lundi 7 novembre 2022

06 novembre 2022 - BOURGUIGNON-lès-LA CHARITE - 32ème dimanche TO - Année C

2M 7,1-2.9-14 ; Ps 16 ; 2Th 2,16-3-5 ; Lc 20,27-38
 
Chers frères et sœurs,
 
Aujourd’hui Jésus, qui se trouve à enseigner dans le Temple de Jérusalem, est interrogé par quelques sadducéens. On assiste à un dialogue de sourds car, quand ils emploient le mot « résurrection », ils ne parlent pas tous de la même chose.
En très gros, on peut considérer trois points de vue : 1) il n’y a pas du tout de résurrection et tout le monde termine au Shéol, le royaume des morts, la vie ne se perpétuant que par la descendance charnelle – appelons-le le point de vue des Sadducéens ; 2) Dieu est fidèle, par conséquent les morts – surtout ceux qui sont justes – revivront dans une vie semblable à la vie actuelle, mais dans la paix et l’abondance – appelons-le le point de vue des Pharisiens ; et 3) Dieu est « le Dieu d’Abraham, Isaac et Jacob », « le Dieu des vivants » déjà maintenant, par conséquent la résurrection se fait dans une vie nouvelle, bienheureuse, différente de la vie actuelle – c’est le point de vue de Jésus et des chrétiens.
Évidemment, quand les Sadducéens disent qu’il n’y a pas de résurrection, ils attaquent le point de vue des Pharisiens et en démontrent l’absurdité : en effet, si les sept maris et la femme reviennent à la vie dans un monde semblable au monde actuel, cela va sûrement créer quelques problèmes de vivre-ensemble ! Les Sadducéens s’attendaient donc à coincer Jésus, en pensant que sa conception de la résurrection était celle des Pharisiens. Mais ce n’est pas le cas : Jésus n’est ni Sadducéen, ni Pharisien.
 
Il faut bien comprendre pourquoi Jésus appuie sa preuve de la résurrection sur cette citation du Livre de l’Exode, que ni les Sadducéens ni les Pharisiens ne pouvaient contester : « Dieu dit encore à Moïse : « Tu parleras ainsi aux fils d’Israël : “Celui qui m’a envoyé vers vous, c’est Le Seigneur, le Dieu de vos pères, le Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac, le Dieu de Jacob”. » » Car cette parole a été dite à Moïse lors de sa rencontre avec Dieu au Buisson ardent. C’est fondamental. C’est la rencontre où Dieu s’est révélé à Moïse, comme il s’est révélé également à Elie, sur le Mont Horeb. Or ce sont justement ces deux personnages que l’on retrouve entourant Jésus lors de la Transfiguration, en présence de Pierre, Jacques et Jean.
Cela signifie que Moïse et Elie ont eu connaissance, par anticipation, de la réalité de la résurrection, comme Pierre, Jacques et Jean : il s’agit d’une vie éternelle et glorieuse, lumineuse, en présence de Dieu, dans une communion des saints, ceux d’Israël comme ceux de l’Église. Le temps est aboli, la mort n’existe plus, les corps sont lumineux : les humains sont comme des anges. Et comme dirait saint Pierre, complètement éblouis : « Il est bon que nous soyons ici ! Construisons des tentes pour habiter là longtemps – éternellement ! »
 
Voilà quelle est la conception de la résurrection de Jésus : c’est la Transfiguration. Il faut souligner ici que la Transfiguration n’est pas incompatible avec le temps présent. Moïse et Elie y ont participé, et Pierre, Jacques et Jean aussi, bien avant la résurrection de Jésus : car la vie de Dieu, la lumière de Dieu, est au-delà du temps et à travers tous les temps. C’est pourquoi il est possible de prier les saints et les saintes de Dieu : parce qu’ils sont vivants maintenant. Mais nous aussi nous pouvons, si le Seigneur nous en fait la grâce, participer dès maintenant à la Transfiguration. C’est tout à fait possible. Tous les prophètes, Ézéchiel et Isaïe par exemple, et tous les saints mystiques, Jean de la Croix, Thérèse d’Avila, Catherine de Sienne, ou Séraphim de Sarov, le savent très bien.
Mais en fait, tout baptisé devrait savoir qu’à chaque messe il entre lui aussi dans la Transfiguration. Car Jésus vivant est bien présent au milieu de nous dans son Corps et dans son Sang ; la lumière du buisson ardent, comme celle du corps de Jésus transfiguré, sur la montagne, est la même que celle des cierges, qui sont sur l’autel. Avec tous les Anges, et tous les saints du ciel, nous acclamons nous aussi le Seigneur : « Saint, Saint, Saint, le Seigneur, Dieu de l’univers ! » Nous sommes Pierre, Jacques et Jean, et les saints et les saintes, comme Moïse et Elie, sont rendus présents par leurs images sur les vitraux ou en statues. Pour qui sait voir, une messe c’est la Transfiguration, c’est la Résurrection, maintenant.
 
Pour finir, qu’en est-il de nos relations terrestres dans le monde céleste ? En premier lieu, elles seront purifiées de tout péché, que ce soient les haines et les rancœurs, mais aussi les attirances charnelles : nos relations seront apaisées et rendues innocentes. Les obligations juridiques nécessaires à l’ordre d’une vie humaine, aussi paisible que possible, dans le monde présent où nous luttons tous en nous-mêmes pour mener une vie droite et juste, ces obligations n’auront plus court, d’autant plus que la mort n’existera plus. Au contraire, dans le monde céleste, l’amour sera porté à sa plus haute intensité et l’amitié à sa perfection. Car la résurrection, c’est aussi la communion. Voilà ce que les Sadducéens et les Pharisiens avaient oublié. Jésus est venu non seulement le leur rappeler, mais surtout, nous inviter tous à y participer, pour notre plus grand bonheur !

Articles les plus consultés