lundi 25 avril 2016

23-24 avril 2016 - RAY-SUR-SAONE - DAMPIERRE - 5ème dimanche de Pâques - Année C

Ac 14, 21b-27 ; Ps 144 ; Ap 21, 1-5a ; Jn 13, 31-33a.34-35

Chers frères et sœurs,

Aujourd’hui les textes que nous avons lus nous permettent d’aller au cœur de notre foi. Je vous emmène en pèlerinage : attachez vos ceintures !

Depuis la chute d’Adam et Eve, nous savons que le Paradis, le ciel, la communion parfaite, avec Dieu et entre nous, nous est inaccessible. Cette désunion, nous la partageons tous : c’est ce péché fondamental qui fait que nous ne faisons pas le bien que nous aimerions faire, et que nous faisons le mal que nous ne voudrions pas faire. Il y a comme un mur ou plutôt un rideau entre Dieu et nous, qui nous sépare et qui est gardé par les anges.
La volonté de Dieu est que nous revenions à lui pour retrouver sa communion d’amour. Mais il nous est impossible de faire le chemin du retour par nos propres forces. Seul Dieu peut par sa grâce faire en sorte que nous arrivions à franchir le rideau pour le retrouver. C’est ce qu’il fait par l’incarnation, la mort et la résurrection de Jésus : Dieu se fait homme pour que nous les hommes nous puissions accéder à Dieu. Lorsque Jésus franchit le rideau, de l’Annonciation à Noël dans un sens, puis de Pâques à l’Ascension dans l’autre sens, vous aurez remarqué, dans les Evangiles, la présence des anges.

Vous vous souvenez que, lorsque Jésus meurt sur la croix, le rideau du Temple de Jérusalem se déchire en deux. Ce rideau marquait la séparation entre les hommes et Dieu. Aussi bien, depuis que Jésus est mort et ressuscité le rideau est déchiré et l’accès au ciel nous est redevenu possible. C’est la raison pour laquelle saint Etienne disait avant de mourir « Je vois les cieux ouverts et le Fils de l'homme debout à la droite de Dieu » et saint Jean a pu nous rapporter, dans l’Apocalypse, sa vision de la Jérusalem céleste.
Ainsi donc, par la mort et la résurrection de Jésus, nous avons accès, nous les hommes, à la communion d’amour de notre Dieu. Et désormais, par cette déchirure dans le rideau, passe dans le monde la lumière de la grâce de Dieu. Cette lumière c’est le don de l’Esprit Saint, rendu visible à la Pentecôte, qui est offert en permanence au monde dans l’Eglise.

Dans cette lumière, en effet, il y a les sacrements qui bâtissent l’Eglise. C’est pourquoi d’une part, Jésus dit qu’après avoir été glorifié, ses disciples devront et pourront avec sa grâce garder le commandement nouveau de l’amour. L’Eglise est elle-même la communion d’amour de Dieu qu’elle reçoit à travers la déchirure du rideau et dont elle vit. Et c’est pourquoi d’autre part, Paul et Barnabé peuvent après avoir eux-mêmes reçu l’imposition des mains à Antioche, imposer à leur tour les mains à des Anciens qui sont rendus de cette façon évêques des Eglises de Lystre, Iconium et Antioche de Pisidie. L’imposition des mains est le signe de la grâce de Dieu qui passe par la déchirure du rideau, l’amour de Dieu qui se répand dans le monde et qui bâtit l’Eglise, la Jérusalem nouvelle, le corps du Christ.

Il me reste une dernière chose à expliquer. J’ai parlé du Temple de Jérusalem tout à l’heure, et de son rideau. Il a été donné à Moïse, par la grâce de Dieu, au mont Sinaï, de voir au-delà du rideau et de comprendre le mystère de l’amour de Dieu. Et Dieu lui a demandé d’organiser son culte à partir de ce qu’il avait vu dans sa vision.
C’est ainsi que Moïse a bâti la Tente de la Rencontre qui est devenu le Temple de Jérusalem. Dans ce Temple, il a organisé l’espace en deux pièces séparées par un rideau : le « Saint » et le « Saint des Saints ». Dans le Saint, il y avait le chandelier à sept branches rappelant le buisson ardent, l’autel de l’encens qui signifie les prières qui montent vers Dieu et la table des offrandes où se trouvaient douze pains symbolisant les douze tribus d’Israël. Dans le Saint des Saints se trouvait initialement l’Arche d’Alliance protégée par des chérubins, sur laquelle reposait la Présence de Dieu.
Le culte de Dieu était très simple : il fallait d’abord que le grand prêtre se purifie au moyen d’offrandes, de sacrifices et d’ablutions pour entrer dans le Saint, puis exceptionnellement, une fois par an, il passait le rideau et entrait dans le Saint des Saints où, avec le sang d’un bélier, il aspergeait l’Arche. Il revenait ensuite hors du Temple pour asperger le peuple par le même sang. Et c’est ainsi que le peuple était pardonné de ses péchés et que l’alliance entre Dieu et lui était confirmée.

Maintenant vous comprenez que ce culte du Temple était la prophétie du vrai culte réalisé par Jésus : c’est Jésus le vrai Grand Prêtre qui passe le rideau et c’est aussi lui le bélier qui par son sang – par sa grâce – nous communique le pardon définitif du péché d’Adam et nous établit dans l’alliance nouvelle et éternelle. Lorsque le Grand Prêtre entrait dans le Saint des Saints, c’était déjà une image de Pâques et de l’Ascension, et lorsqu’il en sortait pour asperger le peuple et le bénir, c’était déjà une image de la Pentecôte.
Ce mouvement d’offrande et de bénédiction, c’est exactement ce que nous vivons lors de l’eucharistie où le pain et le vin deviennent le corps et le sang de Jésus qui est d’abord offert au Père, et qui ensuite nous est donné en communion.


Il y a une unité totale entre la communion d’amour que Jésus nous offre, la bénédiction par l’imposition des mains qui fait les évêques, et les sacrements, à commencer par celui de l’eucharistie que nous célébrons aujourd’hui. Tout cela grâce au sacrifice de Jésus sur la croix, par lequel le rideau qui séparait la terre et le ciel a été déchiré et la communion entre les hommes et Dieu, et entre eux, a été rétablie pour toujours. Amen, Alléluia !

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