lundi 27 février 2023

25-26 février 2023 - LAVONCOURT - SOING - 1er dimanche de Carême - Année A

Gn 2,7-9 ; 3,1-7a ; Ps 50 ; Rm 5,12-19 ; Mt 4,1-11
 
Chers frères et sœurs,
 
Dans la Genèse, nous voyons qu’Adam et Eve sont tombés parce que le diable les a possédés d’abord par le désir du fruit interdit qu’il excite en eux, puis par le mensonge, en faisant dire à Dieu ce qu’il n’a pas dit, et enfin, en obtenant la victoire par le fait qu’ils choisissent d’écouter sa voix mensongère plutôt que celle du commandement de Dieu. Ainsi, le diable arrive à son but : se faire dieu à la place de Dieu, en tenant l’homme asservi.
Or, face à Jésus il se trouve devant un problème. En effet, celui-ci vient juste d’être baptisé, et, à cette occasion, la parole de Dieu s’est fait entendre : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui je trouve ma joie. » Jésus est le Messie de Dieu, le Sauveur d’Israël. Si donc le diable parvient à le subvertir, alors il dominera même le peuple de Dieu qui lui résiste toujours, et il sera vraiment le roi de ce monde. Tel est l’objectif stratégique du diable. Cependant le diable veut agir caché – il ne veut pas se dévoiler – d’une part, et d’autre part, il ne sait pas très bien qui est vraiment Jésus. D’où les trois épreuves, qui sont en même temps des révélations pour l’un et pour l’autre. Voyons comment le diable agit d’un point de vue tactique.
 
Après quarante jours de jeûne, Jésus a faim. Plus encore, il est affaibli : il dépérit. C’est le bon moment pour la première épreuve, la tentation du désir : « que ces pierres deviennent des pains. » Jésus a tellement faim que même les pierres deviennent pour lui désirables. Cependant, tandis qu’Adam et Eve avaient craqué pour un beau fruit sans même avoir faim, Jésus résiste : « L’homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu. » En citant le Deutéronome, la Loi, Jésus montre qu’il obéit prioritairement au commandement de son Père. Ce faisant, il ne répond pas au test du diable : « Si tu es Fils de Dieu. » Jésus répond en effet comme tout homme doit faire : par l’obéissance à la Loi. Il ne se dévoile donc pas en tant que Dieu.
 
Jésus s’étant protégé de la tentation par l’obéissance à la Loi, le diable passe alors à la seconde épreuve, celle du travestissement de la Parole de Dieu par le mensonge. Ainsi, il cite parfaitement le Psaume 90, où il est dit que les anges protègeront le juste, mais il invente la possibilité que le juste puisse se mettre lui-même en danger, pour tenter Dieu de le sauver. Face à ce mensonge, Jésus répond également et encore par la Loi : « Tu ne mettras pas à l’épreuve le Seigneur ton Dieu. » Ce faisant, alors que le diable cherche toujours à savoir qui est Jésus – « Si tu es Fils de Dieu… » – Jésus répond toujours en tant qu’homme : il ne veut pas mettre son Père à l’épreuve. Ainsi, lui qui est pourtant Fils de Dieu, se fait humble devant son Père : il récuse l’orgueil que le diable tentait d’établir en lui par cette épreuve. En effet, travestir la Parole de Dieu par un mensonge est un acte orgueilleux qui ne vient pas de Dieu et qui suscite non seulement le péché, mais aussi la mort. Car quiconque se jette du haut du Temple ne peut que mourir au pied de la muraille.
 
Ayant échoué une seconde fois, le diable tente sa troisième épreuve : faire que Jésus lui obéisse, ou l’adore, plutôt que Dieu. Cette fois-ci il est direct : « Tout cela – c’est-à-dire tous les royaumes de la terre et leurs richesses – je te le donnerai, si, en tombant à mes pieds, tu te prosternes devant moi. » Tout ou presque est dit dans le dernier mot, très égocentrique : « moi » ! Comme d’habitude, il y a aussi un mensonge dans l’affirmation du diable : comment peut-il donner ce qui en réalité ne lui appartient pas, mais qui appartient à Dieu créateur de toutes choses ? Ce faisant, en proposant un marché de dupes : pseudo-pouvoir contre adoration, le diable se dévoile ; Jésus le reconnaît et le nomme : « Va-t-en Satan ! » Satan, c’est-à-dire l’Adversaire, celui qui se repaît, se nourrit, du mensonge et de la calomnie, se fait injustement l’accusateur des justes et cherche à les entraîner dans l’apostasie. Encore une fois, Jésus lui répond par la Loi, la Parole de Dieu : « C’est le Seigneur ton Dieu que tu adoreras, à lui seul tu rendras un culte. » Il s’agit ici-même du cœur de la Loi, le Shema Israël, la prière que tout juif sait par cœur, comme nous le Notre-Père : « Écoute, Israël : le Seigneur notre Dieu est l’Unique. Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta force. » Le diable est donc doublement vaincu : il est dévoilé, et tandis qu’il voulait se faire dieu, il se voit opposer l’adoration du vrai Dieu. Et contre cela, il ne peut rien : il doit partir – où ? – on ne sait pas, vers le néant.
 
Jésus a donc été victorieux dans les trois tentations par lesquelles Adam et Eve étaient tombés. Ayant agi comme homme obéissant à la Loi, sans transiger sur l’amour du Dieu unique, sans laisser prise au mensonge, sans succomber au désir, Jésus apparaît comme l’homme parfait qui accomplit la Loi – sans pour autant dévoiler au diable sa véritable identité. Mais à la fin, le diable étant parti, les anges le servent, car il est aussi vraiment Dieu. Ce faisant, ayant dévoilé et vaincu le démon, Jésus a fait la démonstration qu’il pouvait réellement nous sauver du péché et de la mort.

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