Gn
22,1-18 ; Ex 14,15-15,1a ; Is 55,1-11 ; Rm 6,3b-11 ; Lc
24,1-12
Chers
frères et sœurs, chère Servane,
Ce soir, nous célébrons la résurrection de
Jésus d’entre les morts, gage de celle de ceux qui nous ont quittés, et de la
nôtre, le moment venu. Plus encore, comme nous le verrons avec le baptême de
Servane, la résurrection nous fait entrer dans la vie de Dieu, où nous sommes
revêtus de sa gloire, où nous sommes faits prêtres, prophètes et rois, fils et
filles de Dieu, où nous rayonnons de sa sainteté. C’est le couronnement de
notre vie. Et c’est pourquoi c’est fête aujourd’hui. Et cette bonne église de
Champlitte en est tout illuminée.
Cette joie qui nous habite ce soir nous donne
la force d’affronter les difficultés de la vie présente, qui reste celle d’un
combat, jusqu’à ce que nous soyons pleinement entrés dans la gloire de Dieu. En
effet, être chrétien aujourd’hui n’est pas facile. En France, il nous faut
accepter maintenant d’être différent et de l’assumer publiquement.
Beaucoup de gens ne croient pas en la
résurrection de Jésus ni dans la bonne nouvelle qu’il est venu nous annoncer.
C’est-à-dire, d’une part, que par son sacrifice sur la croix, nous sommes
délivrés de nos péchés, et d’autre part que, par Jésus, Dieu s’est révélé Père,
Fils et Esprit Saint, communion d’amour, grâce à l’action de l’Esprit Saint. Mort
et résurrection de Jésus, amour de Dieu et pardon des péchés, révélation de
Dieu Père, Fils et Saint-Esprit et glorification de l’homme, c’est tout
un : on ne peut pas enlever un élément sans abîmer les autres. Cette foi
en Jésus et en son Évangile, nous la résumons et nous la proclamons dans le Credo. C’est notre boussole.
Mais il y a aussi beaucoup d’autres gens qui ne
croient pas non plus en Dieu, tout simplement. Pour eux, le monde est le fruit
du hasard. Et donc qu’il n’y a dans la vie ni sens, ni but, ni vocation, ni morale.
Tout est possible, avant d’être anéanti un jour. Mais ces personnes-là ne
sont-elles pas à plaindre ? Est-ce que la jouissance immédiate des biens
peut vraiment suffire au bonheur de l’homme ? Je ne le pense pas. En
regard, un chrétien est donc comme une lumière, une petite étoile dans la nuit,
parce que lui il sait d’où il vient – de Dieu – et où il va : à Dieu.
Être croyant, être chrétien, c’est donc être
différent. Assumer cela par tous les aspects de sa vie, c’est entrer dans un
combat. Un combat intérieur et un combat extérieur.
Le combat intérieur nous le voyons en Abraham.
Il vit à une époque et dans une région du monde où pour honorer le dieu Moloch,
il fallait lui sacrifier par le feu les garçons premiers-nés. Donc Abraham, qui
voulait remercier Dieu pour la naissance d’Isaac, le premier-né de sa femme
Sarah, s’est senti lui aussi appelé à sacrifier son fils. Mais Dieu, par son
ange, a arrêté son geste et a substitué un bélier à l’enfant. Dès lors, en
Israël, le sacrifice des nouveaux nés fut strictement prohibé. Cela, les
chrétiens s’en sont souvenus dès les origines : la vie humaine est sacrée
parce qu’elle est un don de Dieu. Mais dire cela et surtout le mettre en
pratique, c’est se montrer profondément différents des autres, vous le savez
bien. Or il s’agit bien ici d’un combat intérieur, comme d’une objection de
conscience.
Il y a aussi des combats extérieurs, comme nous
le voyons avec Moïse et le peuple Hébreu, fuyant les Égyptiens. Il n’est pas
bon être différent et parfois cela suscite de la jalousie, parfois de la haine,
parfois encore de la violence physique. Cette réalité n’est pas loin de nous,
dans bon nombre de pays où règne l’intolérance religieuse, qu’elle soit au nom
d’une fausse religion, ou qu’elle soit au nom d’une absence de religion.
Combien de chrétiens sont-ils persécutés aujourd’hui en raison de leur foi au
Pakistan ou en Chine, pour ne citer que ces pays-là ? Mais ne croyons pas
qu’en France nous soyons épargnés. La vérité est que pour l’instant, nous
courbons la tête devant le mépris, en espérant que la haine du christianisme
n’augmentera pas en intensité.
Mais au fond, pourquoi aurions-nous peur ?
Nous avons en nous une richesse incroyable : l’amour de Dieu, la lumière
de sa vérité, la puissance de l’espérance, la force de la foi, la douceur de la
charité. Et nous savons ce qu’il faut faire pour servir Dieu et, en le servant,
nous ajuster petit à petit à lui pour devenir des saints. Le baptême est comme
une semence, la confirmation est comme un désherbant et comme un engrais, la
communion est le fruit de la semence, notre nourriture. Que nous manque-t-il
donc pour vivre, et vivre heureux, déjà sur la terre, en attendant d’être
comblés de joie au ciel ?
Chers frères et sœurs, chère Servane, il n’y a
pas d’autre nom que celui de Jésus pour nous ouvrir les portes du bonheur. Tous
ceux qui l’ignorent se perdent, tous ceux qui le haïssent se condamnent. Au
contraire, réjouissons-nous de le connaître et de vivre par lui, avec lui et en
lui, maintenant et toujours.