Ap
7,2-4.9-14 ; Ps 23 ; 1Jn 3,1-3 ; Mt 5,1-12a
Chers
frères et sœurs,
Lorsque
le peuple Hébreu a quitté l’Égypte, il s’est rendu au pied de la montagne du
Sinaï. Là, Moïse est monté sur la montagne pour se mettre à l’écoute de la
Parole de Dieu. C’est là qu’il a vu son visage et qu’il a reçu de lui les Dix
commandements gravés par Dieu sur des tables de pierre. Et ces Dix commandements étaient la charte de vie du peuple Hébreu, du peuple de Dieu.
Aujourd’hui,
il en va de même dans l’Évangile. Des foules nombreuses ont quitté leurs
villages et leurs occupations pour se rendre au pied de la montagne où Jésus se
trouve. Là, comme Moïse, les disciples montent sur la montagne pour se mettre à
l’écoute de la Parole de Dieu, à l’écoute de l’enseignement de Jésus.
Et
c’est là que – par l’enseignement des Béatitudes – Jésus qui est Dieu se fait
connaître aux Apôtres. En effet, à travers chaque Béatitude, il dévoile un
trait de son visage. C’est lui Jésus qui est pauvre de cœur, qui pleure, qui
est doux, qui a faim et soif de justice, qui est miséricordieux, qui a le cœur
pur, qui est artisan de paix, et qui est persécuté pour la justice. Si nous
voulons savoir qui était Jésus : nous avons là son portrait. Et c’est
aussi celui de Dieu son Père, qui est aussi le nôtre.
Ainsi
donc, avant tout, les Apôtres découvrent à travers l’enseignement de Jésus qui
il est, et qui est Dieu, vraiment. Nous disons : « Dieu, personne
ne l’a jamais vu ! » Oui, mais par les Béatitudes, nous savons
comment il est.
Ensuite,
nous voyons que les Béatitudes sont comparables aux Dix commandements, qui
formaient la charte du Peuple de Dieu. Sauf que les Béatitudes ne sont pas
inscrites sur des tables de pierre, elles sont inscrites directement dans nos
cœurs, dans nos vies.
Chacun
d’entre-nous est plus particulièrement proche d’une ou plusieurs Béatitudes.
Ainsi, nous ressemblons chacun un peu ou beaucoup à Jésus, selon notre vocation
particulière. Certains sont pauvres de cœurs, d’autres miséricordieux, d’autres
un peu des deux, etc. Mais quand nous sommes réunis tous ensemble, nous
recomposons l’ensemble des Béatitudes, et nous formons ainsi le nouveau peuple
de Dieu selon les Béatitudes, dans le monde présent.
Nous
sommes le peuple des Béatitudes, nous ressemblons collectivement à Jésus, et
nous donnons ainsi Jésus à voir autour de nous. L’Église, c’est le corps du
Christ vivant et présent dans notre temps.
Or,
vous le savez, Jésus a été trahi et livré aux Grands prêtres, à Pilate et à la
foule durant sa Passion. Il a été accusé faussement, jugé, moqué, frappé, et
même tué. Aujourd’hui, dans l’enseignement des Béatitudes, il n’oublie pas
cela : il l’annonce même : « Heureux êtes-vous si l’on vous
insulte, si l’on vous persécute, et si l’on dit faussement toute sorte de mal
contre vous à cause de moi. » En effet, si cela est arrivé à
Jésus, cela nous arrivera à nous aussi.
Il
est arrivé souvent aux chrétiens d’être persécutés en raison de leur fidélité à
Jésus. Ce fut vrai aux premiers temps de l’Église ; mais aussi à de
nombreuses reprises au cours de son histoire. L’Église fait mémoire de très
nombreux martyrs dont les noms sont inscrits au calendrier. Encore aujourd’hui,
des chrétiens sont persécutés à l’étranger, par exemple en Chine, en Corée du
Nord, en Inde, en Iran, en Irak, en Syrie, en Turquie, en Égypte, en Lybie,
dans de nombreux pays d’Afrique, au Nigéria par exemple. Mais aussi chez nous
en France : souvenons-nous du Père Hamel, des martyrs de la Basilique
Notre-Dame de Nice, du Père Olivier Maire, et bien d’autres chrétiens encore,
souvent anonymes, victimes de violences en raison de leur amour et de leur
fidélité à Jésus-Christ.
Ne
nous payons pas de mots : moins nous sommes nombreux et plus il est
difficile d’assumer notre foi chrétienne, publiquement, avec les collègues, les
amis, et parfois même dans nos propres familles. C’est encore plus dur pour les
enfants qui sont parfois isolés au milieu d’autres qui ne sont pas chrétiens. Et
c’est encore plus dur quand on est trahi de l’intérieur par des démons qui se
font passer pour des anges, par de faux apôtres.
Et
pourtant, souvenons-nous de Jésus-Christ ; souvenons-nous des Béatitudes :
soyons courageux et même joyeux car c’est à nous, petit troupeau, que Jésus a
dit : « Réjouissez-vous, soyez dans l’allégresse, car votre
récompense est grande dans les cieux ! »