Ac 2,
42-47 ; Ps 117 ; 1P, 3-9 ; Jn 20,19-31
Chers
frères et sœurs,
Depuis son entrée à Jérusalem, le dimanche
des Rameaux, jusqu’à sa résurrection, à Pâques, nous avons suivi Jésus pas à
pas. Chronologiquement, ce sont les saintes femmes qui, les premières, ont
constaté un problème au tombeau de Jésus. Là, un ange leur est apparu pour leur
annoncer sa résurrection. Immédiatement, elles ont prévenu les Apôtres. Pierre
et Jean se sont précipités à leur tour au tombeau. En voyant les linges tombés à
plat sur eux-mêmes, Jean a cru. Pierre est resté sceptique.
Après leur départ, Marie-Madeleine a
bénéficié d’une apparition de Jésus. Mais les disciples n’ont pas voulu la
croire. Pendant que deux d’entre eux sont partis à Emmaüs, pleins
d’interrogations, d’après saint Paul, saint Pierre a bénéficié à son tour d’une
apparition. Le soir venu, nous les retrouvons tous réunis au Cénacle. Nous
pouvons imaginer sans peine l’effervescence dans les esprits : que faut-il
croire ?
C’est alors que Jésus apparait. Sa première
parole est « La paix soit avec vous ».
C’est très important. En effet, la dernière fois que Jésus et ses disciples
étaient ensemble, au jardin des Oliviers, ceux-ci l’ont abandonné à son sort et
se sont enfuis. Il aurait pu les juger, les condamner comme des traîtres. Mais
non : « La paix soit avec vous ».
C’est pour cette parole de pardon que l’on appelle ce dimanche, le dimanche de
la Miséricorde.
La seconde parole de Jésus est tout aussi
importante : « La paix soit
avec vous ; De même que le Père m’a envoyé, moi aussi je vous envoie.
Recevez l’Esprit Saint. A qui vous remettrez ses péchés, ils seront
remis ; à qui vous maintiendrez ses péchés, ils seront maintenus ».
L’évangélisation, fruit du pardon accordé par Jésus à ses disciples, est l’annonce
de ce pardon désormais offert à tous les hommes. La force et la joie de
l’évangélisation trouvent leur racine dans ce pardon de Jésus. Souvenez-vous de
saint Paul sur le chemin de Damas : lui qui était persécuteur de chrétiens
est devenu, grâce au pardon de Jésus pour lui, l’apôtre inépuisable que nous
connaissons. Pour Paul, évangéliser, c’est rendre grâce à Dieu, dans la joie et
sans limite de générosité, pour le merveilleux pardon qu’il a reçu.
Mais dans le groupe des disciples, il
manquait Thomas. Thomas est un homme juste et généreux, et aussi un homme qui a
besoin de choses concrètes pour comprendre et diriger son action. Il a besoin
de voir pour croire. On peut imaginer qu’il a passé une semaine difficile… au
milieu des autres apôtres qui, eux, ont vu Jésus vivant ! C’est alors que,
le dimanche suivant, Jésus apparaît de nouveau. Bien qu’il soit passé à travers
les murs, comme il est passé à travers le linceul, Jésus invite Thomas à le
toucher : il n’est pas un fantôme. Il a son corps, qui a des propriétés
particulières certes, mais qui est un corps réel. D’ailleurs, saint Luc dit que
Jésus a aussi mangé un poisson grillé devant ses disciples. On imagine saint
Thomas bouche bée. Jésus lui dit : « Cesse d’être incrédule, sois croyant ». Cette parole est
importante : elle indique que c’est Jésus qui fait de Thomas un croyant.
Jésus est la source de la grâce qui donne la foi. Alors Thomas est
libéré : il s’écrie : « Mon
Seigneur et mon Dieu ! ». Bientôt, il annoncera l’Evangile de la
résurrection de Jésus en Orient, aux Indes et jusqu’en Chine.
Chers frères et sœurs, saint Jean nous a
donné le secret de l’évangélisation. L’annonce de la résurrection de Jésus est
le fruit de son pardon. Celui qui est pardonné – comme l’aveugle qui retrouve
la vue ou le grabataire qui se remet à marcher – est alors rempli de joie. C’est
la joie qui donne force à son témoignage. Il ne s’agit donc pas de justifier
par des tas d’arguments la résurrection de Jésus, mais d’annoncer simplement le
fait : « Jésus était mort, et maintenant il est vivant. J’étais
pécheur et maintenant je suis pardonné. J’étais malade et maintenant je suis
guéri. J’étais triste et maintenant je suis rempli de joie ». Ensuite,
pour les gens qui écoutent l’annonce de la résurrection, leur renaissance dans
la foi appartient à eux et à Dieu. C’est leur secret. Si Jésus décide qu’ils
deviennent croyants, il leur donnera sa grâce. Eux sont libres de croire ou de
refuser de croire.
Il est remarquable que l’évangélisation n’est
pas simplement une activité individuelle. Elle est aussi une activité
communautaire. Le groupe des Apôtres qui suivait Jésus l’avait abandonné. Il se
réunissait ensuite dans la tristesse et la peur. Mais avec Jésus vivant au
milieu d’eux, ils éclatent de joie. Dès lors, nous dit saint Luc, l’Eglise est
rayonnante : elle est assidue à l’enseignement des Apôtres et à la charité
fraternelle, par le partage des biens. Elle célèbre quotidiennement l’eucharistie
et participe aux prières au Temple. Et c’est ainsi que « Chaque jour, le Seigneur, leur adjoignaient
ceux qui allaient être sauvés », c’est-à-dire les baptisés. Encore une
fois, à partir du témoignage de l’Eglise, c’est le Seigneur lui-même qui
convertit les cœurs.
Seigneur, donne-nous ton pardon et ta paix,
afin que rayonnants de joie et de charité, nous annoncions ton nom avec
assurance. Alors, par ta grâce, tu pourras faire grandir ton Eglise. Le monde
en a besoin. Amen.