mercredi 22 février 2023

22 février 2023 - VELLEXON - Mercredi des cendres - Année A

Jl 2,12-18 ; Ps 50 ; 2Co 5,20-6,2 ; Mt 6,1-6.16-18
 
Chers frères et sœurs,
 
L’espérance la plus profonde de nos cœurs est de devenir, ou redevenir, des saints et des saintes, en communion avec Dieu, avec nos frères et sœurs du ciel, dans la gloire de Dieu pour l’éternité. Jésus nous ouvre cette possibilité, qui que nous soyons, quels que soient nos péchés, pourvu que nous soyons ouverts au don de son Esprit Saint.

Cette attitude d’ouverture ne doit pas être comme un vœu du nouvel an, une parole en l’air, mais elle doit se manifester de manière concrète, par des actions en direction du Seigneur et à l’égard de notre prochain.  C’est pourquoi Jésus dit : « Ce que vous faites pour devenir des justes »… c’est-à-dire que, pour pouvoir être en mesure d’accueillir le don de justice, le don de sainteté, il est bien nécessaire de faire quelque chose, même si ce n’est qu’un tout petit quelque chose. Mais quoi ?

Jésus nous indique l’aumône, la prière et le jeûne. Ces gestes ne sont pas choisis au hasard, ils correspondent aux trois tentations les plus profondes du diable dans l’homme. Souvenons-nous des trois tentations de Jésus au désert : transformer les pierres en pain, pour se rendre autosuffisant ; se jeter du sommet du Temple, pour contraindre Dieu à intervenir ; se prosterner devant le diable, pour obtenir de lui un pouvoir dans le monde. Ces tentations sont toujours actuelles, elles deviennent même de plus en plus fortes aujourd’hui.
 
Ainsi l’exercice du jeûne nous entraîne à résister au désir de tout faire et tout obtenir par nous-mêmes, sans compter sur la grâce de Dieu. C’est un des dangers du développement scientifique, quand celui-ci nous permet de nous prendre pour des dieux, ayant pouvoir de vie et de mort sur nos semblables et sur la création. Au contraire, Jésus nous apprend que nos connaissances scientifiques et nos capacités techniques ne sont pas suffisantes pour atteindre le vrai sommet d’une vie humaine accomplie : il est nécessaire de les éclairer par la Parole de Dieu, par le don de l’Esprit Saint. On peut bâtir des sociétés très perfectionnées, bourrées d’intelligence artificielle, de biotechnologie et d’électronique : s’il n’y a pas d’électricité, cela ne marche pas. Or l’électricité qui fait l’homme véritable, c’est l’Esprit de sainteté que seul Dieu peut donner.
 
L’exercice de la prière nous apprend à avoir une juste relation avec Dieu. Il n’est pas un agent d’assurance vie, ni un juge, ni un gendarme, ni un dictateur, ni un distributeur automatique, ni notre esclave… il est notre Dieu, qui se fait appeler « Abba », « Papa », « notre Père qui es aux cieux ». Notre relation avec lui est celle d’un enfant avec son père, dans une vraie relation d’amour. Par conséquent, il ne s’agit pas de négocier avec lui, ou de lui faire du chantage – par exemple en se jetant du haut du Temple – ou toute autre relation d’intérêt ou de puissance : la vraie nature de notre relation est l’amour et elle s’exprime par la prière. Amour et prière vont ensemble. Telle est la vraie prière : quand celle-ci est un acte d’amour. Ainsi, prier Dieu, c’est lui montrer qu’on l’aime. Et comme nous le savons tous, l’amour ouvre toutes les portes et nous réconforte autant que de besoin. L’amour est l’écrin de notre vie. C’est par amour qu’on peut obtenir de Dieu son Esprit de sainteté.
 
Enfin, l’exercice de l’aumône nous apprend quel est le secret de l’amour : la gratuité. Gratuité de dons matériels, mais aussi et surtout gratuité du don de soi-même. Le diable veut être adoré, en contrepartie de quoi il accorde un pouvoir en ce monde. Le diable ne propose jamais de transactions gratuites : il y a toujours une facture mortelle quelque part. Au contraire, c’est le libre don de soi dans l’amour qui ouvre à la vie éternelle.
Nombreux sont-ils les hommes – et même les hommes d’Eglise – qui par peur du diable politique ou médiatique, ou par intérêt personnel, préfèrent se prosterner devant les idéologies à la mode et les pouvoirs temporels pour obtenir quelque reconnaissance éphémère. Mais ils oublient la Croix, où Jésus dans sa plus grande liberté s’est offert lui-même par amour, renversant tous les pouvoirs, jusqu’à celui de la mort et du démon, pour nous acquérir la vie éternelle. Ce faisant, Dieu nous a fait l’aumône de lui-même pour que nous vivions, alors que nous étions misérables, incapables de nous sauver par nous-mêmes.
Voilà ce qu’est l’aumône : c’est renouveler ce geste de Dieu à notre égard en donnant librement un peu ou beaucoup de notre vie à un pauvre, pour que sa vie soit éclairée par un rayon de lumière, et surtout lui éviter de devoir compromettre sa vie précieuse avec le diable, au risque de la perdre complètement.
 
Chers frères et sœurs, lorsque Jésus nous invite à faire l’aumône, à prier et à jeûner, il nous invite à faire ce que Dieu lui-même a fait pour nous dans son grand amour : se donner librement entièrement, pour nous libérer de l’esclavage du tentateur et nous ouvrir à la vie éternelle. Ainsi, en reproduisant ses gestes, à son égard et à l’égard de notre prochain, nous montrons que nous avons bien reçu l’Évangile 5 sur 5, et que nous appartenons déjà un peu, ou beaucoup, à la communion des saints, à la gloire de Dieu.

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