lundi 6 février 2023

05 février 2023 - AUTREY-lès-GRAY - 5ème dimanche TO - Année A

Is 58,7-10 ; Ps 111 ; 1Co 2,1-5 ; Mt 5,13-16
 
Chers frères et sœurs,
 
Jésus explique à ses disciples qu’ils sont le sel de la terre et la lumière du monde, et qu’ils sont appelés à ne pas se cacher mais plutôt à faire du bien sur la terre. Mais que s’ils ne le font pas, ils seront méprisés par les gens. Tout cela est exact, cependant il nous faut comprendre pourquoi et comment. Pourquoi Jésus dit-il que nous sommes le sel de la terre et la lumière du monde ?
 
Depuis la nuit des temps jusqu’à l’invention du frigidaire, le sel était très précieux parce qu’il détruit les bactéries et les moisissures. Il permettait ainsi de purifier les aliments pour pouvoir les conserver plus longtemps. En Franche-Comté, nous avions de la chance, parce que notre sous-sol est gorgé de sel. C’est la raison pour laquelle on a bâti la grande saline, à Arc-et-Senans, et d’autres plus petites à Miserey, près de Besançon. Le sel donne aussi du goût aux aliments. 
C’est ainsi qu’en Israël, on frottait les bébés nouveau-nés avec du sel, pour les protéger des maladies, et on salait abondamment les viandes offertes en sacrifice à Dieu, au Temple de Jérusalem, avant de les manger. Comme le sel était très bénéfique, il était donc un signe d’alliance : en gage de paix, on partageait le pain et le sel.

Or Jésus explique à ses disciples qu’ils sont le sel de la terre. Ainsi, pour lui, la terre est comme un bébé nouveau-né, et les disciples sont le sel qui doivent le protéger des maladies ; ou bien la terre est comme un sacrifice de pardon ou d’action de grâce à offrir à Dieu dans le Temple, et les disciples sont le sel qui doivent le purifier avant l’offrande, pour lui donner bon goût et bonne conservation.
Cette idée que la terre est une vie fragile et une offrande savoureuse à faire à Dieu, pour l’éternité, est si vraie que Jésus compare ensuite les disciples – lumière du monde – à une ville située sur une montagne et à une lampe qu’on met sur un lampadaire, pour illuminer ceux qui sont dans la maison. Pour un juif, comme l’étaient tous les disciples de Jésus, la comparaison était évidente : la ville, c’est Jérusalem ; la maison, c’est le Temple ; et le lampadaire, c’est le chandelier à sept branches qui est dans le Sanctuaire, chandelier qui signifie la Présence lumineuse de Dieu, comme au Buisson ardent. Ça va loin cette histoire, parce que Jésus est en train d’expliquer à ses disciples qu’ils sont au cœur du cœur du cœur du monde, et qu’ils y manifestent la présence de Dieu. En effet, tout le monde, même les païens, pouvaient venir à Jérusalem, mais seul les Israélites pouvaient entrer dans le Temple, et seuls les prêtres pouvaient entrer dans le Sanctuaire, là où il y avait le chandelier, au plus près de la présence de Dieu.
Voilà donc que pour Jésus, les disciples sont la lumière de la Présence de Dieu, qui est dans le Sanctuaire du Temple de Jérusalem, parce qu’ils sont aussi le sel précieux qui protège le monde contre le mal et qui le purifie pour en faire une bonne offrande, en vue de réjouissances éternelles. La lumière de Dieu est sel protecteur et purificateur du monde, et le sel protecteur et purificateur du monde est lumière de Dieu. Ça va ensemble.
On s’aperçoit alors qu’être disciple de Jésus, être chrétien, ce n’est pas rien, et que nous ne sommes probablement pas tout à fait à la hauteur de ce que Jésus dit que nous sommes. En effet, il ne dit pas : « vous serez » ou « devenez » sel de la terre et lumière du monde, mais il dit « vous êtes » le sel de la terre et « vous êtes » la lumière du monde. C’est pourquoi il précise aussi comment nous le sommes et le risque qu’il y a pour nous à manquer à notre vocation extraordinaire.
 
Jésus dit que notre lumière brille devant les hommes, quand ils peuvent voir ce que nous faisons de bien, ou plutôt ce que nous faisons de bon. Car c’est par notre bonté que nous rayonnons la lumière et que nous sommes sel. Or cette bonté quelle est-elle ? Eh bien Jésus l’a expliqué juste avant – nous l’avons lu dimanche dernier : nous faisons des choses bonnes quand nous vivons les Béatitudes, c’est-à-dire quand nous sommes humbles, repentants, doux, assoiffés de Dieu, miséricordieux, innocents, faiseurs de paix, jusqu’à être persécutés parfois pour tout cela. C’est déjà ce que disait le Seigneur, par la bouche du prophète Isaïe : « si tu fais disparaître de ta vie les choses mauvaises et si tu fais du bien à ton prochain », alors ta lumière jaillira comme l’aurore, ton obscurité sera lumière de midi. Pourquoi ? Parce que rejeter le mal et faire des choses bonnes, c’est faire les œuvres de Dieu, car Dieu seul est bon. En fait, quand nous faisons du bien, c’est Dieu lui-même qui fait du bien à travers nous. Et c’est pour cela que les gens rendent gloire à Dieu, parce qu’ils savent bien d’où vient la vrai bonté : non pas de nous, mais de Dieu à travers nous.
Mais si nous ne vivons pas les Béatitudes, si nous laissons les choses mauvaises s’accumuler dans nos vies comme dans un vieux grenier, et si nous arrêtons de faire des choses bonnes, alors la bonté de Dieu ne peut plus passer par nous pour atteindre ceux qui en ont besoin, pour être protégés du mal et purifiés en vue de la joie du Ciel. C’est alors que, comme des vieux tapis troués, les gens nous jetteront à la décharge : car on ne leur sert à rien, et on est méprisés par eux.
 
Souvenons-nous chers frères et sœurs, que lors de notre baptême nous avons été consacrés à Jésus comme prêtres, pour être dans son Sanctuaire au plus près de sa Présence lumineuse, au plus près de son cœur, pour rayonner de sa bonté dans le monde, et que par nous comme du sel, il puisse sauver le monde et lui accorder la vie éternelle.

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