Is 40,1-5.9-11 ;
Ps 84 ; 2P 3,8-14 ; Mc 1,1-8
Chers
frères et sœurs,
Saint
Pierre est confronté au défaitisme de ceux qui pensent que le Seigneur tarde à
venir, alors qu’ils doivent faire face aux difficultés de la vie et –
probablement – aux premières persécutions. Ils perdent l’espérance et la foi
dans le Seigneur Jésus, et ils s’inquiètent. Peut-être même, certains,
silencieusement, abandonnent-ils l’Église.
Il
est certain que pour les chrétiens du premier siècle, la vie est
difficile : à travers eux, en effet, le monde découvre l’Évangile du
Christ. Et comme partout et en tout temps, celui-ci est surtout moqué et rejeté ;
et les chrétiens avec, car ils sont tous deux inséparables. Comment donc être
chrétien lorsque les vents sont contraires ?
Saint
Pierre leur rappelle d’abord qu’ils sont des « Bien-aimés ».
« Bien-aimé », c’est le nom que Dieu le Père emploie pour
s’adresser à son Fils Jésus. Ce nom est devenu le nôtre depuis notre
baptême : nous sommes les bien-aimés de Dieu, les Fils adoptifs de Dieu.
Or quel bon Père abandonnerait son enfant ? Voici ce que le Seigneur a dit
au prophète Isaïe : « Jérusalem disait : « Le Seigneur m’a
abandonnée, mon Seigneur m’a oubliée. » Mais une femme peut-elle oublier
son nourrisson, ne plus avoir de tendresse pour le fils de ses
entrailles ? Même si elle l’oubliait, moi – dit le Seigneur – je ne
t’oublierai pas. Car je t’ai gravée sur les paumes de mes mains,
j’ai toujours tes remparts devant les yeux. » Dieu nous aime et par
conséquent, il nous est infailliblement fidèle.
Saint
Pierre enseigne ensuite à ceux qui sont découragés comment vivre ici-bas en bien-aimés
de Dieu. Il leur faut d’abord accepter de comprendre que le monde présent est
un monde éphémère, et que le monde réel, qui dure éternellement, est celui du
Règne de Dieu. Dans le premier monde, les jours se suivent les uns les autres ;
dans le second, un jour est comme mille ans, et mille ans comme un jour. Ainsi
le Seigneur Dieu ne compte pas les jours, mais il est toujours là, le même,
hier, aujourd’hui et demain. C’est à nous de changer notre regard, avec l’aide
de l’Esprit Saint, pour saisir sa Présence. C’est ce que saint Pierre appelle
« la conversion ». Cependant, il y aura bien un jour terrestre où le
vieux monde disparaîtra pour que le nouveau monde du Règne de Dieu apparaisse.
Dans
cette attente, saint Pierre nous redit ce qu’a dit Jésus : « Veillez ! »,
c’est-à-dire, vivez dans la sainteté et la piété, faisant tout sans taches ni
défauts, dans la paix, mais également tendus dans l’attente de la venue de
Jésus, à son heure.
Cet
enseignement de saint Pierre est toujours valable aujourd’hui, surtout quand nous
nous inquiétons des changements et des difficultés du temps présent, et lorsque
nous sentons notre Église faible et fragile, voire même proche de la ruine.
À
cet égard la figure de saint Jean-Baptiste est un bon remède pour qui se sent
attiré par l’esprit des ténèbres : il est le parfait modèle de la foi et
de l’espérance à imiter. Pour relever Jérusalem de sa ruine et lui rendre sa
liberté et sa beauté, le Seigneur Dieu n’a pas levé une armée, ni intronisé un
nouveau roi ou un nouveau grand-prêtre. Non : il n’a pas cherché la
puissance de l’orage et des tremblements de terre, mais il a choisi la brise
légère. Car le Seigneur choisit toujours ce qui est petit et faible pour
vaincre ce qui apparaît grand et fort. C’est toujours la même chose : Moïse
contre Pharaon, David contre Goliath, Daniel face à Nabuchodonosor, Jésus,
petit enfant de Bethléem, contre Hérode le Grand, mais surtout faible homme
mortel contre l’immense puissance démoniaque du Satan ; et Jean-Baptiste, dans
ses ruines et en poils de chameau, contre l’effondrement spirituel et moral des
Judéens de son temps, pour leur annoncer la véritable lumière du Règne éternel
de Dieu : le Christ Jésus. Le Seigneur choisit toujours ce qui est faible
pour subvertir et renverser ce qui apparaît fort.
Ainsi
donc, chers frères et sœurs, comprenons et réjouissons-nous : puisque nous
sommes tout petits et faibles face aux puissances du monde, mais les Bien-aimés
de Dieu, nous avons en nous-mêmes une force qui nous vient déjà du Règne de
Dieu et qui est la promesse de la vie éternelle.
Que
notre Père nous donne sans cesse son Esprit Saint, sa communion d’amour, afin
que nous comprenions davantage ce mystère et que nous en vivions dès ici-bas, dans
la justice et la paix, en veillant avec confiance jusqu’à la venue du Seigneur
Jésus.