Is
11,1-10 ; Ps 71 ; Rm 15,4-9 ; Mt 3,1-12
Cher
frères et sœurs,
Depuis
des siècles et des siècles le peuple de Dieu attendait la venue du Sauveur qui
le libérerait du poids de ses fautes et de tous ses ennemis, et lui donnerai de
vivre en paix sur la terre d’Israël. Le peuple de Dieu pouvait lire l’annonce
de cette promesse dans les Écritures, où était inscrite la Parole de
Dieu proclamée par les prophètes Isaïe et Malachie. Les Écritures indiquaient
que, lorsque le Sauveur viendrait, il serait précédé par le prophète Elie, qui
appellerait tout le peuple à revenir vers son Dieu, à retrouver une vie fidèle
à l’Alliance conclue avec Dieu en vue d’une vie paisible en Terre promise.
Or
voilà que Jean-Baptiste apparaît, habillé comme le prophète Elie, proclamant la
venue imminente du Sauveur, et pratiquant le baptême dans l’eau en signe de
retour vers Dieu, pour être prêt à accueillir ce Sauveur. Des illuminés qui
prophétisent la fin du monde et disent ou font n’importe quoi, il y en a
partout et tout le temps, mais lui, Jean-Baptiste, a troublé tout le monde
depuis Jérusalem jusqu’au Jourdain : beaucoup de gens, et même des
pharisiens et des sadducéens, venaient se faire baptiser par lui.
Car
Jean-Baptiste n’était pas n’importe qui. Bien sûr, il menait une vie sainte
dans des ruines près du Jourdain, se nourrissant de sauterelles et de miel,
c’est-à-dire aussi des signes inquiétants de son époque et de la Parole de
Dieu, qui est plus douce que le miel. Mais surtout Jean-Baptiste était héritier
de la tradition d’Israël et digne de foi, étant de famille de prêtres ou de Grands-prêtres
du Temple de Jérusalem ; il était également signe de Dieu en Israël, du
fait de sa naissance miraculeuse de parents âgés, comme Isaac était né
d’Abraham et de Sara. La parole de Jean-Baptiste était donc crédible, elle
avait du poids, beaucoup de poids, aux yeux de tous.
En
fait, Jean-Baptiste était comme l’hériter de tout Israël et son
porte-voix : il était la tradition incarnée, totalement nourrie de la
Parole de Dieu, vivant saintement dans le monde, et totalement tourné vers la
venue du Sauveur, pour trouver en lui la justice et la paix, la communion et la
joie. Jean-Baptiste, c’est comme la Vierge Marie : c’est un concentré
d’Israël.
Cependant,
Jean-Baptiste ne s’est pas limité à prévenir les gens de la venue du Sauveur et
de les y préparer par le bain du baptême, il a aussi désigné qui était ce
Sauveur. En effet, il parle de lui et de ce qu’il va faire : ce Sauveur va
baptiser dans l’Esprit Saint et dans le feu. Il y a deux étapes : d’abord,
il va moissonner le blé, puis séparer par le souffle de l’Esprit ce qui est bon,
le grain de blé, et ce qui est mauvais, la paille. Ensuite, d’un côté il va
remplir ses greniers avec les grains de blé, et de l’autre, il va brûler
complètement la paille. Or le blé c’est nous, avec ce qui est bon en nous, le
grain, et ce qui est mauvais, la paille. Par son Esprit Saint, Jésus qui est le
Sauveur va donc trier en nous ce qui est bon et ce qui est mauvais. Il va
garder le bon très précieusement avec lui, comme un trésor, et il va brûler –
vouer au néant – tout ce qui est mauvais, tous nos péchés.
Certains
ont peur de la fin du monde et du jour du jugement, craignant de rôtir éternellement
dans les flammes de l’enfer : mais ce n’est pas comme cela que ça marche.
Avec Jésus et son Esprit Saint, ce qui est bon est sauvé, ce qui est mauvais
est détruit. Mais pour cela, il ne faut pas repousser l’Esprit Saint, qui seul
peut faire le tri en nous, avec justice. C’est le problème de
Jean-Baptiste : sa prédication et son baptême sont destinés à réconcilier
les cœurs des hommes avec Dieu, à retrouver la sainteté de l’Alliance, pour
être prêts à accueillir le Sauveur, Jésus, et surtout son Esprit Saint
purificateur.
Aujourd’hui,
nous vivons 2000 ans après ces événements. Mais la parole de Jean-Baptiste est
toujours actuelle, parce que c’est Dieu lui-même qui nous parle à travers lui.
Dieu nous propose toujours son Alliance. Quoique nous ayons fait de mal,
quelles que soient nos faiblesses, il nous offre toujours de pouvoir revenir
vers lui, de tout notre cœur. Plus encore, il nous offre le don de l’Esprit
Saint pour faire le partage des choses bonnes et des choses mauvaises dans nos
vies, et ce don, nous pouvons le recevoir en particulier à chaque messe,
lorsque nous communions. L’Esprit Saint, quand nous le recevons par le Corps et
le Sang de Jésus, a le pouvoir de nous irriguer de paix et de joie et de repousser
nos ténèbres. L’invitation est toujours valable. La réponse ne dépend que de
nous.
Je
termine par un mot sur le fait que Jean-Baptiste n’était pas seulement
l’annonciateur de Jésus et de son Esprit Saint ; il en était aussi le
serviteur. C’était sa vocation de prêtre : il savait qu’il avait reçu
cette faculté – dont il se sentait très indigne – de pouvoir servir le Sauveur
Jésus, qui est Dieu lui-même, venu dans le monde. Son service consistait à dire
les paroles et à faire les gestes qui permettaient à l’Esprit Saint de reposer
sur Jésus, afin que le monde soit transformé et accède par lui à la vie
éternelle. Pour honorer ce service du mieux qu’il pouvait, Jean-Baptiste
pratiquait lui-même le premier, le baptême de conversion qu’il annonçait aux
autres. C’est pourquoi Jésus, un jour, a dit de lui : « Parmi ceux
qui sont nés d’une femme, personne ne s’est levé de plus grand que Jean le
Baptiste ».