Is
2,1-5 ; Ps 121 ; Rm 13,11-14a ; Mt 24,37-44
Chers
frères et sœurs,
Si
nous lisons ou écoutons l’Évangile au premier degré, nous comprenons que Jésus
nous avertit, nous menace presque : « si vous ne faites pas
attention, vous serez surpris par le jour du jugement »… et spontanément,
parce que nous sommes des héritiers de la théologie de saint Augustin, cela
nous fait peur. Mais ce n’est pas ainsi qu’il faut comprendre ce que nous dit
Jésus.
La
venue du Fils de l’Homme – c’est-à-dire la venue de Jésus – n’est pas une
mauvaise nouvelle : c’est au contraire une excellente nouvelle ;
c’est une fête pour ceux qui sont humbles de cœur et qui aiment Dieu.
En
effet, Jésus se sert du livre de la Genèse, de l’histoire de Noé, pour annoncer
l’avenir. Et de qui Noé est-il l’image, dans l’avenir ? Hé bien, de Jésus
lui-même. « Lorsque Noé est entré dans l’Arche, alors est arrivé le Déluge
qui a submergé le monde », dit Jésus. Il faut comprendre : « lorsque
J’entrerai dans l’Arche des cieux – lors de mon Ascension, alors surviendra le
Déluge de l’Esprit Saint, qui submergera le monde – c’est-à-dire la Pentecôte ».
Cette affaire de Déluge est donc bien une excellente nouvelle pour nous, qui
attendons la Vie de Dieu.
Mais
il faut bien comprendre que l’Esprit Saint est en même temps celui qui purifie
et celui qui guérit, celui qui brûle et celui qui rafraîchit, celui qui fait
disparaître les péchés et celui qui réconforte les pécheurs. L’Esprit Saint est
comme un filtre : à travers lui ne passent que les choses bonnes ;
les choses mauvaises, il les détruit.
Il
est étonnant de voir que Jésus met en garde ses disciples, non pas seulement
parce qu’ils mènent une vie insouciante, normale, sans attendre de tout leur
cœur, sans désirer vraiment le Déluge de l’Esprit Saint. Il ne leur reproche
pas seulement d’être « trop cool » ; il leur reproche de vivre
endormis et de ne pas se tenir prêts.
Il
faut bien comprendre cela. Pour Jésus, lorsque nous vivons normalement, comme
tous les hommes, en mangeant, en buvant, en nous mariant, en allant travailler,
nous ne faisons rien de mal – bien sûr – mais en réalité, pour lui, nous
sommes endormis et nous ne sommes pas prêts.
D’abord,
il nous demande de « veiller », ou plutôt, dans les vieilles
traductions de l’Évangile, de nous « réveiller », c’est-à-dire d’être
« ressuscités ». Nous sommes « ressuscités » lorsque nous
vivons en chrétiens, selon les dons que nous avons reçus de Dieu lors de notre
baptême. Ces dons sont trois : comme Jésus, nous sommes prêtres, pour
prier Dieu et lui rendre grâce ; nous sommes prophètes, pour annoncer
l’amour et la vie de Dieu à tout l’univers, et nous sommes rois, pour vivre
saintement et exercer la justice parmi les hommes. C’est cela être
« réveillé » : vivre en chrétien.
Ensuite,
Jésus nous demande de nous tenir prêts. En fait, la formulation est très
insistante : « Soyez vraiment prêts », comme des coureurs
qui attendent le « top départ ». Car le Déluge de l’Esprit Saint, va
arriver peut-être dans quelles années ou quelques siècles, mais en réalité,
pour Jésus, il va arriver aussi maintenant, tout de suite. Car pour Dieu mille
ans est comme un jour, il est dans l’éternité, et ce que nous attendons pour
demain, en réalité, il nous l’a déjà donné et il nous le donne tout le temps.
Jésus nous demande de nous tenir prêts, c’est-à-dire qu’il nous dit :
« ouvre ton cœur en grand ; car le Déluge de l’Esprit Saint est déjà
commencé ».
C’est
si vrai que dans sa prophétie, Isaïe avait annoncé que dans les derniers jours,
tous les peuples se rassembleraient sur la montagne du Seigneur, à la maison du
Dieu de Jacob, pour y recevoir la Loi du Seigneur, sa Parole, et que dans cette
maison s’y trouvera la paix et la lumière. Cela sera formidable n’est-ce
pas ?
Eh
bien, c’est maintenant : à chaque messe, c’est le dernier jour – le jour
du Déluge, où avec Jésus-Noé nous nous rassemblons et nous entrons dans l’Arche
de l’Église, bâtie sur la montagne, pour y entendre l’Évangile, la Parole de
Dieu, et pour y trouver la paix et la lumière, c’est-à-dire la communion. La
communion, ou la bénédiction, qui est offerte tous, est comme les eaux du
Déluge qui se répand dans le monde ; elle est comme l’Esprit de Pentecôte
qui vient renouveler nos cœurs et toute notre vie, pour nous faire participer dès
maintenant à la vie éternelle de Dieu.