lundi 2 janvier 2017

1er janvier 2017 - Solennité de Sainte Marie, Mère de Dieu - Année A

Nb 6,22-27 ; Ps 66 ; Ga 4,4-7 ; Lc 2,16-21

Chers frères et sœurs,

Nous savons que saint Luc, par petites touches, nous invite à comparer la grotte de Bethléem avec le tombeau de Jérusalem. Les bergers, comme les apôtres, viennent voir l’événement incroyable qui leur a été annoncé. Après cela, ils vont partout proclamer ce qu’ils ont entendu et vu : ils glorifient Dieu pour lui-même et lui adressent des louanges pour toutes ses œuvres. Glorifier Dieu et le louer pour ses œuvres, proclamer partout dans le monde la bonne nouvelle de ce qui a été prophétisé et de ce qui s’est passé, c’est là la vocation de l’Eglise, notre vocation à tous.
On peut remarquer la grande discrétion de Marie, que souligne saint Luc : elle « retenait tous ces événements et les méditait dans son cœur ». C’est-à-dire qu’elle les gravait dans sa mémoire et les méditait sans cesse. C’est ce que Marie a fait à Bethléem, c’est aussi certainement ce qu’elle a fait à Jérusalem, au moment de la résurrection de Jésus. Là encore, avec l’image des bergers ou des apôtres, saint Luc nous donne une image de l’Eglise et de sa vocation : l’Eglise qui se souvient et médite sans cesse les événements de la vie de Jésus. C’est ce que nous faisons chaque dimanche, mais que nous pourrions ou devrions faire aussi en célébrant chaque jour la prière de l’Eglise : les laudes, la messe, les vêpres, les vigiles…
En réalité, en trois-quatre lignes, avec l’image des bergers et de sainte Marie, saint Luc nous dresse un portrait merveilleux de l’Eglise et de sa vocation dans le monde. Et en même temps de notre vocation de baptisés.

Mais voilà que saint Luc évoque maintenant le huitième jour. Voilà qui est bien étonnant. Pourquoi donc l’évangéliste a-t-il voulu s’arrêter sur la circoncision de Jésus et sur l’attribution de son Nom ?... Alors que d’une part, il n’y avait là rien d’extraordinaire – car c’est le cas pour tous les enfants juifs, selon la Loi de Moïse – et d’autre part, il ne se passe, là non plus, manifestement, rien d’extraordinaire. Lors de la circoncision de Jean-Baptiste, il y avait eu le problème du nom de « Jean » qui n’était pas dans la famille, et à cette occasion Zacharie avait retrouvé la parole. Mais là, pour Jésus, il n’y a aucun problème. Pourquoi donc saint Luc a-t-il voulu parler du huitième jour ?

A première vue, pour montrer que, si Jésus est Fils de Dieu, c’est-à-dire Dieu fait homme, il est aussi réellement homme et tout ce qui s’applique aux hommes s’applique aussi à lui. Ainsi, Marie et Joseph suivaient intégralement la Loi de Moïse pour eux-mêmes et pour l’enfant Jésus, sans aucun passe-droit. Jésus est réellement Dieu et réellement homme. Il est vraiment Emmanuel « Dieu avec nous ».

Mais comme saint Luc a voulu souligner le parallèle qu’il y a entre la grotte de Bethléem et le tombeau de Jérusalem, le huitième jour prend un sens plus profond encore. Il n’y a que saint Jean qui évoque ce qui s’est passé au huitième jour. Souvenez-vous, saint Thomas n’était pas avec les autres apôtres au moment de la première apparition de Jésus au cénacle. Et il avait refusé de croire, jusqu’au huitième jour, où Jésus, apparaissant de nouveau, lui avait montré ses blessures. Alors saint Thomas, confondu, avait proclamé son nom : « Mon Seigneur et mon Dieu ! ».
Il y a un rapport entre Jésus circoncis et Jésus blessé ; entre le nom de « Jésus » donné à l’enfant et les titres « Mon Seigneur et mon Dieu » adressés au ressuscité ; entre Marie, la mère de l’enfant, qui en ce jour selon la Loi de Moïse est purifiée de son enfantement, et l’Eglise qui en ce huitième jour retrouve l’unité de la foi avec la confession de saint Thomas, et la fécondité spirituelle.

Chers frères et sœurs, que cela signifie-t-il pour nous ? Dans les premiers temps de l’Eglise, on procédait au baptême des petits enfants le huitième jour après leur naissance : comme saint Thomas, on proclamait la foi, on recevait la circoncision du cœur, c’est à dire le pardon des péchés, et on recevait un nom nouveau. Et la sainte Mère Eglise s’enrichissait d’un nouvel enfant. En elle, comme Jésus, par lui et en lui, nous devenions des frères d’un même Père, comme dit saint Paul. Plus encore, le huitième jour signifie que l’on est une création nouvelle.
Aujourd’hui, nous ne baptisons plus les enfants huit jours après leur naissance, mais à chaque fois que nous procédons à un baptême, à quelqu’âge que ce soit, nous revenons toujours au mystère du huitième jour. Au huitième jour, par la circoncision et l’application de son nom, Jésus a été reconnu humain et Marie fut bénie ; par le baptême, où nos péchés sont pardonnés et où nous recevons un nom nouveau, nous sommes reconnus divins et l’Eglise proclamée bienheureuse.

Il ne nous reste plus qu’à vivre selon notre vocation : glorifier Dieu et le louer dans ses œuvres, faire mémoire de Jésus et méditer toute sa vie, pour proclamer dans la joie la bonne nouvelle jusqu’au bout du monde et lui porter la paix.

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