vendredi 14 avril 2017

13 avril 2017 - VELLEXON - Jeudi Saint - Cène du Seigneur - Année A

Ex 12,1-8.11-14 ; Ps 115 ; 1Co 11,23-26 ; Jn 13,1-15

Chers frères et sœurs,

Le peuple de Dieu était réduit en esclavage en Egypte. Les Hébreux étaient obligés de tuer tous leurs garçons à la naissance, et ne laisser vivre que les filles. La peur était telle qu’ils n’osaient pas se révolter. Seul le Seigneur pouvait les sauver. C’est ce qu’il a fait, avec l’aide de son serviteur Moïse, parce qu’il est un Dieu fidèle.
En cette nuit de Pâques, le Seigneur a porté un jugement contre les Egyptiens. Il a demandé aux Hébreux de se réunir en famille, de sacrifier au coucher du soleil un agneau âgé d’un an, sans défauts, de marquer de son sang les montants des portes des maisons, et de le manger à la hâte avec du pain sans levain. Et pendant cette nuit, Dieu a frappé les premiers-nés des Egyptiens, en épargnant les maisons marquées par le sang de l’agneau. Le sang de l’agneau était protecteur. Alors, les Egyptiens demandèrent aux Hébreux de partir vite. C’est ainsi que Dieu libéra son peuple.
Chaque année, pour se souvenir de cette nuit terrible en Egypte, les juifs se réunissent en famille, se purifient en prenant un bain puis –  le soir de la fête étant venu – sacrifient un agneau avant de le manger en hâte, dans la nuit comme autrefois, avec du pain sans levain. C’est Pessah, la Pâque du Seigneur.

Jésus et ses disciples sont donc montés à Jérusalem pour fêter la Pâque. Ils se sont purifiés et les voici réunis pour le souper, en attendant demain soir le sacrifice des agneaux et le grand repas de la nuit de Pâque.
Mais voilà tout à coup que Jésus bouscule la tradition. Il accomplit les rites du repas de Pâques avec vingt-quatre heures d’avance : Il n’a pas d’agneau mais il prend le pain sans levain et il dit : « Ceci est mon corps ». Puis il prend la coupe de bénédiction, qui clôture traditionnellement le repas, en disant : « Ceci est mon sang, le sang de l’alliance nouvelle ».
En fait, Jésus dit que le pain et le vin sont le corps et le sang de l’agneau, et en même temps qu’ils sont aussi son corps et son sang. Jésus dit que l’agneau de Pâque, le vrai agneau de Pâque : c’est lui. Et d’ailleurs, demain soir, au coucher du soleil, au moment même où les agneaux seront sacrifiés dans le Temple, Jésus mourra sur la croix.
Que s’est-il passé ? Les Hébreux qui sont esclaves en Egypte, sont les prophètes de tous les hommes qui sont esclaves du péché et de la mort, et qui vivent dans la peur. Le soir de la Pâque de Jésus, de l’unique vraie Pâque du monde, Dieu va passer pour détruire le péché et la mort ; et tous ceux qui auront été purifiés dans le bain du baptême et qui communieront au corps et au sang de Jésus, en seront totalement libérés. Et l’agneau de Pâque, innocent et sans défaut, qui donne sa vie et son sang pour que les baptisés soient sauvés du péché et de la mort, c’est Jésus lui-même.

Pourquoi Jésus veut-il laver les pieds de ses disciples avant de célébrer ce repas si particulier ? N’est-ce pas que les disciples se sont baignés avant, dans la journée ? Mais il y a toujours les pieds qui sont sales. Evidemment.
Nous aurions beau nous purifier tout entier, il reste toujours, au plus profond de notre humanité, une part qui touche le sol, dont on ne peut pas se détacher : la racine du péché en nous, qui repousse tout le temps. Seul Jésus peut nous délivrer de cette ronce mortelle, pour que nous puissions être vraiment libres et avoir part à son Royaume de vie éternelle.
Seul Jésus peut nous délivrer, et il le fait en s’humiliant à nos pieds ; et nous, en acceptant de nous laisser laver les pieds par lui, en acceptant qu’il descende jusqu’au plus profond de notre vie et de notre cœur. Jésus fait cela par le baptême et la confirmation, et il le réitère au besoin par le sacrement de la réconciliation. Nul ne peut avoir part dans son Royaume avec Jésus s’il n’est pas d’abord réconcilié avec lui et par lui.
Alors oui, c’est humiliant de se laisser laver les pieds par Jésus. Et saint Pierre s’y oppose dans un premier temps. Mais il voit bien qu’il doit se laisser faire. Quant à Jésus, il faut qu’il accepte de se dévêtir, c’est-à-dire de quitter sa divinité, pour devenir homme au milieu des hommes, de descendre ensuite parmi les plus rejetés des hommes, condamné comme un pécheur à la croix, et plus encore, de descendre parmi les morts, au plus profond des enfers, pour aller laver les pieds d’Adam et Eve et leur annoncer, dans la nuit profonde de leur tombeau, leur libération et leur retour au paradis.


Chers frères et sœurs, vous vous souvenez qu’avant de chanter le chant de l’Agneau de Dieu, durant lequel l’hostie est rompue, nous nous donnons la paix ? Hé bien ce geste, c’est le lavement des pieds que nous nous faisons les uns les autres, en nous souvenant de ces paroles : « Pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensé ». L’Hostie qui est rompue, c’est l’Agneau de Pâque qui est sacrifié, avant et pour que nous puissions communier à la table du Seigneur, et recevoir de lui la vie éternelle. Amen.

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