lundi 11 avril 2016

10 avril 2016 - VELLEXON - 3ème dimanche de Pâques - Année C

Ac 5,27b-32.40b-41 ; Ps 29 ; Ap 5,11-14 ; Jn 21,1-19

Chers frères et sœurs,

La liturgie de ce dimanche nous offre trois textes très différents.
L’Evangile que nous venons de lire nous relate la troisième apparition de Jésus à ses disciples. La première était le soir de Pâques, Saint Thomas n’était pas là ; la seconde, quand il avait dû se rendre à l’évidence, en disant : « Mon Seigneur et mon Dieu ! ».
La première lecture extraite du Livre des Actes des Apôtres raconte comment les disciples de Jésus sont remplis d’assurance pour annoncer la bonne nouvelle de la Résurrection. Ils n’ont absolument plus peur des grands prêtres ni des humiliations que ceux-ci leur font subir. Au contraire, ils sont remplis de joie car la Résurrection de Jésus signifie que la porte du Ciel est ouverte.
Et par cette ouverture, Jean a cette vision de l’Eglise du Ciel, où les saints et les anges entourent le trône de Dieu et participent à sa communion d’amour pour la vie éternelle.

On voit donc très bien comment la Résurrection de Jésus est comme un « électrochoc » qui fait, d’hommes écrasés par la peur des puissants de ce monde, et par la honte d’avoir abandonné Jésus au moment de sa Passion, des hommes nouveaux qui n’ont plus peur de personne et qui sont remplis de force et d’amour pour Dieu.
La vie d’un disciple de Jésus est faite de ces deux dimensions : 1) l’annonce de l’Evangile dans le monde où il vit, et 2) la louange de Dieu à toute heure. Le disciple de Jésus est certain de la Résurrection de son Seigneur, et il sait en rendre compte, et il est un pécheur pardonné qui, du coup, sait que l’amour de Dieu est plus fort que son péché. Cela lui donne un courage extraordinaire.

Regardez ce qu’il en est pour saint Pierre. Il avait voulu accompagner Jésus en sa Passion. Il avait même pu, grâce à saint Jean, entrer dans la maison du Grand Prêtre. Mais là, par trois fois, il avait renié Jésus. Et, après le chant du coq et avoir croisé le regard de Jésus, il avait pleuré amèrement. Pierre, Saint Pierre, comme nous tous, est un homme faible. On ne le voit plus ensuite dans l’Evangile, jusqu’au jour de la Résurrection : il semble se cacher. Il devait être écrasé de honte et de tristesse.
Et voilà qu’aujourd’hui, Jésus s’adresse spécialement à lui : « Simon, fils de Jean, m’aimes-tu vraiment, plus que ceux-ci ? ». « Oui, Seigneur ! Toi tu le sais : je t’aime ». La réponse semble convenir à Jésus, qui lui réplique : « Sois le berger de mes agneaux ». Et Jésus recommence une fois : « Sois le pasteur de mes brebis », et encore une fois : « Sois le berger de mes brebis ».

On peut faire deux commentaires.

Le premier est que, là où Pierre a renié Jésus par trois fois ; par trois fois Jésus lui pardonne et le confirme comme Apôtre.

Le second commentaire est caché dans les verbes utilisés, à l’origine en grec. Jésus emploie le verbe « agapao » : « M’aimes-tu d’un grand amour » ? Mais Pierre répond « phileo » : « Je t’aime bien ». « Agapao » a une intensité beaucoup plus forte que « Phileo ».
Du coup, on peut comprendre pourquoi Jésus repose sa question : « Est-ce que tu m’aimes d’un grand amour ? » (Agapao) ? Et Pierre, de nouveau, répond « Je t’aime bien » (Phileo). Pierre n’est pas capable de dire à Jésus qu’il l’aime d’un grand amour. L’amour avec lequel Dieu aime les hommes est plus grand que l’amour, le petit amour, avec lequel les hommes peuvent aimer Dieu. Alors que va faire Jésus ?
Jésus repose sa question : « Est-ce que tu m’aimes bien ». Cette fois Jésus utilise le même verbe que Pierre : Phileo. Et c’est pourquoi Pierre est peiné. Il sent que Jésus s’est abaissé parce qu’il a reconnu sa faiblesse. Alors Pierre répond : « Seigneur, toi, tu sais tout ; tu sais bien que je t’aime bien… ». Mais Jésus, qui aurait pu réduire la dignité d’Apôtre qu’il voulait donner à Pierre, au contraire la confirme une troisième fois : « Sois le berger de mes brebis ». C’est le titre que Jésus s’était donné à lui-même dans l’Evangile : « Je suis le bon berger ; et mes brebis écoutent ma voix ».

Chers frères et sœurs, Jésus sait très bien que nous sommes faibles et que nous ne pouvons lui donner qu’un petit amour, alors que lui nous aime d’un grand amour : un amour divin. Mais notre petit amour lui suffit pour nous confirmer dans son grand amour à lui et dans notre vocation à devenir des saints. Jésus a juste besoin d’un peu de levain pour faire lever toute la pâte.
Aujourd’hui, pouvons-nous refuser à notre Dieu de lui donner un petit peu de nous-mêmes alors que lui – le premier et gratuitement – il s’est entièrement donné pour nous sur la croix et que, par sa Résurrection, il nous a ouvert le Ciel ?


« Chrétien m’aimes-tu ? » ; « Oui, Seigneur tu sais bien que je t’aime ». « Alors annonce l’Evangile, et rend grâce à Dieu ! ».

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