jeudi 24 décembre 2020

24 décembre 2020 - VELLEXON - Messe de la Nuit de la Nativité - Année B

 
Is 9,1-6 ; Ps 95 ; Ti 2,11-14 ; Lc 2,1-20
 
Chers frères et sœurs,
 
L’Empereur Auguste avait décidé de recenser toute la terre. Dans quel but, sinon pour l’organiser à sa manière, et en tirer un maximum de profits ? Cette ambition très humaine n’a jamais cessé. Déjà, dans un esprit semblable, le Roi David avait entrepris de recenser tout le peuple d’Israël. C’était un grand péché aux yeux du Seigneur, parce que David niait la liberté de sa puissance créatrice. Ce geste était insensé.
Nous voyons d’ailleurs le problème se poser avec la sainte Famille. Bien sûr que Marie et Joseph se conforment aux ordres d’Auguste : ils se rendent à Bethléem. Mais il n’y a pas de place pour eux et pour Jésus dans la salle commune. Il n’y a pas de place pour eux dans l’organisation humaine du monde. C’est le cailloux dans la chaussure : pour saint Luc, la naissance impromptue du Fils de Dieu fait justement éclater l’organisation idéologique des hommes et en dévoile le caractère irréaliste et insensé.
N’est-ce pas ce qui nous fascine dans la fête de Noël : cette capacité de bouleversement des organisations humaines, provoquée par l’apparition d’une vie innocente ? Cette fascination n’est-elle pas d’autant plus forte lorsque nous sommes confrontés à certains pouvoirs tyranniques qui ont pour ambition de tout régenter, jusqu’à nos repas de famille… ?
 
Frères et sœurs, avez-vous réalisé qu’il se passe à Bethléem, pour la naissance de Jésus, la même chose qu’à Jérusalem pour sa résurrection ? Le pouvoir romain n’avait pas voulu que Dieu prenne la parole dans l’espace public, et Jésus avait été mis à mort pour cela. Mais voilà qu’au matin de Pâques ce pouvoir est bouleversé et remis en cause jusque dans ses plus profondes certitudes. Car le Christ était mort et il est ressuscité.
N'est-ce pas que Jésus est enveloppé dans un suaire et repose dans un tombeau à Jérusalem comme il avait été emmailloté et reposait dans une mangeoire à Bethléem ? N’est-ce pas que la gloire du Seigneur s’est manifestée à Jérusalem comme à Bethléem et qu’un ange y a annoncé la bonne nouvelle ? N’est-ce pas que les Apôtres comme les Bergers se hâtèrent, qui au tombeau, qui à la grotte, pour y découvrir la vie nouvelle, celle de la Résurrection de Jésus au ciel comme celle de sa naissance sur la terre ? N’est-ce pas, ensuite, que les mêmes Apôtres et Bergers suscitèrent beaucoup d’étonnement autour d’eux, au sujet de cet enfant divin et humain ?
Car il s’agit toujours d’une nouvelle action créatrice de Dieu, qui fait éclater tous les présupposés humains, toutes les représentations, toutes les théories, toutes les idéologies et toutes les prisons humaines. La naissance de Jésus et sa résurrection, sont des libérations totales, des manifestations de la vie réelle et éternelle.
 
Et ce soir, chers frères et sœurs, ne voyez-vous pas que dans cette église, nous participons à cette même révolution discrète et lumineuse ? Le pain et le vin vont bientôt reposer sur le corporal posé sur l’autel. Par la puissance de l’Esprit Saint – la Gloire de Dieu – ils vont devenir le Corps et le Sang de Jésus. Lorsque l’ange proclamera « Heureux les invités au repas du Seigneur », vous vous préparerez à venir en procession, en hâte jusqu’à l’autel, pour contempler et communier à ce mystère de vie éternelle. Alors, vous susciterez de l’étonnement autour de vous : « Comment, vous avez été à la messe de Noël ? ; Comment, vous avez osé ? » Et vous pourrez répondre : « Oui, j’ai été avec les bergers à la crèche de Bethléem ; Oui, j’ai été avec les Apôtres au Saint-Sépulcre de Jérusalem ; Oui, j’ai été avec tous les saints communier à l’Église de Vellexon » et vous pourrez ajouter : « J’ai vu de mes yeux la vie plus forte que toutes les peurs et tous les conditionnements humains, et je vous l’annonce : il n’y a pas de tyrannie, ni de mort, ni de fatalité qui tiennent devant la lumière de notre bien-aimé Seigneur Jésus-Christ ! »
 
Joyeux Noël !



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