Jr 33,
14-16 ; Ps 24 ; 1Th 3,12-4,2 ; Lc 21,25-28.34-36
Chers frères et sœurs,
Elles sont terribles les paroles de Jésus. Mais si nous voulons
bien les comprendre il faut les replacer dans leur contexte et dans le plan de
Dieu pour nous.
Le contexte, d’abord : Jésus était arrivé à Jérusalem, assis
sur un ânon, acclamé par les gens qui l’accueillaient avec des branches de
palmier, et il était entré dans le Temple où, après en avoir chassé les
marchands, il s’était mis à enseigner avec autorité. Et c’est là qu’il a
prononcé les paroles que nous avons entendues. Plus tard, Jésus s’est retiré
pour manger la Pâque avec ses disciples, avant de rejoindre le Mont des
Oliviers où a débuté sa Passion. Les paroles de Jésus que nous avons entendues
ont donc été prononcées entre les Rameaux et le Jeudi Saint.
Si nous avions lu le début de l’Évangile – qui ne nous est pas
donné ici – nous saurions que Jésus ne parle pas de la fin du monde, mais, de
manière imagée, de la destruction de Jérusalem. Mais surtout, il parle de
Jérusalem comme de lui-même, comme de son propre corps, qui va être détruit. En
réalité, il parle de sa propre mise à mort : sa Passion, sa crucifixion,
sa mort, mais aussi sa résurrection. Alors que les puissances de mort vont se
déchaîner contre lui, il appelle ses disciples à ne pas avoir peur mais à
redresser la tête, à ne pas se laisser aller au découragement mais à veiller et
à prier sans cesse. Il les appelle à la dignité, pour recevoir de son Père la
force d’échapper à la persécution qui vient, et se préparer l’accueillir, lui
Jésus, au jour de sa résurrection.
Souvenez-vous des disciples qui s’endorment au jardin des Oliviers
et qui n’ont pas la force de veiller : ils vont bientôt s’enfuir lâchement
devant la garde des Grands Prêtres ; mais souvenez-vous aussi de la Vierge
Marie, qui reste debout au pied de la croix, avec saint Jean et les saintes
femmes. Ce sont eux qui, les premiers, bénéficieront des apparitions et de la
foi en Jésus ressuscité.
Ainsi donc, face à la persécution dont Jésus fait l’objet, pour
tenir dignement, debout au pied de la croix, pour être trouvé fidèle, il faut
choisir la veille et la prière, et non pas s’abandonner à des addictions de
toutes sortes, qui font dormir et se comporter faiblement.
Car, croyez-vous que – puisque la Passion de Jésus a déjà eu lieu –
ces paroles ne sont plus d’actualité ? Pas du tout ! Car le corps de
Jésus, c’est son Église : ce sont les chrétiens d’aujourd’hui, de
maintenant. Ainsi donc, face aux persécutions dont nous pouvons faire l’objet
directement ou indirectement, publiquement ou insidieusement, nous sommes
appelés à être dignes, à veiller et à prier, dans l’attente de la paix, de la
joie et de la lumière de Jésus.
Cependant, il faut aussi comprendre les paroles de Jésus dans le
plan de Dieu.
Nous sommes le corps de Jésus : depuis notre baptême, nous
sommes unis à lui : nous avons le même Esprit-Saint qui coule dans nos
veines, dans notre cœur. Ainsi, ce qui est arrivé à Jésus, arrive aussi à son
Église. Nous ne sommes pas plus grands que notre maître. « Pouvez-vous
boire le calice que je vais boire ? » avait dit Jésus à Jacques
et Jean, dont la maman voulait qu’ils siègent « l’un à sa droite et
l’autre à sa gauche, dans sa gloire » ? Nous sommes les frères et
les sœurs de Jésus : nous sommes de sa famille. Et nous serons persécutés
pour cela, si nous lui sommes fidèles en toutes choses.
Mais – et c’est là que les paroles de Jésus sont importantes – il
ne faut jamais perdre de vue l’objectif : Dieu notre Père a la ferme volonté
que, à la fin, nous nous trouvions « debout devant le Fils de l’Homme ».
Rendez-vous compte de ce que cela veut dire ! Lorsque Jésus ressuscité se
présentera devant nous dans sa Gloire, nous nous tiendrons debout face à lui.
Non pas prosternés comme des esclaves devant sa divinité, mais en égale dignité
avec lui. Parce que nous serons revêtus de la divinité de Jésus, de son Esprit
saint, comme d’un manteau de roi. Nous ne serons pas des esclaves, mais des enfants
du même Père, frères et sœurs de Jésus. Et déjà nous le sommes : cela ne
nous viendrait même pas à l’idée de réciter le Notre-Père à genoux, n’est-ce
pas ? Nous le disons toujours debout. Parce qu’un baptisé, c’est déjà un
frère ou une sœur de Jésus, maintenant.
Alors chers frères et sœurs, à l’heure où les moqueries et les
violences tombent sur les chrétiens, ne faiblissons pas : veillons et
prions. Menons le bon combat comme de bons soldats. Gardons le regard fixé sur
le don qui nous a été fait à notre baptême et dont la réalisation nous est
promise : la Gloire de Dieu, son amour, sa lumière et sa paix, aujourd’hui
et pour l’éternité. Amen.