Is
11,1-10 ; Ps 71 ; Rm 15,4-9 ; Mt 3,1-2
Chers
frères et sœurs,
Le Règne de Dieu est un univers de paix, où
la violence est remplacée par la communion. On le voit dans la prophétie
d’Isaïe : « La vache et l’ourse
auront la même pâture ; sur le trou de la vipère, l’enfant étendra la
main ». Le Règne de Dieu, c’est le retour au Paradis perdu.
Ce Règne de Dieu se communique, se répand,
par l’Esprit de Dieu, dont parle aussi Isaïe. C’est un Esprit qui pénètre jusqu’au
fond de l’âme et du cœur, et qui juge avec justice. L’Esprit de Dieu est une
eau rafraîchissante pour les justes et un feu pour les méchants.
C’est pour cela que les hommes qui sont un
peu perdus dans leur vie recherchent l’Esprit de Dieu, l’eau vive qui irrigue
le Règne de Dieu. Parce qu’ils recherchent sa justice et sa paix.
Or voilà que Jean-Baptiste, leur propose de
se préparer à recevoir cet Esprit de Dieu. Le baptême dans le Jourdain est
comme une répétition générale avant la vraie rencontre. Le message est
simple : « le Règne de Dieu est totalement incompatible avec une vie
de péché. Plutôt que d’être brûlés par l’Esprit de Dieu, venez vous faire
baptiser dans l’eau : retrouvez un cœur pur et soyez prêts pour la
rencontre avec Dieu, qui vient bientôt inaugurer son Règne ».
Jean-Baptiste ouvre une profonde espérance,
difficile certes pour des pécheurs, mais quand même : l’espérance pour
tous de pouvoir accéder au Règne de Dieu. C’est pourquoi les gens de Jérusalem,
de la région de Judée et de la région du Jourdain affluent vers lui. Matthieu
signale notamment ceux « de la région du Jourdain », parce que ce
sont les gens de Jéricho, symboliquement ceux de la ville du démon. Eux aussi viennent
à Jean pour être baptisés.
Mais Jean-Baptiste s’emporte contre les
pharisiens et les sadducéens, parce qu’ils viennent se faire baptiser
« pour le fun », parce que c’est à la mode. Au fond d’eux-mêmes ils
ne recherchent pas le Règne de Dieu : pour les Pharisiens parce qu’ils
pensent que, de toute façons ils sont déjà sauvés, puisqu’ils ont Abraham pour
père ; et pour les Sadducéens, parce que tout simplement ils n’y croient
pas à ce Règne de Dieu. Ils ne croient pas à la résurrection. Donc, ils
viennent pour le paraître.
Tels ne sont pas les autres qui viennent à
Jean-Baptiste. Il vient même des païens ou des grands pécheurs : « Des pierres que voici, Dieu peut faire
surgir des enfants à Abraham ». C’est un jeu de mot : Pierre en araméen
se dit « Ha-Banim », ce qui veut dire :
« pas-d’enfants ». Ainsi, des « pas-d’enfants », Dieu peut
faire des enfants. Ou bien : des morts, Dieu peut faire des vivants. Ou bien
encore : des pécheurs, Dieu peut faire des saints.
Le baptême de Jean était une répétition
générale avant le vrai baptême qu'est la plongée dans la mort et la
résurrection de Jésus, le vrai baptême qui fait vraiment entrer dans le Règne
de Dieu, par l’Esprit de Dieu. C’est ce baptême que Jésus a demandé à ses
disciples d’annoncer et de pratiquer jusqu’au bout du monde. Nous les
chrétiens, nous sommes porteurs d’un témoignage immense : nous sommes le
panneau indicateur et la porte qui permettent d’accéder au Règne de Dieu et d’en
vivre, dès maintenant. Des « super-Jean-Baptiste », en quelque sorte.
Là où il y a l’Evangile et le Baptême, là il est possible aux gens d’aujourd’hui,
de recevoir un peu de cette eau vive de justice dont ils ont soif, eau qui
vient de la seule vraie source de joie, de paix, et de lumière qu’est le Règne
de Dieu.
Chers frères et sœurs. Nous devons rendre
grâce à Dieu d’avoir reçu l’Evangile et le baptême, qui nous ont déjà fait
entrer dans son Règne, dans sa communion. Nous nous souvenons de nos anciens,
de ceux qui ont souffert pour transmettre l’Evangile dans un monde hostile, à
travers diverses persécutions. Et nous demandons à Dieu l’Esprit Saint pour
être forts à notre tour aujourd’hui.
Nous avons été baptisés, c’est-à-dire que
nous sommes entrés dans l’armée du Seigneur, avec les anges et tous les saints.
Que le Seigneur ne permette pas qu’au jour du combat, nous soyons pris par la
peur ou le découragement. Mais qu’au contraire, nous gardions fièrement la foi,
et portions haut le drapeau de la victoire du Règne de Dieu : la Croix du
Christ ressuscité. Amen.