Is
60,1-6 ; Ps 71 ; Ep 3,2-3a.5-6 ; Mt 2,1-12
Chers
frères et sœurs,
Il y a un an, nous étions ici même pour fêter
l’Epiphanie du Seigneur. Et je vous avais raconté comment l’étoile suivie par
les Mages d’Orient était, en cette année -7, l’alignement de Jupiter et de
Saturne dans la constellation des Poissons, par trois fois : en août, en
octobre et en décembre. Ces astrologues savants, qu’étaient les Mages, s’étaient
renseignés auprès d’Hérode et de sa cour pour en connaître la
signification : l’étoile annonce la naissance d’un chef qui sera le berger
d’Israël, le peuple de Dieu.
Isaïe n’emploie pas le terme Israël, il parle
de Jérusalem, mais c’est la même chose. Jérusalem est le cœur d’Israël.
Extraordinaire prophétie d’Isaïe lorsqu’on a devant les yeux l’arrivée des
Mages à Bethléem : « Elle est
venue ta lumière, et la gloire du Seigneur s’est levée sur toi. Voici que les
ténèbres couvrent la terre, et la nuée obscure couvre les peuples. Mais sur toi
se lève le Seigneur, sur toi sa gloire apparaît. Les nations marcheront vers ta
lumière, et les rois, vers la clarté de ton aurore. Lève les yeux alentour, et
regarde : tous ils se rassemblent, ils viennent vers toi ; tes fils
reviennent de loin, et tes filles sont portées sur la hanche ». Pour
Marie, qui auprès de Jésus méditait toutes ces choses en son cœur, la prophétie
d’Isaïe devait être source d’une joie indescriptible, à en pleurer.
Chers frères et sœurs, remettons-nous dans le
contexte de l’époque. Marie et Joseph étaient les humbles descendants du clan
de David. Ils ne représentaient plus rien en termes de pouvoir ou de fortune.
Leur seule richesse était l’héritage de leurs pères : les promesses faites
par Dieu à David, les Ecritures de la Loi et des prophètes, qui en conservaient
la mémoire. Leur seule richesse était le Seigneur, et ils n’en n’avaient pas
d’autre. Et voilà qu’en ces jours, où dominaient Hérode et sa clique, Dieu a
réalisé sa promesse. L’arrivée des Mages a confirmé la prophétie d’Isaïe. La
lumière s’est levée.
C’est une leçon pour nous aujourd’hui, Eglise
du Seigneur. Comme Marie et Joseph étaient descendants de David, nous sommes
les descendants des Apôtres. Nous ne représentons plus rien en termes de
pouvoir ou de fortune. Notre seule richesse est l’héritage de nos pères dans la
foi : les promesses faites par Jésus à ses disciples, la tradition écrite
et non écrite de l’Eglise, les Ecritures et la liturgie, la mémoire des saints.
Notre seule richesse est la présence et l’amour du Seigneur, et nous n’en avons
pas d’autre. Et nous voyons, qu’en ces jours où dominent l’invisible prince des
ténèbres et sa clique, formée des puissances politiques et économiques de ce
monde, promoteurs de la culture de mort et fauteurs de guerres, dans ces
ténèbres, nous est donnée aujourd’hui même, dans la petite étable de notre
église de Neuvelle, la naissance de Jésus sur les linges de cet autel. A lui,
nous offrons la beauté de l’or de nos calices, le parfum d’encens de nos
prières et la douce myrrhe de notre cœur.
Chers frères et sœurs, nous sommes proches de
la crèche. Et la lumière du Seigneur de l’univers nous est donnée. Avec lui
plus de ténèbres. Avec lui plus de peur ni de honte. Avec lui plus de
tristesse. Nous sommes les chrétiens, qui portons un trésor inestimable dans
des vases d’argiles. Nous sommes les lampes fragiles qui portent la lumière du
monde. Nous devrions sourire de nous-mêmes et rendre grâce à Dieu. Oui, parce
que nous sommes petits mais fidèles, nous sommes beaux. Nous devrions méditer
cela dans nos cœurs. Que cette lumière de l’Epiphanie nous réconforte et soit
pour nous source d’une profonde joie !