mercredi 23 novembre 2022

20 novembre 2022 - VELLEXON - Christ Roi de l'univers - Année C

2S 5,1-3 ; Ps 121 ; Col 1,12-20 ; Lc 23,35-43
 
Chers frères et sœurs,
 
Il y a deux genres de royaumes et deux genres de rois. Le premier est celui de la terre, où le roi est fait par les hommes. Ainsi David, le roi d’Israël reçoit l’onction de la part des anciens d’Israël. Dans les Écritures, il y a un roi en Israël, parce que le peuple en a voulu un pour faire comme les autres nations païennes, Dieu l’a autorisé par miséricorde, mais cela ne lui plaisait pas, car s’il y a un roi en Israël, c’est lui, Dieu, qui est le vrai Roi. Et justement, le second royaume est celui de Dieu, qui est du ciel mais aussi sur la terre, et le roi c’est lui : Dieu ou celui qui est son Élu, celui à qui il donne lui-même l’onction.
 
Ainsi, il y a maldonne au pied de la croix : les chefs, les soldats, le mauvais larron, tous pensent au roi de le terre. Et ils attendent, en se moquant de lui, que Jésus se sauve lui-même. La moquerie va loin, puisque Jésus, ou Josué, signifie « Dieu a sauvé ». C’est pourquoi se moquer de Jésus en lui disant : « sauve-toi toi-même », c’est en même temps juste, parce que Jésus est Dieu, et en même temps un blasphème, parce que c’est dit avec dérision. 
Mais c’est plus que du blasphème, car ils se font les porte-voix du démon lui-même : « Si tu es le Messie ; Si tu es le roi des Juifs… » c’est l’expression même du diable lors des tentations au Désert : « Si tu es Fils de Dieu, ordonne à cette pierre de devenir du pain ». À l’époque saint Luc avait noté : « Ayant ainsi épuisé toutes les formes de tentations, le diable s’éloigna de Jésus jusqu’au moment fixé. » Le moment fixé, c’est celui de la croix, où à travers les chefs, les soldats et le mauvais larron, le Diable vient à nouveau tenter Jésus : « Si tu es le roi des Juifs, sauve-toi toi-même » - tu es l’Élu de Dieu, tu es Roi, tu es Jésus le sauveur… tout cela est vrai, alors… descends de la croix… ! Mais si Jésus avait fait cela, il serait devenu roi de la terre, et non plus roi du ciel. Il aurait trahi son Père et il nous aurait trahi nous, car nous n’aurions pas été sauvé du péché et de la mort, par sa croix.
 
Un seul, le bon larron, ne rentre pas dans ce jeu diabolique et confesse que Jésus est vraiment l’Élu de Dieu, c’est-à-dire roi selon Dieu, roi du ciel. C’est pourquoi il dit : « quand tu viendras dans ton royaume ». Alors Jésus lui annonce : « Aujourd’hui, avec moi tu seras dans le paradis ». Jésus lui annonce qu’à l’instant même après sa mort il entrera – avec Jésus – en vie éternelle, dans le paradis, c’est-à-dire le jardin, le vieux jardin d’Eden créé par Dieu au commencement, où vivaient Adam et Eve en paix, avec Dieu. Mais le paradis de Jésus, c’est le même jardin d’Eden débarrassé du serpent, du péché et de la mort, et transfiguré dans la lumière et l’amour de Dieu.
Il est intéressant d’écouter ce que reproche le bon au mauvais larron : « Tu ne crains donc pas Dieu ! Tu es pourtant un condamné, toi aussi ! » Le problème aux yeux des Juifs n’est pas tellement qu’ils soient condamnés à mort par l’autorité romaine. Le vrai problème – et c’est pour cela qu’il dit : « Tu ne crains donc pas Dieu », c’est que tout homme qui aura été condamné à mort et sera pendu pour cela est maudit, comme l’écrit saint Paul aux Galates : « Quant à cette malédiction de la Loi, le Christ nous en a rachetés en devenant, pour nous, objet de malédiction, car il est écrit : Il est maudit, celui qui est pendu au bois du supplice. » Ainsi donc, aux yeux des Juifs – et pensons ici aux Apôtres, aux disciples, à la Vierge Marie, Marie-Madeleine et toutes les saintes femmes qui sont dans la foule et qui le regardent – Jésus, mort en croix, est un signe de malédiction ! Et c’est un jugement terrible dans le royaume de la terre. Mais dans le royaume de Dieu, c’est l’inverse. Qui est juge à ce moment même ? …sinon Jésus qui trône sur sa croix et qui condamne ses tentateurs en ne tombant pas dans leurs pièges, et qui acquitte souverainement le bon larron : « Amen, je te le dis, aujourd’hui, avec moi, tu seras dans le paradis ». Voilà vraiment une parole de roi qui fait justice ! Les autres sont de la poussière, du néant : il ne leur répond même pas !
 
Une dernière chose me frappe. Autour de Jésus, on voit d’abord le peuple qui observe mais qui ne dit rien, puis les chefs, puis les soldats, puis le mauvais larron, et le bon larron : à chaque fois on se rapproche de plus en plus de Jésus, qui finalement, le dernier, prend la parole. Et on se dit que si on reboucle l’ensemble, la parole de Jésus revient directement au peuple, qui ne dit rien, là-bas, et qui observe. Ce que Jésus reprochait le plus aux chefs, scribes, pharisiens et autres sadducéens, c’est qu’ils s’intercalaient entre lui et le peuple. Ici on a l’impression qu’il lui parle par-dessus tous les autres, et c’est ainsi que c’est à nous aussi, par-delà l’espace et le temps, que cette parole est adressée : « Amen, je te le dis, aujourd’hui, avec moi, tu seras en paradis ».

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