mardi 21 février 2023

18-19 février 2023 - DELAIN - PESMES - 7ème dimanche TO - Année A

Lv 19,1-2.17-18 ; Ps 102 ; 1Co 3,16-23 ; Mt 5,38-48
 
Chers frères et sœurs,
 
Jésus poursuit l’enseignement qu’il donne à ses disciples et aux foules, assis sur la Montagne, comme Dieu avait enseigné sa Loi à Moïse et au Peuple, sur le Mont Sinaï. Il a commencé par les Béatitudes, et il poursuit par l’exposition de la loi nouvelle, en précisant que celle-ci n’annule pas du tout la Loi de Moïse mais au contraire, qu’elle la porte à son accomplissement.
Dimanche dernier, nous avons entendu Jésus nous enseigner le dépassement de l’interdit du meurtre par l’interdiction de se mettre en colère contre son frère, ou de l’insulter ; puis le dépassement de l’interdit de l’adultère par l’interdiction du regard concupiscent et du geste déplacé, et l’annulation de la tolérance de la répudiation ; et enfin le dépassement du serment par l’exigence d’une parole droite et sans défaut. Nous avons vu combien l’accomplissement de la Loi donnée à Moïse, la Loi nouvelle enseignée par Jésus, était exigeante, pour ne pas dire presque impossible à vivre humainement, sans le secours de l’Esprit Saint qui seul peut nous la rendre praticable.
 
Aujourd’hui, Jésus ajoute le dépassement de la loi du Talion par celle d’une forme radicale de non-violence. Ici Jésus nous dit deux choses. La première est que nous ne devons pas donner, par notre résistance, une consistance ou une force au mal qui nous agresse. Souvenez-vous du jeu de la corde, lorsque deux équipes tirent sur une corde. Plus on résiste, plus l’équipe adverse tire fort. Mais si tout à coup on lâche, l’autre équipe tombe par terre. Il en va de même avec le mal : il n’a pas de force d’être en lui-même : il n’a d’autre puissance que celle qu’on lui accorde. Si on l’absorbe, on le désarme, et il ne peut rien contre nous. À travers cet enseignement Jésus nous apprends en même temps quelle liberté peut ou doit être la nôtre, notamment à l’égard des biens qui nous sont confiés, y compris le bien de notre propre vie. À l’extrême, nous devrions être si libres et si généreux, que nous devrions être capables de tout donner, jusqu’à nous-mêmes, pour n’accorder aucune prise au mauvais. Et ainsi, par notre entière liberté, annuler celui-ci totalement.
 
Cela nous impressionne ! Mais Jésus va encore plus loin. La Loi donnée à Moïse nous dit d’aimer notre prochain et de haïr notre ennemi. Et Jésus nous demande d’aimer nos ennemis et de prier pour ceux qui nous persécutent. Mais voilà : en araméen, il y a deux verbes différents reḥam et ḥab qu’on traduit par un seul verbe « aimer » en français. La Loi nous demande d’aimer reḥam – sympathiquement, normalement – notre prochain. Mais Jésus nous dit d’aimer ḥab – de brûler d’amour, de tout notre cœur, de chérir – nos ennemis. C’est évidement l’exact opposé du verbe haïr. Donc non seulement, il faut aimer son ennemi, mais même encore plus, il faut le chérir. Nous voyons donc a quelle extrémité Jésus nous emmène : une liberté totale contre le mal et un amour total de notre ennemi. Pourtant, le mal reste le mal et l’ennemi reste l’ennemi.
 
Comment cela est-il possible et qu’est-ce que cela veut dire ? Jésus, finalement, nous donne la clé pour tout comprendre : « Vous donc, vous serez parfaits, comme votre Père céleste est parfait. » Il y a deux choses à comprendre. La première est que celui qui peut réaliser, qui incarne complètement, la Loi nouvelle de Jésus, qui accomplit la Loi donnée à Moïse, c’est Dieu, notre Père céleste, lui-même. Son amour est si grand qu’il chérit même ses ennemis et que dans son absolue liberté il ne leurs accordera aucune prise sur lui. Souvenons-nous de Jésus en sa Passion, qui se laisse juger, insulter, frapper, tuer… pour exprimer finalement sur la croix tout son amour divin pour eux : « Père, pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font. » À travers son enseignement des Béatitudes, puis des exigences radicales de l’accomplissement de la Loi, en réalité, Jésus nous dévoile qui est le Père, qui il est lui-même, son amour radical pour nous, son absolue liberté, sa fidélité totale, son regard pur et juste sur nous, et sa patience infinie. Par conséquent, et c’est la deuxième chose à comprendre : voilà ce que le Saint Esprit réalise en nous quand il vient habiter notre cœur, comme le Seigneur dans son Temple. Il nous divinise et nous rend semblable à Lui dans son incroyable bonté. Et c’est ainsi que sont les saints, en tout ou partie.
 
Jésus ne nous dit pas : « Soyez parfaits » comme si c’était une obligation : il sait bien que nous sommes incapables d’atteindre humainement cette perfection. Mais il nous dit plutôt : « Vous serez parfait », c’est une promesse, parce que c’est le Seigneur lui-même qui nous fera don de cette perfection.  Cependant, la voulons-nous, cette Pentecôte ? la désirons-nous ? Préparons-nous notre cœur et notre vie à la recevoir ? à recevoir ce don extraordinaire de Dieu ? Bien que nous la recevions déjà intégralement à chaque messe, par notre communion sacramentelle, le temps du carême qui débute mercredi prochain est bienvenu pour nous permettre de ranger un peu notre intérieur… pour l’ouvrir à la vraie liberté et au véritable amour, celle et celui de notre Dieu, source de tout bonheur et de toute joie.

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