Is 52,
7-10 ; Ps 97 ; Hb 1,1-6 ; Jn 1,1-18
Chers frères et sœurs,
Avant d’être une
religion de l’amour ou de la parole, le christianisme est une religion de la
lumière. Les musulmans disent de nous que nous sommes des « gens du
livre », parce qu’ils croient que la Bible pour nous est comme le coran
pour eux. Mais la Bible n’est que le témoignage rendu à la Lumière par des
hommes, inspirés par Dieu certes, mais des hommes tout de même… de la même
manière que Jean-Baptiste n’est pas la lumière, mais il est là pour rendre
témoignage à la Lumière. Jésus est plus important et plus lumineux que les prophéties
et les évangiles qu’on a écrits à propos de lui ou sur lui.
Jésus est la vraie lumière qui est en même
temps lumière et vie. Lumière de Dieu et vie de Dieu, qui s’exprime comme
parole de Dieu et comme amour de Dieu. C’est de cette lumière et de cette vie,
par sa parole et par son amour, que notre monde et chacun de nous sommes venus
à l’existence. Notre raison d’être est dans la lumière et la vie de Dieu ;
nous avons été créés par une parole d’amour. Et toute notre vie – parce que
nous en avons la mémoire consciente ou inconsciente – nous cherchons à
retrouver cette lumière et cette vie de Dieu.
Car en ce monde cette vie-lumière nous est
cachée. Parfois, elle se manifeste aux hommes. Ainsi en a-t-il été pour les
patriarches et les prophètes d’Israël. Et voici comment : à chaque fois
qu’un Ange du Seigneur se présente, il est obligé de dire : « n’aie pas peur », ou « ne crains pas », tellement l’homme
ou la femme est bouleversé par la puissance de lumière et de vie qui se trouve là
devant lui.
Petit à petit, par ces manifestations de l’Ange
du Seigneur, l’homme s’est un peu accoutumé à la lumière de Dieu, et Dieu aussi
s’est accoutumé aux réactions de l’homme.
Vint alors le jour où cette lumière-vie s’est
faite homme, directement, en Jésus. Mais pour que nous ne soyons pas trop
éblouis, la Lumière s’est présentée voilée dans un petit enfant, dans une chair
humaine comme la nôtre. Heureusement que Jésus a voilée la puissance de sa vie
et de sa lumière durant sa vie terrestre, sinon les gens, en auraient été complètement
irradiés !
Mais il y a des moments où Jésus n’a pas
voilé sa lumière : à l’Annonciation, à sa Naissance, lors de la
Transfiguration, à sa Résurrection et lors de son Ascension. A chacun de ces
événements, les évangiles rapportent qu’il y a eu des anges ou des
manifestations directes de la gloire de Dieu. De même, la vie de Dieu a été
perceptible lorsque Jésus a fait des miracles, qu’il a guéri des malades par
exemple, ou bien qu’il a affirmé son autorité de Fils de Dieu.
Nous pourrions dire : mais alors,
pourquoi Jésus ne s’est-il pas complètement dévoilé ? Pourquoi ne
percevons-nous pas toujours sa lumière et sa vie, sa parole et son amour ?
Ce jour est pour bientôt, comme il nous l’a promis. Mais déjà, par le baptême,
Jésus nous a déjà fait entrer dans sa lumière et dans sa vie. Par son Esprit
Saint, il irrigue déjà notre vie par la sienne. Si nous avions la foi grosse
comme un grain de moutarde, nous verrions sa lumière et nous serions dans sa
lumière, comme Pierre, Jacques et Jean à la Transfiguration. C’est ce que
disait sainte Thérèse de Lisieux : « Tout est grâce », parce que
son âme était illuminée par l’Esprit Saint.
Et que fait l’Esprit Saint ? Il fait la
communion des saints, il fait le corps du Christ, il fait l’Eglise. Il la
construit par le baptême, par la confirmation, par l’eucharistie, la
réconciliation, le mariage, l’ordination, l’onction des malades. A chaque
sacrement visible, c’est la vie invisible de Dieu et sa lumière qui nous sont
communiqués. Par l’Eglise Jésus parle et par elle aussi il aime, il exerce la
charité. Si nous avions la foi, si nous étions remplis de l’Esprit Saint, nous
ne manquerions pas de prêtres, les églises seraient pleines pour la messe, il y
aurait des baptêmes tous les dimanches, l’Eglise annoncerait l’Evangile avec
assurance et elle ferait du bien aux pauvres et aux malades : elle serait
rayonnante.
Chers frères et sœurs, vous voyez bien qu’il
n’y a pas plus urgent pour nous, les chrétiens, que d’acquérir l’Esprit Saint.
C’est la lumière et la vie de Dieu dont nous venons, dont nous avons besoin
pour vivre, que nous recherchons du matin au soir. Jésus est venu pour nous
l’apporter, nous le donner.
Je vais vous dire où se trouve l’Esprit Saint
aujourd’hui : il est toujours là quand nous récitons le Notre-Père. Il est
toujours là quand nous célébrons la messe et tous les sacrements. Il est
toujours là où se trouve notre évêque lorsqu’il célèbre l’eucharistie, en
communion avec nous tous. Toujours, à ces moments le Seigneur est présent, avec
nous. Discrètement, mais certainement. Comme un petit bébé dans une crèche. Amen.