Ez
37,12-14 ; Ps 129 ; Rm 8,-11 ; Jn 11,1-45
Chers
frères et sœurs,
Qui donc est ce Jésus, qui se comporte de
manière surprenante et qui accomplit des actions extraordinaires ? Qui
donc est ce Jésus qui connait l’histoire cachée de la Samaritaine, la femme aux
cinq maris, qui vit avec un homme qui n’est pas son mari ? Qui donc est ce
Jésus qui avec de la salive fait de la boue et rend la vue à un aveugle de
naissance ? Qui donc est ce Jésus qui sait les choses à distance et qui
par la seule puissance de sa prière et de sa parole fait revenir un mort à la
vie ? C’est tout le mystère de Jésus, qui est en même temps homme et en
même temps Dieu.
Qui peut douter que Jésus est homme ?
Devant Marie et ses amis qui pleurent la mort de Lazare, Jésus est bouleversé
et il pleure aussi abondamment. Les Juifs présents remarquent l’affection qu’il
avait pour Lazare : « Voyez
comme il l’aimait ». Et en même temps qui peut douter que Jésus est
Dieu ? Il sait à distance que Lazare est mort, et déjà il annonce à ses
disciples qu’il va le ramener à la vie. A Marthe, qui dit qu’elle croit que
Lazare ressuscitera au dernier jour, Jésus répond : « Moi, je suis la résurrection et la vie ».
Devant le tombeau de Lazare, il donne des ordres pour enlever la pierre, il
s’adresse à son Père dans la prière, et il ordonne « Lazare, viens dehors ». Qui peut faire revivre un mort par sa
seule voix, sinon Dieu lui-même ?
Je n’ai pas commenté le fait que Jésus,
devant Marie et ses amis qui pleurent, fut « saisi d’émotion en son esprit et il fut bouleversé ». La
traduction n’est pas très bonne. En Araméen, nous avons plutôt « il s’affermit en son esprit et il fut
troublé en son âme ». Saint Jean nous a décrit deux réalités. La
première est que devant la douleur de Marie et de ses amis, Jésus en tant que
Dieu est affermi en esprit : il est rempli de la force de l’Esprit Saint,
l’Esprit qui est vie. Et en tant qu’homme, il est troublé dans son âme, il est
bouleversé et il se met à pleurer abondamment. De nouveau, arrivé près du tombeau
saint Jean nous dit qu’il est repris par l’émotion. Traduisons plutôt que
Jésus est à nouveau saisi par la puissance de l’Esprit Saint. C’est l’homme
Jésus qui vient au tombeau, mais c’est aussi le Dieu de lumière et de vie qui
vient chercher Lazare dans les ténèbres de la mort.
Arrêtons-nous ici sur deux points.
Le premier est qu’entre Lazare et Jésus, le
prochain qui va bientôt se trouver au tombeau sera Jésus, après sa Passion.
Nous ne savons pas comment Jésus est ressuscité d’entre les morts. Mais ici, en
fait, nous voyons Dieu à l’œuvre. Et Jésus le sait. La gloire de Dieu est à
l’œuvre pour Lazare comme elle le sera pour lui au jour de Pâques. On roule la
pierre. Et un cri se fait entendre : « Lazare, viens dehors » ; c’est la parole de Dieu, créatrice
de vie nouvelle. Lazare sort du tombeau enveloppé de son suaire, encore tout
attaché par les bandelettes. Mais il sera tout autant question de suaire et de
bandelettes pour Jésus. « Déliez-le
et laissez-le aller ». On pense aux anges qui ont délivré Jésus et à
Marie Madeleine à qui Jésus interdit de le toucher, pour pouvoir le laisser
aller. La résurrection de Lazare, c’est la répétition générale de la
résurrection de Jésus. Et Jésus sait qu’il est mortel en tant qu’homme. Mais il
sait aussi qu’il est vie éternelle en tant que Dieu. La vie de Dieu est plus
forte que la mort.
Le second point est une phrase curieuse qui
passe presque inaperçue. A Jésus, affermi en esprit et bouleversé, qui demande
« où l’avez-vous déposé » ?
Marie et ses amis lui répondent « Seigneur,
viens, et vois ». Si on retranscrit en Araméen le début de cette
phrase, cela donne : « Marane
tha, et vois ». « Marane, Seigneur » et « Tha, viens ». « Marana tha, Viens Seigneur Jésus ».
C’est la dernière phrase de l’Apocalypse de Saint Jean.
Chers frères et sœurs, nous attendons la
venue de Jésus rempli de l’Esprit Saint pour nous sauver des ténèbres de la
mort, pour nous rassembler tous dans la vie, et que nous ne soyons plus séparés
par la mort. A ceux qui pleurent, comme Marie et ses amis, Jésus ému jusqu’aux
larmes, notre Dieu, va répondre par la résurrection.
Chers frères et sœurs, nous allons entrer
dans le temps de la Passion, où Jésus, va se révéler comme un homme, faible
extérieurement, quoique fort intérieurement, mais dans une lutte terrible où sa
volonté humaine va accepter de s’aligner sur la volonté unique de Dieu, qui est
de donner sa vie librement, par amour, pour sauver tous les hommes du péché.
C’est avec terreur et impuissance que nous allons accompagner Jésus jusqu’à sa
croix. Mais aujourd’hui, nous savons déjà que la puissance de sa résurrection
va détruire la mort et renouveler la vie. Et ce sera, comme aujourd’hui,
l’heure de la gloire de Dieu. Heure que nous attendons pour nous-mêmes et pour tous
ceux que nous aimons. Amen.