dimanche 17 novembre 2024

16-17 novembre 2024 - SAVOYEUX - LAVONCOURT - 33ème dimanche TO - Année B

Dn 12, 1-3 ; Ps 15 ; He 10, 11-14.18 ; Mc 13, 24-32
 
Chers frères et sœurs,
 
Nous arrivons à la fin de l’année liturgique, qui est un résumé de l’histoire de l’univers. Cette histoire avait débuté au commencement – la Genèse du monde et de l’homme ; la chute d’Adam et Eve ; l’espérance d’un Sauveur. Elle avait continué par l’histoire de ce Sauveur, Jésus, de sa naissance à sa résurrection, et son ascension ; et elle se termine par l’Apocalypse : le jugement de l’univers et la venue du Seigneur en gloire, dans la communion des saints. Aujourd’hui, Jésus enseigne à ses disciples ce qu’il en sera du jour de sa venue.
Ces derniers temps, il se tenait dans le temple. Il y avait débattu avec les autorités d’Israël sur la manière de porter du fruit pour Dieu, en aimant Dieu et son prochain, en donnant toute sa vie pour eux. Maintenant, Jésus est sorti du temple et on lui a fait remarquer combien celui-ci était beau, impressionnant. De fait, à l’époque, le temple de Jérusalem est le plus grand temple du monde. Et l’on vient de partout pour les grandes fêtes, notamment pour Pâques. C’est un lieu de pèlerinage considérable.
Or Jésus indique à ses disciples que de ce temple, il ne restera pas pierre sur pierre. Ceux-ci sont interloqués, et ils lui demandent quand et comment cela arrivera. Et Jésus de leur répondre en évoquant des rumeurs de guerre, des faux messies, des persécutions, des trahisons dans les familles, tandis que l’Évangile sera porté à toutes les nations. À un moment « l’Abomination de la désolation sera installée là où elle ne doit pas être » – c’est un peu mystérieux – et il faudra fuir aussitôt dans les montagnes, sans rien emporter, sans se retourner. Ce sera un moment de grande détresse, où surgiront de faux messies, de faux prophètes, pour égarer les élus, c’est-à-dire les baptisés.
Et nous arrivons à l’évangile de ce dimanche. L’enseignement de Jésus est presque mot pour mot un condensé de l’Ancien Testament, où l’on retrouve des citations de nombreux prophètes : Joël, Isaïe, Ézéchiel, Daniel, Zacharie, Amos, Sophonie… Quand Jésus parle, ses auditeurs voient remonter dans leur esprit tout leur catéchisme en quelque sorte. Jésus n’invente rien : il explique que ces « jours-là », annoncés par les prophètes vont se réaliser.
 
Il y a deux manières de concevoir cette réalisation. La première est tout simplement la mort, la résurrection et la glorification de Jésus : sa Pâque. La seconde est la fin du monde elle-même, à la fin des temps, la naissance du monde nouveau. Mais la Pâque de Jésus renvoie à la fin des temps : elles s’expliquent l’une par l’autre.
 
Pour la Pâque, il faut se souvenir que, dans Ézéchiel, quand il est question de l’obscurcissement du soleil et de la lune, il s’agit d’une complainte adressée au Pharaon d’Égypte où le fils de l’homme lui annonce sa destitution et sa perte. Et vous vous souvenez qu’au moment où Jésus meurt en croix, il y a une éclipse de soleil et l’on entre dans la nuit. Pâque a lieu durant la nuit. Les étoiles qui tombent du ciel et les puissances célestes qui sont ébranlées, ce sont Pharaon et ses armées, mais ce sont aussi Satan et ses anges, les démons, qui sont vaincus et chassés des cieux.
Voilà ce que dit Jésus : de même que Pharaon et son armée ont été vaincus dans la nuit de Pâque, de même le Fils de l’homme – c’est-à-dire lui-même – va vaincre Satan et ses anges dans ce moment de grande détresse où le soleil est obscurci et où la lune ne donne plus sa clarté. Cela, Jésus le fait lors de sa propre Pâque, et notamment durant son Ascension au ciel, tandis que les Apôtres sont perclus de peur, au Cénacle.
Et justement, « on verra le Fils de l’homme venir dans les nuées avec grande puissance et avec gloire ». C’est la vision de Jésus ressuscité, dont le corps n’obéit plus aux lois physiques de la création, et qui se présente comme un corps de communion. La gloire de Dieu, c’est la communion des saints, dans la paix, la joie et la lumière. Voir Jésus ressuscité, vainqueur de la mort, c’est constater qu’il a vaincu le Pharaon de ce monde. Alors « il enverra ses anges pour rassembler ses élus des quatre vents » : en effet, c’est la Pentecôte où Jésus envoie ses apôtres, ses disciples, évangéliser par toute la terre, pour rassembler les élus – les baptisés – en un seul peuple, dans sa communion, dans sa gloire.
Nous voyons bien que Jésus voit au-delà du temple matériel qu’il a sous les yeux, car il pense toujours au temple de son corps : le jour de détresse, c’est le jour de sa Pâque, la Pâque qui conduit à la Pentecôte. C’est ainsi que Jésus peut facilement dire que « cette génération ne passera pas avant que tout cela n’arrive », puisqu’en effet, la Pâque de Jésus est toute proche.

Cependant, ce que dit Jésus peut aussi s’appliquer à la fin du monde en tant que tel. Dans ce cas, le temple qui sera détruit, le corps de Jésus qui sera défait avant d’être relevé transfiguré, c’est l’Église. Le corps n’échappera pas au sort qui est celui de la tête, et les tribulations que vivront les élus seront terribles. Mais le Seigneur frappera à la porte à l’improviste, comme l’époux du Cantique des Cantiques frappe lui-même à la porte de sa bien-aimée, pour lui porter son amour. C’est pourquoi Jésus insistera tellement pour que les élus, les baptisés, demeurent éveillés pour attendre sa venue, comme un époux qui vient dans la nuit, car alors il sera leur délivrance et leur vie. C’est la Pâque, hier, aujourd’hui et demain. Dieu est toujours le Dieu de la vie.
 

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