus, ce serait s’arrêter à l’Annonciation et à la naissance de Jésus. Il faut aller jusqu’à sa mort et sa résurrection et ensuite par son Ascension jusqu’à la Pentecôte.

C’est ce qu’il se passe lorsque nous redisons les paroles de Jésus : « Ceci est mon corps, livré pour vous » ; « Ceci est mon sang versé pour vous ». Là Jésus est mort sur la croix. C’est pourquoi le prêtre se met à genoux en silence. Mais aussitôt nous proclamons sa résurrection : « Il est grand le mystère de la foi ! ».
Il faut maintenant aller plus loin : il faut vivre l’ascension de Jésus. Que se passe-t-il ?

Avec Jésus, nous demandons au Père quelque chose d’humainement impossible : que nous soyons remplis de l’Esprit Saint, que nous ne fassions qu’un seul corps et un seul esprit devant lui en appartenant à Jésus ressuscité, que nous obtenions la vie du Royaume des cieux avec tous les saints, dont tous nos défunts, que nous vivions éternellement heureux et en paix et, déjà ici-bas, que notre foi soit renforcée et notre charité affermie. En fait, ce que nous demandons au Père, c’est que, de la même manière que Dieu est venu habiter chez nous, nous les hommes nous puissions maintenant habiter chez lui, comme il l’avait promis à Abraham.

Et pour cela nous lui offrons le Corps et le Sang de Jésus, c’est-à-dire non seulement notre humanité, tout ce que nous avons, toute notre histoire, tout ce que nous sommes, mais en même temps le plus beau cadeau que Dieu nous a fait : Jésus lui-même : « Par lui, avec lui et en lui, à toi Dieu le Père tout-puissant, dans l’unité du Saint-Esprit, tout honneur et toute gloire pour les siècles des siècles ». C’est l’Ascension.
Immédiatement, nous enchaînons avec le Notre-Père pour que, par la brèche ouverte par Jésus dans le ciel, passent toutes nos demandes : « Que ton règne vienne, que ta volonté soit faite. Donne-nous notre pain de ce jour ». Et nous sentons combien nous sommes indignes pour faire de telles demandes : « Pardonne-nous nos offenses, comme nous pardonnons aussi », et au bout du bout : « Père, délivre-nous du mal ! » Et le prêtre reprend : « Libère-nous Seigneur ! ». Nous demandons aussi à Jésus d’intercéder auprès du Père : « Donne-nous toujours ta paix ».

Là, il y a comme un temps d’arrêt, un temps de silence. Que va répondre le Père ? Va-t-il nous répondre « oui » ? Nous sommes dans ce temps entre l’Ascension et la Pentecôte, où Jésus a comme disparu.
Dans cette attente, nous sentons qu’il nous faut faire la paix entre nous avant que le Père prenne la parole. L’Eglise de Jérusalem avait élu Mathias entre l’Ascension et la Pentecôte. Il faut se préparer à la réponse du Père. « Agneau de Dieu, prends pitié de nous. Agneau de Dieu, donne-nous la paix »…

Et enfin, voici la réponse du Père : « Heureux les invités aux repas du Seigneur ! » Notre Père a dit « oui » ! Voilà que notre prière, portée par Jésus, est acceptée : sa réponse est la communion à son Corps et à son Sang. Dans la communion, nous recevons plus que ce que nous demandions : nous recevons tout l’Amour du Père, nous sommes reçus comme des fils au repas des noces, nous héritons du Royaume des cieux, et nous sommes remplis de l’Esprit Saint. La communion, c’est justement notre participation à la Pentecôte.

Voilà pourquoi, chers frères et sœurs, la messe est si importante. Elle nous fait passer avec Jésus de ce monde à son Père et elle nous donne la communion à son Amour. La messe, c’est le don de Dieu aujourd’hui sur la terre. Amen.

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