Is
35, 1-6a.10 ; Ps 145 ; Jc 5, 7-10 ; Mt 11, 2-11
Chers
frères et sœurs,
Pouvons-nous
mettre notre foi en Jésus ? Telle est la question que les habitants de
Galilée et de Judée devaient se poser autrefois ; telle est la question
qui se pose à tous les hommes en tous lieux et en tous temps, depuis l’annonce
de la Bonne Nouvelle à la Pentecôte. Sur quels appuis solides pouvons-nous nous
appuyer pour pouvoir y répondre et confesser notre foi : « Je crois
en toi, Seigneur ! » ?
Jean-Baptiste
a envoyé ses disciples poser cette question à Jésus, mais avec une condition
particulière, qui permet à Jésus d’authentifier sa réponse : « Es-tu
celui qui doit venir, ou devons-nous en attendre un autre ? »
Traduisons : « Es-tu bien le Messie de Dieu ? », la
question que tous se posent. Mais il l’exprime en disant : « Es-tu
celui qui doit venir ? » Car le Messie de Dieu a déjà été annoncé
par les prophètes. Et il n’est vraiment le Messie de Dieu que si et seulement
si il correspond aux prophéties le concernant. Le premier critère
d’authenticité du Messie de Dieu est les prophéties de l’Ancien Testament.
Voilà le premier appui solide sur lequel nous pouvons et nous devons nous
appuyer pour pouvoir confesser notre foi : notre foi chrétienne s’enracine
dans la foi des prophètes d’Israël.
Jésus
a compris la question 5 sur 5 ; il répond : « Les aveugles
retrouvent la vue, et les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés, et les
sourds entendent, les morts ressuscitent, et les pauvres reçoivent la Bonne
Nouvelle. » Ces affirmations répondent directement à diverses annonces
du prophète Isaïe – nous en avons entendu une en première lecture. Il est
capital d’observer que Jésus ne renvoie pas la question à des paroles mais à
des actes : les prophéties, pour être validées authentiquement, doivent
correspondre à la réalité des faits. Ce qui répond aux prophéties, c’est le
témoignage de la réalité de la vie de Jésus, de sa prédication et de ses actes,
de sa mort et de sa résurrection, et de l’envoi du Saint-Esprit. Par
conséquent, le second appui solide sur lequel nous pouvons et nous devons nous
appuyer pour pouvoir confesser notre foi en Jésus, c’est le témoignage des
Apôtres : l’Évangile, et son résumé, le Credo. Notre foi chrétienne
s’enracine dans le témoignage des Apôtres, lequel répond directement à celui
des prophètes.
Ainsi
le visage de Jésus que nous sommes appelés à contempler, « la gloire du
Seigneur, la splendeur de notre Dieu » comme dit Isaïe, est celui qui
nous est annoncé par les prophètes et décrit par les Apôtres. Et c’est tout.
Par l’action de l’Esprit Saint, nous sommes amenés chacun selon des modes
différents et à des degrés divers à voir dans nos cœurs ou à travers notre
prochain le visage du Seigneur. Mais jamais ce visage ne peut être différent de
celui qui nous est dessiné par les prophètes et les Apôtres. Si quelque chose
ne correspond pas, alors, nous avons encore un peu de chemin à parcourir dans
la connaissance de la Parole de Dieu et de sa mise en pratique.
En
envoyant à Jésus ses disciples – et avec eux les foules qui venaient se faire
baptiser au Jourdain – Jean-Baptiste, désigne donc encore une foi Jésus comme
« celui qui doit venir », comme « Messie de
Dieu » : il accomplit totalement sa vocation prophétique. Tout
prophète authentique, habité par l’Esprit de Dieu, ne parle et agit que pour
annoncer le Christ, et lui seul.
Mais
en retour, Jésus aussi authentifie Jean-Baptiste, et à travers lui tous les
prophètes qui l’ont précédé. Non seulement en montrant que les prophéties se
réalisent – ce qui est un fait – mais aussi en révélant leur identité
profonde : Jean, comme tous les prophètes, est habité comme Élie par
l’Esprit de Dieu.
Jean est-il un roseau agité par le vent – on dirait
aujourd’hui une girouette ? Non, Jean était connu pour son intransigeance
doctrinale et morale jusque devant les rois. Il le payera de sa vie.
Jean était-il
un homme habillé de manière raffinée ? La question sous-entendrait que
Jean ait pu être corrompu, servile, parvenu, ou sensible aux facilités
humaines. Non, Jean ne vivait pas dans la compromission : il était
tout entier, âme et corps donné à l’action de l’Esprit Saint en lui : il
était un authentique serviteur de Dieu : il était un vrai prophète.
Jean
était-il un prophète, insiste Jésus ? Oui – confirme-t-il, « et
bien plus qu’un prophète ». En effet, Jean est appelé « messager »,
il est élevé à un rang angélique, qui est aussi ici un rôle de prêtre :
« J’envoie mon messager en avant de toi » ; pour
« préparer le chemin devant toi », c’est-à-dire restaurer,
rétablir, accomplir l’obéissance à la Loi : l’amour exclusif de Dieu et du
prochain comme soi-même, et présenter cet amour en sacrifice. Souvenez-vous :
« Il faut qu’il grandisse et que je diminue. » Jean est en
même temps et tout à la fois, prophète, ange et prêtre.
Jésus
souligne la grandeur de Jean le Baptiste : « Parmi ceux qui sont
nés d’une femme, personne ne s’est levé de plus grand que lui ».
Et pourtant, Jésus ajoute : « le plus petit dans le royaume des Cieux est plus grand que
lui. » Et qui est ce « plus petit » ? C’est
chacun de nous, qui est baptisé au Nom du Père, et du Fils et du Saint-Esprit,
qui a été élevé au rang de prêtre, prophète et roi, devenu enfant et ami de
Dieu. Comment ne mettrions-nous pas notre foi en celui qui a tant fait pour
nous, hier, aujourd’hui et demain ? Amen.