Is
52,7-10 ; Ps 97 ; Hb 1,1-6 ; Jn 1,1-18
Chers frères et sœurs,
Il y a, à la chapelle de Leffond, un double vitrail. La partie de
gauche illustre l’Annonciation de l’ange Gabriel à Marie, où, par l’Esprit
Saint le Fils de Dieu est conçu dans ses entrailles. Ici le Verbe de Dieu se
fait chair. Inversement, la partie droite du vitrail représente l’Assomption de
Marie au ciel, entourée de deux anges qui sont à ses pieds. Et là, le corps de
la Vierge Marie, celui-là même qui a porté le Seigneur Jésus, est glorifié
comme lui, et est élevé au-dessus des anges.
Il faut comprendre que les deux vitraux se renvoient l’un à l’autre
comme en miroir.
Hé bien les lectures que nous avons entendues fonctionnent
exactement de la même manière.
Dans la première, le prophète Isaïe nous parle d’un messager qui
revient vers Jérusalem en ruine, et qui lui annonce le retour de son Seigneur
victorieux. Il s’agit du retour du Seigneur Jésus ressuscité, à la fin des
temps. Dans la Lettre aux Hébreux, on nous explique qu’après avoir
accompli la purification des péchés, par sa mort sur la croix, le Seigneur
Jésus s’est assis à la droite de Dieu. Il s’agit là aussi évidemment d’événements
qui concernent le temps de la résurrection.
Et c’est ainsi que la fête de Noël, où Dieu est enfanté dans le
monde, est comme la partie gauche du vitrail, tandis que les textes que nous
avons lus, où le monde est sauvé par son Seigneur victorieux, en forment la
partie droite.
Comprenons que si le Verbe de Dieu, Jésus, est né dans le monde,
c’est pour que le monde soit sauvé et renaisse dans le royaume de Dieu. Telle
est la mission de Jésus : venir dans notre monde, pour nous sauver, et que
nous soyons glorifiés, exactement comme il est venu dans la Vierge Marie et
qu’à la fin, il l’a élevée et couronnée au ciel.
Ce jeu du double vitrail est aussi un des secrets de l’Évangile de
Jean. L’évangéliste nous enseigne ceci : « Dieu, personne ne l’a
jamais vu ; le Fils unique, lui qui est Dieu, lui qui est dans le sein du
Père, c’est lui qui l’a fait connaître ».
Saint Jean explique que Dieu est d’abord un être mystérieux :
« personne ne l’a jamais vu ». Il parle et agit dans le monde,
mais il reste invisible. « Nul ne peut voir Dieu sans mourir »
disaient les patriarches et les prophètes. Et c’est la raison pour laquelle ils
se prosternaient devant les anges. Il faudra attendre Jésus pour apprendre que
celui qui parle et agit en Dieu, c’est le Verbe de Dieu, c’est Jésus lui-même
avant qu’il ne se fasse homme. Jésus est donc caché en Dieu. Invisible. Mais il
est là.
Or voilà, dit saint Jean, que ce Verbe de Dieu s’est fait homme. Il
se rend visible : les Évangiles racontent ses actes et ses paroles. On
peut le voir, on peut l’entendre, on peut le toucher. C’est Jésus. C’est lui. Et
il nous fait savoir qu’il est le Fils de Dieu, qu’il reçoit sa vie et sa
mission de son Père, et qu’il est animé par son Esprit Saint. C’est la partie
gauche du vitrail : la descente de Dieu parmi les hommes.
Et du coup, comme dit saint Jean, ce qui était invisible en Dieu,
Jésus nous l’a fait « connaître ». C’est-à-dire non pas
seulement « voir ou comprendre Dieu », mais « participer »,
« entrer en communion » avec Lui, en Lui. Celui qui était invisible
et incompréhensible, s’est rendu visible et compréhensible en Jésus pour que
nous qui étions à l’extérieur de Dieu, nous entrions en communion avec lui. Et
c’est la partie droite du vitrail qui correspond à l’élévation de l’homme en
Dieu.
Tel était le mystère de Dieu tenu caché jusqu’à ce qu’il soit
révélé par Jésus.
Chers frères et sœurs, quand nous voulons comprendre les mystères
de Noël, il faut aller voir ce qui leur correspond à Pâques, et quand nous
voulons comprendre les mystères de Pâques, il faut se reporter à ceux de Noël.
Vous verrez, si vous utilisez souvent cette méthode, vos yeux
s’ouvriront, votre cœur se réjouira, votre foi se dilatera, votre espérance
sera forte, votre bouche chantera les louanges de Dieu et vous deviendrez
lumière pour tous les hommes.
Et si vous avez peur d’oublier cet enseignement, venez voir le
double vitrail à la chapelle : c’est un bon endroit !