Ba 5,1-9 ;
Ps 125 ; Ph 1,4-6.8-11 ; Lc 3,1-6
Chers frères et sœurs,
Je voudrais simplement retenir deux choses de l’Évangile
d’aujourd’hui.
La première est liée à l’utilisation du mot « désert ». Ce
mot est cité deux fois. La première fois, quand saint Luc explique que « la Parole
de Dieu fut adressée dans le désert à Jean, le fils de Zacharie », et
la seconde fois quand il cite la prophétie d’Isaïe : « Voix de
celui qui crie dans le désert : préparez les chemins du Seigneur, rendez
droits ses sentiers ».
Ce que nous comprenons quand nous employons le mot
« désert », se dit en grec « eremo » – terme qui a
donné « ermite » en français – et en araméen « madbra ».
Mais dans la version araméenne de l’Évangile, ce n’est pas ce mot qui est
employé mais « hourba » – qui a donné « Horeb »,
comme le Mont Horeb – et qui veux dire « ruine », « zone
dévastée », « inhabitée », « chaotique ».
C’est donc, alors que Jean-Baptiste s’est retiré comme un ermite,
non pas dans un désert comme le Sahara, mais plutôt au milieu d’une ruine,
quand il s’est installé dans un lieu dévasté, abandonné ; c’est là que le
Seigneur lui a adressé la Parole. La Parole de Dieu surgit comme une lumière
dans la nuit, comme quelque chose de solide au milieu d’un chaos. Et c’est à
partir de cette Parole et de la voix qui va la proclamer, que le Seigneur va
pouvoir tracer des chemins, des sentiers droits pour que son peuple aille de
l’avant et vive.
Mais qu’annonce-t-elle cette voix ? (C’est mon deuxième
point). Que « tout ravin sera comblé, toute montagne et toute colline
seront abaissées » : « ainsi la terre sera aplanie… »
disait déjà le prophète Baruc, « …afin qu’Israël chemine en sécurité
dans la gloire de Dieu ».
Chers frères et sœurs, la Parole de Dieu qui est annoncée par
Jean-Baptiste, cet ermite qui vivait au milieu des ruines, au milieu d’un monde
dévasté, est la Parole qui aplanit le chemin, qui trace le chemin pour aller
jusqu’à la Gloire de Dieu. Cette Parole, a un nom et un
visage : c’est Jésus. Jésus lui-même.
Lorsqu’on se trouve au bout de la nuit et qu’on ne sait plus ce
qu’il faut faire, c’est une grâce qui vient de l’Esprit Saint que de pouvoir se
souvenir de Jésus et de se dire qu’il va nous sortir de là et nous conduire à
la lumière, à la paix, et aussi à la joie.
N’est-ce pas chers frères et sœurs que nous avons besoin d’entendre
cette Parole-là aujourd’hui ? La Sainte Vierge Marie est celle qui, la
première, l’a entendue de tout son cœur. Elle a répondu à l’Archange
Gabriel : « Voici la servante du Seigneur, qu’il me soit fait selon ta
parole ». Puis, comme femme, elle a eu la grâce de pouvoir la mettre au
monde, dans un désert : dans une grotte et dans la nuit. Et la lumière
s’est levée, et elle a illuminé notre monde. Jésus est la Parole de Dieu qui est
la vie et qui fait fleurir tous nos déserts. Amen.