vendredi 17 juin 2016

12 juin 2016 - MEMBREY - 11ème dimanche TO - Année C

2S 12,7-10.13 ; Ps 31 ; Ga 2,16.19-21 ; Lc 7,36 à 8,3

Chers frères et sœurs,

Aujourd’hui trois lectures, trois scandales… et pas des petits : des gros ! Mais Dieu veut nous faire comprendre ce que c’est que d’avoir foi en lui.

Premier scandale : le Roi David, consacré par le prophète Samuel pour régner sur Israël au nom du Seigneur, transgresse d’un seul coup presque la moitié des commandements de la Loi de Moïse donnée par Dieu au Mont Sinaï : Il convoite la femme de son prochain, il tue son prochain et il prend la femme de son prochain… Le scandale et le péché contre le peuple et contre Dieu sont énormes. Ce qui fait dire au prophète Nathan : « Pourquoi donc as-tu méprisé le Seigneur en faisant ce qui est mal à ses yeux ? ». C’est clair : la carrière politique du Roi David est terminée et son salut personnel est engagé.
Mais il se passe quelque chose d’étonnant. Dieu a-t-il puni David en le transformant immédiatement en feu et en souffre ? Non. Dieu a entendu la confession de David : « J’ai péché contre le Seigneur ». David a reconnu la gravité de sa faute. Alors le prophète Nathan a répondu : « Le Seigneur a passé sur ton péché, tu ne mourras pas ». Seulement, puisque David a tué par l’épée, désormais la violence de la guerre sera sa pénitence quotidienne. Si le péché est remis, David en garde malgré tout les stigmates.
Pourquoi Dieu a-t-il fait miséricorde à David ? D’une part parce que si Dieu vomit le péché, il conserve son amour et sa fidélité à l’homme pécheur. A une condition : que l’homme le reconnaisse. Et d’autre part : parce que Dieu a foi en l’homme. Le premier à avoir la foi dans l’autre, ce n’est pas l’homme envers Dieu, c’est Dieu envers l’homme. Dieu a foi en chacun de nous. Cela veut dire qu’il est notre Dieu pour toujours, qu’il est prêt à passer sur nos péchés, même les plus noirs, parce que Dieu nous aime et qu’il est prêt à donner sa vie pour nous. Ce qu’il a déjà fait en Jésus.
Voilà la leçon du premier scandale : la foi est d’abord la foi de Dieu en nous. Et nous, notre foi est, en retour, une reconnaissance de notre état de créature, de petit ou de grand pécheur, et surtout une reconnaissance de la miséricorde de Dieu, toujours offerte. Toujours.

Le second scandale est celui de la lettre de saint Paul aux Galates : « Ce n’est pas en pratiquant la loi de Moïse que l’homme devient juste devant Dieu, mais seulement par la foi en Jésus-Christ ». Saint Etienne s’est fait lapider pour des propos semblables. Et Paul a d’ailleurs été persécuté pour avoir dit cela. Ce que saint Paul dit, en clair, c’est que la relation que nous entretenons avec Dieu n’est pas d’abord une affaire de contrat – donnant-donnant – mais une affaire d’amour, de gratuité, de fidélité et de pardon. Ceux qui, comme les pharisiens, vivent avec la Loi au-dessus de l’Esprit de Dieu, vivent une relation de marchandage avec Dieu : « J’accomplis tes préceptes, alors tu dois me donner ta bénédiction ». « J’obéis à tes ordres, donc je suis juste ». Mais Dieu n’est pas un marchand de tapis, Dieu est amour. On l’a vu avec David : Dieu est capable de passer outre même sa propre Loi, par amour, par gratuité, par fidélité, par pardon. Ce que Dieu nous demande c’est d’être avec lui et avec les autres comme il est avec nous : avoir avec lui et avec les autres des relations de foi. Et c’est Jésus qui nous a dévoilé ce secret de Dieu et nous a appris à le vivre.
Choisissez la vie que vous voulez mener : le donnant-donnant avec Dieu, avec votre conjoint, votre famille, vos relations… vous serez en permanence en train de compter les coups, voire les procès, et vous serez malheureux. Au contraire, ceux qui vivent par la foi, se font peut-être rouler parfois, mais ils sont heureux. Et cela n’a pas de prix.

Dernier scandale, celui de la femme qui vient parfumer les pieds de Jésus. C’est la honte… Une femme, à l’époque de Jésus, cheveux découverts et dénoués, et qui en plus essuie avec… les pieds d’un homme ! C’est totalement indécent ! Et cette femme est une prostituée…. Et en plus Jésus est à table… Et en plus cela se passe chez un pharisien… le scandale est complet !  Mais il y a deux leçons à tirer de cet épisode.
La première c’est qu’on reproche à Jésus de n’avoir pas deviné que cette femme était une pécheresse, et donc qu’il n’est pas un vrai prophète. Or Jésus se retourne vers le pharisien, qui pensait cela dans sa tête, et il lui raconte la parabole des deux débiteurs. En faisant cela, Jésus prouve au pharisien qu’il sait ce qu’il avait pensé dans sa tête, et donc qu’il sait parfaitement qui est cette femme et quel est son péché. Jésus cache son jeu, mais il connait les cœurs et les pensées de chacun. Jésus sait aussi bien et même mieux que nous nos soucis, nos désirs, nos amertumes et nos regrets, nos souffrances et nos joies. Nous n’avons pas de meilleur ami que Jésus. Il a foi en nous, nous pouvons avoir foi en lui.
La seconde leçon est presque plus importante. Dans quel ordre à votre avis les choses se sont-elles passées : la femme a fait repentance et donc Jésus lui a pardonné ses péchés – ce serait du marchandage – ou bien ses péchés lui ont été pardonnés et, en remerciement, la femme a parfumé les pieds de Jésus ? C’est la deuxième réponse, bien sûr. En effet, Jésus a expliqué à Simon le pharisien que c’est celui à qui on a le plus pardonné qui montre ensuite le plus d’amour. Or cette femme a montré beaucoup d’amour à Jésus, ce qui lui fait dire qu’elle avait beaucoup de péchés qui lui ont déjà été pardonnés. Et quand il dit à la femme « Tes péchés sont pardonnés », il ne fait que constater et confirmer ce que Dieu a déjà réalisé pour elle. Les gens ne comprennent rien : ils se demandent pourquoi Jésus a dit cela. Et Jésus ajoute : «  Ta foi t’a sauvée. Va en paix ! » parce que la femme, pour remercier Dieu, est venue honorer Jésus et embrasser ses pieds : elle a ainsi confessé que Jésus était Dieu qui pardonne. C’est pourquoi elle a une grande foi.


Conclusion : notre foi en Dieu, Père, Fils, et Saint Esprit est d’abord une foi de Dieu en nous, puis un amour, une gratuité, une fidélité et un pardon partagés, comme entre des vrais amis, et finalement, elle est un profond merci à l’amour que Dieu nous a donné et nous offre sans cesse. Voilà ce qu’est la profession de foi : c’est un immense merci à notre Dieu. Amen.

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