2S 7,1-5.8b-12.14a.16 ; Ps 88 ; Rm 16,25-27 ; Lc 1,26-38
Chers
frères et sœurs,
L’évangile
de l’Annonciation que nous avons entendu est une mine d’enseignements et il est
difficile de tous les évoquer dans une petite homélie. Je vais simplement
souligner quelques points pour nourrir notre prière et notre action de grâce.
Nous
voyons l’Ange entrer dans la demeure de Marie pour la saluer et lui faire son
annonce. Lorsque Marie lui répond qu’elle ne connaît pas d’homme, il la
rassure : la puissance du Très-Haut la prendra sous son ombre. Et, dès que
Marie donne son accord, il la quitte.
À
première vue, le point le plus surprenant est : « la puissance du
Très-Haut te prendra sous son ombre ». Il signifie très clairement que
Marie est semblable à l’Arche d’Alliance, car dans le Saint-des-Saints du
Temple de Jérusalem, c’est sur l’Arche d’Alliance que repose la Présence de
Dieu.
On
comprend alors que la maison de Marie est comme le Temple. L’ange est comme le
Grand prêtre : il commence par saluer et faire sa prière. Marie objecte
qu’elle est vierge : elle est une terre sainte, comme l’est le
Saint-des-Saints : il y a donc une limite. C’est la limite qui sépare
l’intérieur du Temple en deux partie, matérialisée par le voile que seul le
Grand prêtre peut franchir une fois par an, pour le rituel du grand pardon.
Justement
l’ange poursuit son discours : il évoque alors l’ombre de la puissance du
Seigneur, la Présence de Dieu, qui est l’Esprit de vie, qui repose sur l’Arche.
Il annonce que Marie, bien que vierge, va donner naissance à un enfant :
de sa sainteté, Dieu va faire surgir la vie « car rien n’est impossible
à Dieu ».
Ces
mots nous semblent parfaitement clairs en français. Mais il s’agit de la
traduction un peu rapide d’une expression en hébreu en réalité un peu plus
compliquée à traduire. Il aurait fallu dire : « Parce que n’est pas
impossible, venant de la part de Dieu, toute parole. » Si je retourne la
phrase, on comprend mieux : « toute parole, venant de la part de
Dieu, n’est pas impossible », c’est-à-dire : « toute parole de
Dieu se réalise ».
Cela
signifie donc, pour Marie, que le Seigneur a créé en elle, par sa Parole et par
l’Esprit Saint, une vie totalement nouvelle, comme aux premiers jours de la
création : « Que la lumière soit, et la lumière fut ! »
Marie est l’écrin dans laquelle Dieu vient déposer la perle très précieuse d’une
création nouvelle, qui n’avait jamais existé auparavant : Jésus qui est en
même temps homme et Dieu. Et cela se passe dans le secret du lieu le plus sacré
et le plus pur, le Saint-des-Saints, la demeure de Marie, qui elle-même est
l’Arche d’Alliance qui reçoit la Présence de Dieu.
Alors,
dès que Marie donne son accord, l’ange sort : c’est la victoire. En
acceptant de recevoir Jésus, Marie a accordé la possibilité du pardon pour
toute l’humanité. C’est une grande joie au ciel et sur la terre : c’est
l’annonce de la délivrance des péchés pour les vivants et les morts. Le grand
pardon est déjà rendu possible, parce que Marie a dit « oui ».
C’est
vraiment curieux, parce que d’habitude, c’est l’homme qui prie Dieu pour
recevoir de lui un pardon ou une bénédiction. Mais ici, à travers son Ange,
c’est Dieu qui prie Marie pour recevoir d’elle son « oui », sa
bénédiction à son projet de grand pardon pour toute l’humanité.
L’Ange
de Dieu a marqué le pas devant l’objection de Marie, le voile du Temple, qui
protège ce qui est saint : il a respecté sa personne et sa liberté. Dieu
se comporte vis-à-vis d’elle ; comme il attend de nous que nous nous
comportions de la même manière vis-à-vis de lui : c’est-à-dire dans un
respect total de chaque personne et de sa liberté. C’est dire combien Marie a
de valeur à ses yeux. Il s’adresse à elle comme à lui-même. Et c’est normal, il
l’appelle « comblée de grâce ». Elle est la plus belle de ses
créatures. Mais ne sommes-nous pas de la même chair qu’elle, et du même esprit ?
Le Seigneur nous regarde avec les mêmes yeux : nous sommes ses enfants bien-aimés
et nous avons reçu sa grâce au baptême.
Chers
frères et sœurs, bénissons le Seigneur parce que saint Luc a écrit cette page
d’Évangile et qu’après 2000 ans nous pouvons aujourd’hui encore l’écouter en
paix dans cette église, et la goûter dans tout son mystère et toute sa
fraîcheur. Dans cet événement auquel l’évangéliste, presque par miracle, nous
fait participer, la joie de Noël n’est-elle pas déjà là pour nous tous ?