mardi 2 novembre 2021

31 octobre 2021 - VALAY - 31ème dimanche TO - Année B

Dt 6,2-6 ; Ps 17 ; Hb 7,23-28 ; Mc 12,28b-34
 
Chers frères et sœurs,
 
Aujourd’hui, nous assistons à la rencontre entre un scribe et Jésus. On pourrait dire qu’il s’agit d’une rencontre entre l’Ancien Testament et le Nouveau. Tous deux vont directement à l’essentiel : « Quel est le premier de tous les commandements ? » C’est-à-dire non pas seulement le premier dans une liste, mais le premier comme racine de tous les autres, le commandement le plus fondamental, le commandement le plus vital, duquel tous les autres commandements dépendent, pour entrer dans la vie éternelle.
 
Jésus répond en récitant le Shema Israël – « Écoute Israël » – qui est consigné dans le Livre du Deutéronome. Le Shema Israël est pour les Juifs un peu l’équivalent du Credo et du Notre Père pour nous. Le Shema est récité le matin, au coucher, et à l’heure de la mort. Cependant, à ce premier commandement de l’amour de Dieu, Jésus ajoute une prescription du Lévitique : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même », en précisant que ce second commandement est semblable au premier.
Aimer son prochain découle de l’amour premier que l’on a pour Dieu, mais comme le second commandement est semblable au premier, ils constituent une vérification l’un pour l’autre. Nul ne peut vraiment aimer son prochain s’il n’aime pas Dieu d’abord ; et il n’aime pas vraiment Dieu celui qui n’aime pas non plus son prochain. 
Le scribe acquiesce à l’enseignement de Jésus : tous les deux, ils sont d’accord. Et pour ratifier cette entente, le scribe répète l’enseignement de Jésus, en ajoutant toutefois une observation : « Aimer Dieu et son prochain… vaut mieux que toute offrande d’holocaustes et de sacrifices. » Cette observation émerveille Jésus qui lui répond : « Tu n’es pas loin du Royaume de Dieu. » Il nous faut expliquer cela.
 
Tout d’abord, nous devons observer que le Livre du Deutéronome, Jésus et le scribe disent des choses un peu différentes quand ils décrivent la manière dont nous devons aimer Dieu. Le Deutéronome dit que l’homme doit aimer Dieu « de tout son cœur, de toute son âme et de toute sa force ». Jésus dit « de tout son cœur, de toute son âme, de tout son esprit et de toute sa force », et le scribe : « de tout son cœur, de toute son intelligence et de toute sa force ». Vous voyez bien les différences qui portent sur l’ajout de l’esprit par Jésus et par la mention de l’intelligence à la place de l’âme pour le scribe. Ces variations s’expliquent de deux manières. 
La première est que la conception de l’homme est différente chez les Hébreux et chez les Grecs. Par exemple, pour un Hébreu, le siège de l’intelligence est dans le cœur et non pas dans l’esprit, comme pour un Grec. Ainsi quand on a traduit les paroles de Jésus de l’araméen en grec, pour garder le sens authentique de ses propos, il a fallu accommoder les mots. Cela peut expliquer les variations. 
Une deuxième raison réside dans l’insistance pour Jésus qu’il faut aimer Dieu « en esprit », on pourrait traduire : « avec l’aide du Saint-Esprit ». Le scribe reconnaît cela en évoquant l’intelligence, car on n’est vraiment intelligent que lorsque notre esprit est éclairé par le Saint Esprit.
 
On comprend alors pourquoi le scribe dit que l’amour de Dieu – exercé avec intelligence – et l’amour du prochain sont plus importants que toute offrande d’holocaustes et de sacrifices. 
D’abord parce que le commandement de l’amour de Dieu est premier par rapport à toutes les prescriptions cultuelles. En effet, on ne pratique le culte qu’en dépendance de l’amour qu’on a pour Dieu, sinon ce culte est hypocrite et absurde. 
Et ensuite parce que l’amour véritable pour Dieu est celui de l’homme éclairé dans son intelligence par l’Esprit Saint, Esprit qui ne peut être obtenu que par l’offrande et le sacrifice de Jésus sur la Croix. Il n’est donc pas besoin de faire ensuite de nouveaux sacrifices puisque Jésus s’est offert une fois pour toutes, pour toute l’humanité. Cependant, ce même Esprit Saint obtenu par l’offrande de Jésus, nous fait entrer à notre tour dans le véritable amour. Le même amour que celui de Jésus, où comme lui, avec lui, par lui et en lui, nous faisons à notre tour l’offrande de notre vie et le don de nous-mêmes à Dieu, pour tous ceux qu’on aime. Jésus l’a dit : « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis. » 
Ainsi, les rites anciens, extérieurs, apparaissent comme des prophéties depuis que Jésus les as accomplis, mais son Esprit Saint nous les fait vivre intérieurement avec lui dans toute notre vie. L’Esprit nous pousse à faire de toute notre vie un sacrifice d’action de grâce – une eucharistie – par amour pour Dieu et pour notre prochain.
 
Chers frères et sœurs, avec les Juifs, nous parlons le même langage et nous avons le même Dieu : l’essentiel est l’amour de Dieu et du prochain. Tout le reste en découle. Eux attendent encore l’Esprit Saint. Nous, nous le recevons depuis la Pentecôte, notamment par les sacrements. C’est cet Esprit Saint qui nous permet d’accomplir notre vocation dans l’amour : nous réconcilier avec Dieu et les uns avec les autres, par le don de nous-mêmes, pour pouvoir revivre éternellement ensemble dans son Royaume. Dans la lumière, la paix et la joie.

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