Pr 8,22-31 ; Ps 8 ; Rm
5,1-5 ; Jn 16,12-15
Chers frères et sœurs,
Imaginez-vous
que vous vous trouvez face à un homme qui se prend pour Dieu. Vous pensez qu’il
est fou, à moins qu’il ne soit vraiment Dieu… ce qui serait vraiment étonnant.
Si cet homme termine lamentablement sa vie comme un condamné pour crime de
lèse-majesté, et si vous lui avez apporté malgré tout un peu de crédit, vous
êtes profondément déçus. C’est ce qui est arrivé aux Apôtres, aux premiers
disciples de Jésus. Et pourtant cet homme leur est apparu ressuscité, vivant.
Alors
si, comme eux, vous êtes mis devant le fait, vous êtes obligés de croire que
cet homme était donc vraiment Dieu. Et même qu’il l’est toujours, puisqu’il est
vivant. Jésus est Dieu et il est vivant.
Or
que nous a appris et montré Jésus ? C’est dans les Evangiles. Il nous a
appris qu’il était le Fils du Père, qui est dans les cieux, et que, après sa
mort et sa résurrection, il nous enverrait l’Esprit Saint. C’est extrêmement
perturbant pour nous qui avons toujours appris qu’il n’y avait qu’un seul Dieu.
Oui,
mais nous, nous ne voyons les choses que de l’extérieur. L’intérieur nous reste
caché. Or si quelqu’un vient de l’intérieur pour nous raconter ce qu’il en est,
alors, par notre foi en lui, nous savons quelque chose de cet intérieur.
Par
notre foi en Jésus, nous savons quel est l’intérieur de Dieu. Cet intérieur est
que Dieu est trois personnes : le Père, le Fils (Jésus), et le Saint
Esprit, dans une seule nature divine.
En
réalité, Dieu a toujours été ainsi, avant même la création du monde. Le Père a
tout créé par son Fils – le Verbe de Dieu, la Parole de Dieu, qui est Jésus –
et lui a donné vie par l’Esprit Saint. A chaque fois que Dieu a agi dans
l’histoire des hommes, c’est toujours à trois, en quelque sorte, et même du
temps de l’Ancien Testament. Mais Jésus n’était pas encore venu et les hommes
n’avaient pas encore reçu l’Esprit Saint pour reconnaître la marque des trois
personnes divines dans les œuvres de Dieu.
Cela
est presque arrivé, pourtant, par moments. Car Dieu, par moments, par l’Esprit
Saint, permet à certains hommes de voir son intérieur. C’est arrivé par exemple
à Moïse, au mont Sinaï, à Elie, à Ezéchiel, à Pierre, Jacques et Jean sur la
montagne de la Transfiguration : eux, ils ont vu que Dieu était Père, Fils
et Saint-Esprit, parce que l’Esprit leur a fait goûter par avance l’intérieur
de Dieu. Mais eux, avant la Pentecôte, ils ne pouvaient pas comprendre.
D’autres
hommes n’ont pas vu, mais l’Esprit Saint, par moments, leur a fait goûter par
la foi – par une certaine forme d’intuition guidée par la foi – son mystère
caché. C’est ainsi qu’a été écrit le livre de la Sagesse, où la Sagesse ici est
la Parole de Dieu, le Verbe de Dieu, Jésus : « Quand les abîmes n’existaient pas encore, je fus enfanté ». « Quand
il établissait les cieux, j’étais là ». Jésus est le Fils du Père
avant que le monde soit, et c’est par lui que le monde a été créé. « Je faisais ses délices jour après jour » :
c’est l’amour qui lie le Père et le Fils, et l’expression de cet amour, c’est
l’Esprit Saint. Depuis toujours et pour toujours, l’intérieur de Dieu est amour
et c’est un amour créateur.
Nous
les chrétiens, par la foi en Jésus, nous connaissons l’intérieur mystérieux de
Dieu. Tous ceux qui n’ont pas cette foi ne voient pas, ne comprennent
pas : ils en restent à l’extérieur et ils ne comprennent pas que la vie de
Dieu est amour créateur et sauveur.
Plus
encore, si nous avons foi en Jésus, nous savons que notre vocation c’est
d’entrer dans ce mystère de Dieu, c’est d’entrer dans l’intérieur de Dieu. La
sainte Trinité, l’amour de Dieu, c’est notre paradis. Par la foi, nous y avons
déjà accès. Par l’eucharistie, nous y communions.