lundi 26 décembre 2022

24 décembre 2022 - PESMES - Messe de la Nuit de la Nativité - Année A

Is 9,1-6 ; Ps 95 ; Tt 2,11-14 ; Lc 2,1-14
 
Chers frères et sœurs,
 
Il y a tant de choses à dire sur Noël ! Ce soir, je vous partage trois mystères.
 
Le premier concerne la date du 25 décembre. Depuis des décennies nous sommes victimes de désinformation. On veut nous faire croire que la date du 25 décembre a été choisie pour christianiser la fête païenne du « Sol Invictus » – le soleil invaincu – qui marque le solstice d’hiver. Eh bien, c’est faux : c’est l’inverse.
Depuis les origines les chrétiens d’occident fêtent la nativité de Jésus le 25 décembre. Lorsque dans les années 275, l’empereur païen Aurélien s’est aperçu que la foi chrétienne devenait de plus en plus forte, il a voulu faire la promotion dans tout l’Empire romain d’une vieille fête du culte oriental du soleil, la fête du « Sol Invictus », qui se fêtait le 21 décembre, en la déplaçant au 25 décembre. La tentative a fait flop, refusée même par les païens romains traditionnels. Un siècle plus tard l’empereur Julien l’Apostat a retenté le même coup, pour le même résultat. Aujourd’hui, on veut nous faire croire que l’Église a christianisé une grande fête païenne... C’est malheureusement une opération classique de désinformation pour tenter d’étouffer la fête de la naissance de Jésus.
Mais alors, comment avons-nous déterminé la date du 25 décembre ? Une découverte archéologique nous donne la clé :  dans les manuscrits de la grotte de Qumran, près de la Mer Morte, on a retrouvé un calendrier du service du Temple de Jérusalem, dans lequel était répertoriées les périodes où devaient officier les différentes classes de prêtres. Or la classe d’Abia, celle de Zacharie, père de Jean-Baptiste, officiait – dans notre calendrier – à la fin du mois de septembre. Dans les Églises orientales, la conception de saint Jean-Baptiste est justement fêtée le 23 septembre. On rajoute 9 mois, et cela nous donne la fête de la naissance de Jean-Baptiste le 24 juin. Ce qui est le cas aussi dans notre calendrier. Or la mère de Jean-Baptiste, Elisabeth, est enceinte de six mois quand Marie vient la visiter juste après l’Annonciation : cela donne pour cette fête le 25 mars et par conséquent la naissance de Jésus, 9 mois plus tard, le 25 décembre. Vous allez me dire que je glisse sur les jours : 23 septembre, 24 juin, 25 mars et 25 décembre. Oui, mais la correspondance entre les anciens calendrier et le nôtre aujourd’hui n’est pas absolue, car aucun des calendriers anciens n’était régulier, et nul ne savait vraiment quel jour exact on était. Cependant il reste que cette manière d’établir la date de la fête de Noël est traditionnelle dans l’Église, car c’est bien ainsi que comptait saint Jean Chrysostome, patriarche de Constantinople vers l’an 400. Et cela n’a rien à voir avec la fête ravaudée du « Sol Invictus ».
 
Le deuxième mystère concerne la lumière de Noël : lorsque l’Ange du Seigneur se présenta devant les bergers, « la gloire du Seigneur les enveloppa de sa lumière ». Alors, « ils furent remplis d’une grande crainte », c’est-à-dire qu’ils sont impressionnés, profondément bouleversés, par la présence de Dieu. Cette lumière est très particulière : c’est Celle de la création, lorsque Dieu dit : « Que la lumière soit ». C’est la lumière de la vie divine, lumière créatrice par laquelle toute chose et tout être existe et sans laquelle il n’y a que néant. Nous retrouvons cette lumière au Buisson ardent, lumière qui attire Moïse, et dans laquelle il va rencontrer le Seigneur. Il va la retrouver au Mont Sinaï et son visage en sera tellement marqué, tellement rayonnant, qu’il devra voiler sa face pour ne pas effrayer les hébreux, au désert. Cela veut dire que Moïse a vu le Seigneur face à face, dans sa gloire. C’est encore la même lumière qui éblouit Pierre, Jacques et Jean sur la montagne de la Transfiguration, où Jésus apparaît éblouissant, entre Moïse et Elie. Et c’est encore la même au matin de la résurrection : lumière étincelante de l’Ange du Seigneur qui terrorise les gardes du tombeau de Jésus ressuscité d’entre les morts. Car cette lumière divine est toujours la lumière créatrice, la lumière vivifiante de Dieu. Sur les icônes orientales, elle est toujours représentée en bleu, et elle indique la grâce de Dieu, la vie de Dieu. Ici, d’une certaine manière l’Esprit Saint se rend visible.
Alors nos braves bergers, dans la nuit de Noël, sous l’immensité du ciel étoilé, les voilà enveloppés dans la lumière de la gloire du Seigneur. On comprend leur crainte car les voilà propulsés dans l’expérience de Moïse, Pierre, Jacques et Jean, dans la lumière de la création et de la résurrection. Car aujourd’hui, en cette nuit, Dieu s’est fait homme, pour que l’homme égaré puisse retrouver le chemin de Dieu.
 
Et maintenant troisième mystère. J’ai expliqué que la lumière de Noël était la même lors de la Création et lors de la Résurrection de Jésus. Mais avez-vous remarqué combien l’évangile des bergers venant à la crèche ressemble à celui des Apôtres venant au tombeau de Jésus ressuscité ? Dans les deux cas, voilà des hommes dont la vocation est de garder et conduire des brebis vers de bons pâturages, attirés les uns par la voix de l’ange, les autres par le témoignage des saintes femmes, à venir voir un phénomène extraordinaire. Les deux se rendent rapidement, alors qu’il fait encore nuit, jusqu’à une grotte, où se trouve pour les uns un nouveau-né emmaillotté, couché dans une mangeoire, et pour les autres l’absence du corps du premier-né d’entre les morts, sur la couche duquel il ne reste que le saint suaire. Et voilà que les uns et les autres vont repartir en rendant grâce à Dieu, pour annoncer la nouvelle jusqu’au bout du monde, afin que nous puissions chanter tous ensemble, avec les anges : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre aux hommes qu’il aime ».
Et c’est tellement vrai que ce soir, les bergers, c’est vous. Vous êtes venus dans cette église de pierre comme si elle était une grotte en pierre. Et sur l’autel, où un linge sera déployé, le corporal, va bientôt reposer le Corps de Jésus. Et la lumière vivifiante qui éblouit, la gloire de Dieu, nous ne la voyons pas tellement nous sommes dedans, et tellement elle est en nous. Ce soir, nous en faisons partie, avec tous les saints : Joyeux Noël !

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