Mi
5,1-4a ; Ps 79 ; Hb 10,5-10 ; Lc 1,39-45
Chers frères et sœurs,
Dimanche dernier et dimanche précédent, l’Église attirait notre
attention sur la figure de Jean-Baptiste, celui qui écoutait et proclamait la
Parole de Dieu dans les ruines, et qui appelait les hommes à se préparer pour
la venue du Seigneur.
Aujourd’hui, nous nous tournons vers la Vierge Marie et sa cousine
Elisabeth. Nous revenons à l’histoire de la famille charnelle de Jésus et au
plan de Dieu pour sauver l’humanité.
Nous savons depuis les temps anciens, que l’homme est un être
tiraillé entre son aspiration au vrai, au beau et au bien, sa nostalgie de
l’amour de Dieu et de sa gloire, d’un côté, et de l’autre sa faiblesse devant
les multiples tentations et sa capacité à faire du mal, à se laisser entraîner
par le mal. Cet état de nostalgie de Dieu et de faiblesse, d’espérance et de
déchéance, c’est celui du peuple d’Israël, c’est le nôtre : nous sommes
charnels.
Mais, par ses prophètes, Dieu annonce la venue d’un sauveur :
il y aura un jour, à Bethléem, où une jeune femme enfantera un bon berger, qui
sera la paix pour le monde. C’est-à-dire qu’il y aura une fin au désordre et à
la souffrance.
En même temps, Dieu demande à Israël de lui offrir des sacrifices d’animaux,
au Temple, pour lui demander le pardon de ses péchés. Il est important de
souligner que Dieu nous enseigne ainsi que le pardon est possible et qu’il
passe par l’offrande d’une vie.
Précisons tout de suite que jamais le Seigneur n’a demandé de lui sacrifier
une vie humaine. Souvenez-vous : par son ange, il a arrêté le bras
d’Abraham qui pensait devoir lui sacrifier son fils Isaac. Au contraire, ce
sont des hommes possédés par des démons qui se perdent à pratiquer des
sacrifices humains.
Dieu a donc enseigné à Israël que le pardon était possible et qu’il
passait par l’offrande d’une vie, mais sans sacrifice humain. Il voulait nous apprendre
par là que le bon berger de paix serait aussi celui qui donne sa vie pour ses
brebis : par la Vierge Marie, Dieu a fait à son Fils un corps, afin que
par l’offrande de ce corps – par amour – ce Fils obtienne à tous les hommes le
pardon et la vie de Dieu.
C’est la raison pour laquelle, dans le plan de Dieu, il fallait que
son Fils naisse dans un corps, à un endroit précis sur la terre – Bethléem – et
à un moment précis dans le temps – le jour « où enfantera celle qui
doit enfanter », la Vierge Marie. Il fallait que cette naissance soit
concrète, réelle, charnelle, pour que nous qui sommes charnels puissions être
guéris et sauvés par lui.
Accomplissant parfaitement tous les sacrifices du Temple, Jésus a
offert son corps à son Père, par amour pour lui et pour nous, sur la croix. Et
de ce corps charnel, le Père en a fait un corps de résurrection, un corps
d’amour infini, un corps de vie éternelle. On comprend le tressaillement de
Jean-Baptiste et l’exclamation d’Elisabeth devant la Vierge Marie enceinte :
« Tu es bénie entre toutes les femmes, et le fruit de tes entrailles
est béni ». En effet, par l’Esprit Saint, ce n’est pas seulement le
corps humain de Jésus qu’Elisabeth et Jean-Baptiste pressentent en Marie, mais
déjà son corps de résurrection, qui est la vraie libération des souffrances et
du péché, et qui est la vraie vie des hommes, à laquelle nous aspirons tous
depuis toujours.
Chers frères et sœurs, n’oublions pas que nous sommes
charnels : c’est notre corps que nous baptisons pour faire partie de
l’Église, le corps du Christ ; c’est le corps de Jésus que nous mangeons
avec notre corps lorsque nous communions à lui pour vivre de sa vie. Demain,
dans la fête de la naissance de Jésus, nous fêterons en même temps la noblesse
de notre corps humain, digne d’être habité par Dieu, sa grandeur, puisque c’est
par lui que le Seigneur nous a réconcilié et nous a ouvert à nouveau le chemin
du ciel, et sa beauté, puisque grâce à l’Esprit Saint, notre corps deviendra un
corps glorieux, comme celui de Jésus ressuscité.
Comprenons bien que Jésus est né sur la terre pour que grâce à lui,
nous puissions renaître au ciel. Amen.