Is
49,3.5-6 ; Ps 39 ; 1Co 1,1-3 ; Jn 1,29-34
Chers
frères et sœurs,
Les lectures qui nous sont proposées ce
dimanche font référence au baptême de Jésus. Cependant, le 15 janvier est aussi
la fête de l’évêque saint Rémi, celui qui baptisa Clovis à Reims. Et enfin, ce
dimanche est aussi celui qui a été retenu comme 103ème Journée
Mondiale du Migrant et du Réfugié.
Pour commencer, étant donné que la question
des migrants est pour nous sensible, je vais vous lire ce qu’a dit le Pape
François lors de ses vœux aux ambassadeurs accrédités au Vatican il y a une
semaine. Après cela, nous verrons, avec les textes d’aujourd’hui, ce que la
question des migrants doit évoquer pour Israël et pour les chrétiens.
Voici donc ce qu’a dit le Pape
François :
« Un engagement
commun en faveur des migrants, des personnes déplacées et des réfugiés, qui
permette de leur donner un accueil digne, est nécessaire. Ceci implique de
savoir conjuguer le droit « de tout homme […] de se rendre à l’étranger et
de s’y fixer », et en même temps, de garantir la possibilité d’intégrer
les migrants dans les tissus sociaux où ils s’insèrent, sans que ceux-ci
sentent leur sécurité, leur identité culturelle et leurs équilibres
sociopolitiques menacés. D’autre part, les migrants eux-mêmes ne doivent pas
oublier qu’ils ont le devoir de respecter les lois, la culture et les
traditions des pays dans lesquels ils sont accueillis.
Une démarche prudente de la part des
autorités publiques ne comprend pas la mise en œuvre de politiques de fermeture
envers les migrants, mais implique d’évaluer avec sagesse et prévoyance jusqu’à
quel point leur pays est en mesure d’offrir une vie décente aux migrants,
spécialement à ceux qui ont effectivement besoin de protection, sans porter
atteinte au bien commun des citoyens »
Le livre d’Isaïe nous amène à Babylone, où
les rescapés du peuple d’Israël se trouvent exilés après la destruction de
Jérusalem. D’un point de vue humain, il n’y a aucun avenir pour ces exilés,
notamment aucun avenir en tant que peuple libre. Or justement, le Seigneur
s’adresse à Isaïe, son serviteur. Il lui annonce deux choses : la première,
que c’est lui qui relèvera le peuple d’Israël, le rassemblera et le ramènera à
Jérusalem. La seconde est encore plus incroyable : Isaïe deviendra la
lumière des nations. C’est-à-dire que son action, ses paroles, seront non
seulement une espérance et une libération pour le peuple d’Israël, mais aussi
pour tous les peuples, jusqu’au bout du monde. Car, en définitive, la promesse
que Dieu a faite à son peuple Israël est indélébile : elle est pour
toujours. Et non seulement, alors qu’Israël est aujourd’hui un peuple esclave
et en danger de mort, il sera comme ressuscité, mais en plus, il sera le
premier et le modèle de tous les peuples de la terre à aimer et à servir Dieu.
Autrement dit, l’annonce du Seigneur à Isaïe représente une formidable
espérance !
En effet, bientôt, sur ordre du Roi Cyrus, le
petit reste d’Israël exilé à Babylone, sera autorisé à rentrer à Jérusalem et à
reconstruire le Temple pour adorer Dieu. Il redeviendra libre. Et c’est dans ce
peuple que vient Jésus. Justement, comprenons bien ce qu’il se passe. La
promesse de Dieu faite à Isaïe, avec Jésus, prend une dimension universelle.
Qui sont les exilés ? Ce sont tous les hommes qui sont exilés du paradis
et qui vivent sur la terre comme s’ils étaient à Babylone. Et tous, ils
pleurent le temps où ils étaient saints, dans le paradis de Dieu. Or voilà que
Jésus, en se faisant homme, est venu les chercher. En réalité, le véritable
Isaïe qui va relever le peuple, le rassembler et le ramener à la maison, c’est
lui, Jésus. C’est lui le vrai libérateur et la vraie lumière pour tous les
peuples jusqu’au bout du monde et pour tous les temps.
Et comment Jésus s’y prend-il ? Par le
baptême. Jésus se fait baptiser au Jourdain pour nous montrer le chemin à
suivre. Sommes-nous exilés, regrettons-nous Jérusalem ? Revenons avec
Jésus au Paradis par le baptême dans l’eau et dans l’Esprit Saint. Ce chemin
n’est pas un chemin pour après la mort : c’est un chemin pour maintenant.
Un chemin pour les vivants, pour les gens et les peuples d’aujourd’hui, sachant
qu’en chaque sacrement, c’est le ciel qui est déjà maintenant sur la terre.
C’est ce qu’en son temps Clovis a compris. Le
peuple des francs était un peuple païen et barbare, exilé en Gaule, conquérant,
alors que les gaulois étaient majoritairement chrétiens. Grâce à sainte
Clothilde, par l’intercession de Saint Martin, Clovis a fait entrer son peuple
dans la lumière en lui faisant passer la porte du baptême. C’est ainsi que
l’unité spirituelle entre tous les peuples de la Gaule s’est faite, et que la
France est née.
Aujourd’hui, la parole du Seigneur est la
même : la porte de l’unité de tous les peuples de la terre, de la joie, de
la paix et de la lumière, la porte du ciel, est toujours ouverte : elle
s’appelle le baptême.