mardi 6 mai 2025

04 mai 2025 - PESMES - 3ème dimanche de Pâques - Année C

Ac 5, 27b-32.40b-41 ; Ps 29 ; Ap 5, 11-14 ; Jn 21, 1-19
 
Chers frères et sœurs,
 
Il était de tradition, dans les premiers siècles de l’Église en Gaule, de lire le livre de l’Apocalypse durant le temps de Pâques. Une des raisons est que ce livre donne une des clés les plus importantes pour comprendre la liturgie eucharistique. Dans son langage original, l’Apocalypse enseigne que les rites que nous accomplissons sur terre lors d’une messe, correspondent exactement à ceux qui se déroulent éternellement dans le ciel.
De même que le Temple et ses rites avaient été établis par Moïse à partir de la vision qu’il avait eue au Mont Sinaï, de même, l’architecture des églises et la liturgie qu’on y célèbre proviennent non pas seulement du dernier repas de Jésus avant la Pâque, mais aussi de la vision que les Apôtres ont eu de sa glorification, de son ascension dans le ciel. Ainsi, les anges acclamaient Jésus, l’Agneau immolé, lorsqu’il montait s’asseoir à la droite du Père pour inaugurer un règne de Paix ; de même, les chrétiens assemblés chantent l’Agneau de Dieu, qui enlève les péchés du monde, en le priant de lui donner sa Paix.
 
J’ai dit « les chrétiens assemblés » : « assemblés », c’est-à-dire « en Église ». Nous retrouvons justement cette mention dans l’évangile d’aujourd’hui, où il est dit : « Il y avait là ensemble, Simon-Pierre, avec Thomas appelé Didyme, Nathanaël de Cana de Galilée, les fils de Zébédée, et deux autres de ses disciples. » Notons qu’ils sont sept, comme le livre de l’Apocalypse cite sept Églises pour évoquer l’ensemble de toutes les Églises. Il est donc question ici de l’universalité de l’Église, de son ouverture à toutes les nations, de sa mission.
On voit alors Pierre partir pêcher ou prêcher, proclamer l’évangile dans le monde. Volontaires, les autres désirent l’accompagner. Mais ils ne prennent rien. Leur travail est stérile parce qu’il se fait au mauvais moment et sans l’ordre de Jésus. Pour que la pêche soit fructueuse, il faut attendre le « lever du jour », c’est-à-dire celui de la résurrection de Jésus, le dimanche, et son ordre : « Jetez le filet à droite de la barque. » « À droite de la barque », c’est-à-dire au nord, en direction d’Antioche et de la Syrie, en direction des nations païennes. Les disciples tireront bientôt de l’eau 153 poissons, nombre qui correspond à celui du total des nations répertoriées traditionnellement par Pline le géographe. La première partie de l’évangile correspond donc à la prédication des Apôtres, à l’annonce de l’Évangile. C’est la première partie de la messe, pour nous le temps des lectures.
 
Quand Pierre eut compris que Jésus était présent, il se ceignit de son vêtement, comme Jésus s’était ceint d’un linge pour le lavement des pieds. Il peut s’agir d’un vêtement de lin ou d’une tunique. Dans les deux cas, pour un hébreu, la référence au vêtement des prêtres est immédiate. Pierre change de lieu : il était sur la mer ; le voilà maintenant sur la terre. Avant il était à l’extérieur du Temple ; maintenant il est dans le sanctuaire. Là se trouvent le feu de braises et du poisson posé dessus, comme dans le Temple se trouvent le feu pour l’encens et l’offrande présentée à Dieu. Il y a un jeu de mots en grec, « offrande » se dit « θύος » et « poisson » se dit « ιχθύς ». Vous savez bien que ιχθύς pour les premiers chrétiens se comprenait : « Ièsous Christos Theou Uios Sôter » : Jésus Christ Fils de Dieu Sauveur. Donc, Pierre, revêtu de sa tunique, se trouve symboliquement ou rituellement dans le sanctuaire parfumé d’encens, où l’offrande eucharistique est présentée à Dieu par Jésus lui-même.
Alors Jésus demande à ce que soient apportés les 153 poissons, c’est-à-dire toutes les églises, tous les saints des églises, tous les baptisés, pour qu’ils participent eux aussi à l’offrande du repas, celui des noces de l’Agneau, à la communion des saints. Il n’y a qu’une seule Église du Christ, qu’une seule communion des saints, qu’un seul repas ; c’est pourquoi le filet ne s’est pas déchiré.
Avant que commence le repas, saint Jean précise que les disciples savaient qu’ils étaient en présence de Jésus : « Ils savaient que c’était le Seigneur. » Le Syriaque dit : « Ils croyaient que c’était lui. » En effet, la foi est la condition nécessaire pour pouvoir participer à l’Eucharistie. Nous aussi, nous faisons notre profession de foi, avant la prière eucharistique. Alors Jésus peut prendre le pain, le syriaque dit qu’il prononça la bénédiction, et il leur donne, ainsi que le poisson : c’est la prière eucharistique et la communion.
 
Voilà chers frères et sœurs comment anous pouvons lire l’Évangile de ce dimanche, où la messe des premiers temps apostoliques est la même que celle de notre temps et celle des temps à venir, parce que la liturgie de la terre, en tout temps et en tous lieux, correspond exactement à celle qui est éternelle, celle du ciel.

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