Is
58,7-10 ; Ps 111 ; 1Co 2,1-5 ; Mt 5,13-16
Chers
frères et sœurs,
Dimanche dernier, Jésus nous avait invités à
monter sur la Montagne pour écouter sa parole. Il nous avait enseigné la Loi
nouvelle des Béatitudes, qui est en même temps une description de son visage.
Aujourd’hui, nous sommes toujours avec lui sur
la Montagne et Jésus continue de nous enseigner les belles vérités du Royaume
des cieux. Et cette fois-ci, il parle de nous.
D’abord, il nous compare à du sel :
« Vous êtes le sel de la terre ».
Tel que le texte se donne à entendre, nous comprenons que les chrétiens donnent
du goût à la vie du monde, et que si jamais nous cessions de vivre en chrétiens,
d’être chrétiens, nous serions méprisés.
Cela signifie que les gens – surtout ceux qui
ne sont pas chrétiens – attendent de nous que nous soyons dignes de notre
baptême. Nous représentons une telle espérance pour les gens, que toute
trahison de notre part, devient pour eux une terrible désillusion, et ils nous
rejettent avec d’autant plus de violence.
Mais ce n’est pas exactement ce que dit Saint
Mathieu. Si je traduis mot à mot sa pensée, cela donne ceci : « Vous êtes le sel de la terre. Mais si le sel
devient fou, avec quoi le saler ? Il n’est plus assez fort pour rien,
sinon à être jeté dehors et piétiné par les hommes ».
Qu’est-ce que ce sel qui « devient fou » ?
Saint Mathieu prend l’image du sel pour parler de la sagesse. Ainsi, il faut
comprendre : « Vous êtes la sagesse de la terre. Mais si la
sagesse devient folle, comment la rendre sage ? Elle n’est plus assez
forte pour guider, sinon à être rejetée et méprisée par les hommes ». Autrement
dit, si nous ne sommes pas forts dans la foi, fermement orientés vers le visage
de Jésus, mais au contraire flottants, indécis, ou peureux, alors, la foi ne
peut plus nous guider ; les hommes, surtout les non-croyants, ne peuvent
plus s’appuyer sur nous, et ayant perdu notre caractère de pierre de fondation
de la société, nous sommes rejetés par elle comme inutiles.
Ainsi donc, « Vous êtes le sel de la terre » signifie que, par notre foi,
non seulement nous donnons un goût à la vie dans notre monde, mais surtout que
nous en sommes la pierre de fondation. Et si nous nous montrons faibles, alors
nous sommes évidemment rejetés ; les gens, comme les oiseaux, chercheront
d’autres branches sur lesquelles ils pourront venir se reposer.
La suite de l’évangile va dans ce sens. Jésus
parle d’une lampe qu’il faut mettre sur le lampadaire pour qu’elle illumine
tous ceux qui sont dans la maison. Comme nous sommes des catholiques occidentaux
du XXIème siècle, nous ne comprenons pas... Mais un Juif, lui, il comprend tout
de suite !
La lampe, en hébreu, a la même racine que le
mot qui signifie « soleil levant ». Le lampadaire qui illumine dans
la maison, c’est le chandelier à sept branches qui illumine le Temple de
Jérusalem. Ainsi, Jésus parle de la lumière du soleil levant qui est celle du
chandelier qui illumine le Temple.
Or la lumière du soleil levant est celle de
sa résurrection : c’est la lumière sainte de la vie de Dieu qui illumine le
Royaume des cieux. C’est pour cela qu’on ne peut pas la mettre sous le
boisseau, c’est-à-dire qu’on ne peut pas la mesurer : c’est une lumière
éclatante, qui est plus forte que les ténèbres de la mort : elle déchire
l’univers et le recrée éternellement. C’est la lumière de la création.
« On
n’allume pas une lampe pour la mettre sous le boisseau ; on la met sur le
lampadaire, et elle brille pour tous ceux qui sont dans la maison ». C’est-à-dire,
pour un chrétien « La lumière divine de la création et de la vie n’est pas
mesurable ; Dieu la dévoile en Jésus ressuscité, le Soleil levant, pour
tous ceux qui sont dans le royaume des cieux, dans l’Eglise, pour tous ceux qui
croient en lui ».
Ce à quoi Jésus ajoute : « De même, que votre lumière brille devant les
hommes : alors voyant ce que vous faites de bien, ils rendront gloire à
votre Père qui est aux cieux ».
C’est-à-dire : que cette même lumière de
Dieu qui nous habite depuis notre baptême, brille devant les hommes par notre
foi, notre sagesse et notre bonté. Alors, les hommes, voyant le bien qui
rayonne de nous, seront comme fascinés, et rendront gloire à Dieu.
A nous de choisir : soit d’être comme du
sel fou, sans détermination et sans saveur, pierre inutile sur laquelle
personne ne peut bâtir sa maison, et donc destinée à être rejetée ; ou
bien d’être comme le lampadaire, portant la lumière de la résurrection de
Jésus, rayonnant déjà dans ce monde la vie de Dieu et son amour, celui que tous
les hommes espèrent et attendent.
Seigneur, nous croyons, mais augmente en nous
la foi !