Ac 15,1-2.22-29 ; Ps 66 ; Ap
21,10-14.22-23 ; Jn 14,23-29
Chers frères et sœurs,
Comme
dimanche dernier, nous poursuivons l’histoire de la première évangélisation
avec la lecture du livre des Actes des Apôtres ; nous partageons la vision
de saint Jean, vision de l’Eglise céleste dont nous sommes la partie visible
sur la terre ; et l’enseignement de Jésus sur son mystère d’amour, auquel
il veut nous faire communier.
Je
voudrais m’arrêter aujourd’hui à la figure de saint Barnabé, dont il est
question dans la première lecture. Qui est-il ?
Les
Ecritures nous apprennent qu’il est un lévite originaire de Chypre. Un lévite,
c’est-à-dire qu’il peut accomplir un service au Temple de Jérusalem, mais il
n’est pas « Cohen », il n’est pas prêtre : il ne peut pas entrer
dans le Temple lui-même, comme Zacharie, le père de Jean-Baptiste, par exemple.
Barnabé
a cependant des liens avec Jérusalem.
Le
premier est sa famille. Il est cousin de Jean surnommé Marc, c’est-à-dire saint
Marc l’évangéliste. Sa tante, la mère de saint Marc, s’appelle Marie. Elle est
manifestement quelqu’un d’important puisque c’est chez elle que se réunit
l’Eglise à Jérusalem. D’ailleurs, Barnabé est vraisemblablement aussi quelqu’un
d’aisé puisqu’il fait don aux Apôtres du produit de la vente de son champ, pour
se consacrer totalement au Christ Jésus.
Le
second lien entre Barnabé et Jérusalem, c’est manifestement Paul. En effet,
après que Paul se soit converti et ait passé quelques années en Arabie et à
Damas, c’est Barnabé qui va lui permettre de rencontrer les Apôtres. D’où
connaissait-il Paul, avec lequel il est vraiment lié d’amitié ? Peut-être ont-ils
été disciples du grand rabbin Gamaliel ensemble durant leur jeunesse ?
C’est une supposition.
Ce
qui est sûr, c’est qu’après la persécution d’Etienne, trois ans après la
résurrection de Jésus, beaucoup de disciples fuyant Jérusalem vont se réfugier
à Antioche. Et là, en l’espace de deux ou trois ans, l’Evangile se répand comme
une trainée de poudre. Il faut appeler Barnabé de Jérusalem pour aller voir ce
qu’il se passe. Et Barnabé fait immédiatement venir Paul, alors chez lui à
Tarse. Ensemble, ils enseignent. L’Eglise se développe considérablement, au
point que les disciples de Jésus deviennent visibles : on les appelle pour
la première fois des « chrétiens ». C’est de là, et de ce moment,
qu’on nous a appelés comme cela : des « chrétiens ».
Cette
Eglise d’Antioche, est la seconde des grandes Eglises après Jérusalem. D’elle
sont partis des missionnaires jusqu’en Inde et jusqu’en Chine, en suivant la
route de la soie. Les chrétiens d’Orient persécutés aujourd’hui au nord de la
Syrie et de l’Irak, qui sont aussi au Kurdistan, en Turquie et en Iran, sont
des fils de cette Eglise, l’Eglise syriaque. Aujourd’hui, ils sont en train de
disparaître. Que le Seigneur les protège et les bénisse. N’oublions pas nos
frères et sœurs.
Et
c’est aussi cette Eglise d’Antioche qui envoie Paul et Barnabé en mission, à
Chypre, au sud de l’Asie-Mineure c’est-à-dire de la Turquie d’aujourd’hui. On
est alors environs une dizaine d’année après la résurrection de Jésus. Paul et
Barnabé vont faire longtemps route commune, avant de séparer, Paul et Silas
d’un côté, Barnabé et Marc de l’autre. C’est alors qu’on perd la trace de
Barnabé. On sait qu’il est repassé par Chypre. Y sera-t-il resté ? On ne
sait pas.
Ce
qui est sûr, c’est qu’aujourd’hui il appartient à la communion des saints du
ciel, dans l’amour de Jésus et de notre Père des cieux !
Ainsi,
je vous ai comme « transportés » dans les dix ou quinze années qui
sont suivi la résurrection de Jésus.
Et
vous avez vu les liens familiaux et d’amitié, la générosité des uns et des
autres pour l’annonce de l’Evangile. Il y a beaucoup d’amour fraternel et de
joie, même s’il y a aussi des disputes bien humaines. Mais l’Esprit de Jésus se
sert de tout, y compris de nos faiblesses, y compris des persécutions comme
celle d’Etienne, pour que son Evangile se répande dans le monde.
Car,
ce que veut le Père, c’est que le Nom de Jésus soit connu de partout et aimé
des hommes. Alors, par l’Esprit Saint, Dieu vient habiter le cœur de chacun et
lui donne sa paix. Et c’est ainsi que, sur terre, laborieusement, mais
certainement, se construit déjà l’Eglise du Ciel. Amen.