lundi 21 décembre 2020

19-20 décembre 2020 - GY - NEUVELLE-lès-LA CHARITE - 4ème dimanche de l'Avent - Année B

 2S 7,1-5.8b-12.14a.16 ; Ps 88 ; Rm 16,25-27 ; Lc 1,26-38

 
Chers frères et sœurs,
 
L’évangile de l’Annonciation que nous avons entendu est une mine d’enseignements et il est difficile de tous les évoquer dans une petite homélie. Je vais simplement souligner quelques points pour nourrir notre prière et notre action de grâce.
 
Nous voyons l’Ange entrer dans la demeure de Marie pour la saluer et lui faire son annonce. Lorsque Marie lui répond qu’elle ne connaît pas d’homme, il la rassure : la puissance du Très-Haut la prendra sous son ombre. Et, dès que Marie donne son accord, il la quitte.
 
À première vue, le point le plus surprenant est : « la puissance du Très-Haut te prendra sous son ombre ». Il signifie très clairement que Marie est semblable à l’Arche d’Alliance, car dans le Saint-des-Saints du Temple de Jérusalem, c’est sur l’Arche d’Alliance que repose la Présence de Dieu.
On comprend alors que la maison de Marie est comme le Temple. L’ange est comme le Grand prêtre : il commence par saluer et faire sa prière. Marie objecte qu’elle est vierge : elle est une terre sainte, comme l’est le Saint-des-Saints : il y a donc une limite. C’est la limite qui sépare l’intérieur du Temple en deux partie, matérialisée par le voile que seul le Grand prêtre peut franchir une fois par an, pour le rituel du grand pardon.
 
Justement l’ange poursuit son discours : il évoque alors l’ombre de la puissance du Seigneur, la Présence de Dieu, qui est l’Esprit de vie, qui repose sur l’Arche. Il annonce que Marie, bien que vierge, va donner naissance à un enfant : de sa sainteté, Dieu va faire surgir la vie « car rien n’est impossible à Dieu ».
Ces mots nous semblent parfaitement clairs en français. Mais il s’agit de la traduction un peu rapide d’une expression en hébreu en réalité un peu plus compliquée à traduire. Il aurait fallu dire : « Parce que n’est pas impossible, venant de la part de Dieu, toute parole. » Si je retourne la phrase, on comprend mieux : « toute parole, venant de la part de Dieu, n’est pas impossible », c’est-à-dire : « toute parole de Dieu se réalise ».
Cela signifie donc, pour Marie, que le Seigneur a créé en elle, par sa Parole et par l’Esprit Saint, une vie totalement nouvelle, comme aux premiers jours de la création : « Que la lumière soit, et la lumière fut ! » Marie est l’écrin dans laquelle Dieu vient déposer la perle très précieuse d’une création nouvelle, qui n’avait jamais existé auparavant : Jésus qui est en même temps homme et Dieu. Et cela se passe dans le secret du lieu le plus sacré et le plus pur, le Saint-des-Saints, la demeure de Marie, qui elle-même est l’Arche d’Alliance qui reçoit la Présence de Dieu.
 
Alors, dès que Marie donne son accord, l’ange sort : c’est la victoire. En acceptant de recevoir Jésus, Marie a accordé la possibilité du pardon pour toute l’humanité. C’est une grande joie au ciel et sur la terre : c’est l’annonce de la délivrance des péchés pour les vivants et les morts. Le grand pardon est déjà rendu possible, parce que Marie a dit « oui ».
 
C’est vraiment curieux, parce que d’habitude, c’est l’homme qui prie Dieu pour recevoir de lui un pardon ou une bénédiction. Mais ici, à travers son Ange, c’est Dieu qui prie Marie pour recevoir d’elle son « oui », sa bénédiction à son projet de grand pardon pour toute l’humanité.
L’Ange de Dieu a marqué le pas devant l’objection de Marie, le voile du Temple, qui protège ce qui est saint : il a respecté sa personne et sa liberté. Dieu se comporte vis-à-vis d’elle ; comme il attend de nous que nous nous comportions de la même manière vis-à-vis de lui : c’est-à-dire dans un respect total de chaque personne et de sa liberté. C’est dire combien Marie a de valeur à ses yeux. Il s’adresse à elle comme à lui-même. Et c’est normal, il l’appelle « comblée de grâce ». Elle est la plus belle de ses créatures. Mais ne sommes-nous pas de la même chair qu’elle, et du même esprit ? Le Seigneur nous regarde avec les mêmes yeux : nous sommes ses enfants bien-aimés et nous avons reçu sa grâce au baptême.
 
Chers frères et sœurs, bénissons le Seigneur parce que saint Luc a écrit cette page d’Évangile et qu’après 2000 ans nous pouvons aujourd’hui encore l’écouter en paix dans cette église, et la goûter dans tout son mystère et toute sa fraîcheur. Dans cet événement auquel l’évangéliste, presque par miracle, nous fait participer, la joie de Noël n’est-elle pas déjà là pour nous tous ?

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