dimanche 27 juillet 2025

27 juillet 2025 - GRANDECOURT - 17ème dimanche TO - Année C

Gn 18, 20-32 ; Ps 137 ; Col 2, 12-14 ; Lc 11, 1-13
 
Chers frères et sœurs,
 
En voyant Jésus prier dans « un certain lieu », c’est-à-dire dans le Temple, un de ses disciples fut pris du désir de l’imiter et lui demande de lui apprendre à prier. Comme pour s’excuser d’avoir eu ce désir et d’avoir exprimé cette demande, il se cache derrière le fait que Jean-Baptiste a déjà donné un tel enseignement à ses propres disciples. On s’aperçoit ici que l’homme ne sait pas prier comme il faut : il a besoin qu’on lui apprenne ; cependant, il est capable de sentir intérieurement ce qu’est une vraie prière et même désirer la pratiquer. Au fond de lui-même, la prière existe déjà, mais elle est comme une rivière souterraine : elle lui demeure cachée, tant qu’il n’arrive pas à l’extérioriser.
Étonnamment, l’homme ressent un sentiment de honte à exprimer ce désir profond de prier : il n’ose pas demander, il n’ose pas parler, il n’ose pas faire. Sans doute parce que la prière est très intime : elle vient du cœur ; elle touche à l’essentiel de nos vies. C’est pourquoi Jésus désarme les préventions de ses disciples, et il leur dit : « Demandez, on vous donnera ; cherchez, vous trouverez ; frappez, on vous ouvrira. » Il ne doit pas y avoir de honte à désirer prier, à vouloir prier, à prier tout court, en paroles et en gestes. Jésus énumère trois verbes : « demandez », « cherchez » et « frappez » : la prière se fait en paroles, par le désir intime, et par des actes. Et à chaque fois, c’est pour nous autant d’obstacles intérieurs à surmonter ; ou comme des accouchements à accomplir – mais en vue d’une libération et d’une joie. Il y a de la joie à prier.
 
Lorsque Jésus donne sa leçon de prière, il enseigne le « Notre-Père ». Rien que dans ces deux premiers mots, il y a deux vérités sur la prière. La première est que l’on ne dit pas « Mon Père, qui est aux cieux… etc. » La prière est dite au nom de tous : toute la communauté des disciples et plus largement toute l’humanité. « Donne-nous… » La prière est dite au nom de tous et pour tous. On ne dit pas « Mon Père,… donne-moi… » Abraham priait déjà ainsi, puis qu’il priait le Seigneur non pas pour lui-même mais pour tous les justes de la ville de Sodome, et en fait pour l’ensemble des habitants de Sodome : « Pour dix, je ne détruirai pas. » dit le Seigneur, à la fin de sa prière.
La posture du priant est donc celle d’un prêtre qui prie pour un peuple, un peuple auquel il appartient. Il prie le Père commun à tous. En fait, c’est comme si il revêtait les vêtements du seul et véritable prêtre qui prie le Père pour tous les hommes, c’est-à-dire Jésus lui-même. Quand un homme prie, il prie dans le Christ, pour tous les hommes, et pour lui-même en communion avec tous les hommes. Ce n’est pas pour rien que nous avons été baptisés puis oints du Saint-Chrême qui a fait de nous des prêtres, des prophètes et des rois à l’image de Jésus. Quand nous prions, nous exerçons notre vocation sacerdotale de baptisés.
Jésus ne prie pas « en l’air », une sorte de « Dieu général » : non, il prie « son Père ». La prière s’adresse toujours au Père. On peut bien prier Jésus ou Marie, ou sainte Marie-Madeleine, mais en définitive, la prière aboutit toujours à la seule personne qui peut l’exaucer : le Père de Jésus, qui est aussi Notre Père. Les prières des saints sont des prières d’intercession, des relais en quelque sorte, auprès du Père. Nous pensons qu’avec leur aide, notre demande sera plus sûrement exaucée. De même Abraham ne prie pas « en l’air » ; il ne s’adresse pas à des arbres ou à des cailloux : il s’adresse au Seigneur qui le visite au chêne de Mambré. La prière va d’une personne à une autre : la prière est toujours personnelle. On ne prie jamais dans le vide : on s’adresse toujours à quelqu’un, quelqu’un de vivant. Ce pourquoi nous sommes certains que la prière est toujours entendue. Cependant, la réponse ne nous appartient pas : elle vient comme le Seigneur veut, et quand il veut, pour notre bien.
 
Avez-vous remarqué, chers frères et sœurs, que je n’ai pas encore parlé du Saint-Esprit ? Et pourtant, il est toujours là. C’est lui qui est la rivière souterraine qui coule dans nos cœurs et aspire à s’exprimer dans une prière en paroles, en désirs et en actes. C’est lui aussi qui est la réponse du Père : la joie de la prière exaucée. Et Jésus de dire à ses disciples : « Si donc vous, qui êtes mauvais, vous savez donner de bonnes choses à vos enfants, combien plus le Père du ciel donnera-t-il l’Esprit Saint à ceux qui le lui demandent ! » Il dit ici qu’il n’y a rien de plus grand à demander dans la prière que l’Esprit Saint. Qui reçoit l’Esprit reçoit tout : le pardon, la justice, la paix, la joie, la vie, la communion... N’est-ce pas ce que dit le Notre-Père ? Que l’Esprit Saint sanctifie tous les hommes pour que le Nom de Dieu soit glorifié par eux, en eux ? Que le Règne de Dieu vienne, c’est-à-dire que l’univers entier soit ordonné et gouverné par la puissance de l’Esprit Saint ? Et le vrai pain dont nous avons besoin, n’est-il pas l’Esprit Saint vivificateur lui-même ? Et le pardon des péchés, n’est-il pas accordé dans la miséricorde de Dieu ? L’Esprit Saint n’est-il pas la vraie rosée de miséricorde et de paix ? « Ne nous laisse pas entrer en tentation » disons-nous : l’Esprit Saint est une force, une puissance invincible, car il est la vie elle-même, la vie divine, la vie éternelle.
 
Chers frères et sœurs, au fond de notre cœur, l’Esprit nous appelle à revêtir le Christ et, par lui, avec lui et en lui, à nous tourner vers notre Père afin que son même Esprit soit répandu dans le monde, et que le monde soit enfin totalement transfiguré dans la joie, la paix et la lumière.

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