samedi 26 décembre 2020

25 décembre 2020 - Messe du Jour de la Nativité - Année B


 Is 52,7-10 ; Ps 97 ; Hb 1,1-6 ; Jn 1,1-18

Chers frères et sœurs,
 
L’Évangile que nous avons entendu pose des principes fondamentaux pour la compréhension du monde et de l’homme, incroyables pour la plupart des gens.
 
Le premier principe est que l’univers est structuré, informé, et même soumis à existence par une loi qui lui est originellement extérieure : la Parole de Dieu. Cela signifie d’une part que l’univers est intelligible – ce qui permet le développement des sciences et des techniques – et sensé, puisque la loi ou la Parole lui assigne une finalité, une vocation. Et d’autre part, par conséquent, que cet univers n’est pas Dieu en lui-même, mais qu’il est une création de Dieu. La création porte la marque de fabrique de Dieu, mais elle est expérimentable : elle n’est pas sacrée. C’est pourquoi il est dans la vocation de l’homme de contempler, de comprendre, et de rendre grâce à Dieu pour sa création, en la respectant, mais il est aussi dans sa vocation de la travailler, comme un jardin, pour la bonifier, pour lui faire porter du fruit. Ainsi par exemple pour produire, du pain et du vin, et du fromage !
 
Le second principe fondamental posé par l’Évangile est que cette loi de l’univers, cette Parole de Dieu, c’est Jésus : Jésus Christ, fils de Dieu et fils de Marie, né à Bethléem il y a un peu plus de 2000 ans. Cela signifie d’une part que tout l’enseignement et tous les gestes de Jésus, son histoire, jusque dans les moindres détails, sont un dévoilement et une traduction de la loi de l’univers. Cette loi qui était invisible, nous est devenue visible par la naissance et la vie terrestre de Jésus-Christ. Et par conséquent, d’autre-part, lorsque nous lui sommes associés par le baptême et la communion, et par tous les autres sacrements, nous entrons de plus en plus dans l’intelligence de cette loi de l’univers. Elle devient pour nous harmonieuse, et nous découvrons avec stupeur et bonheur qu’elle est aussi non seulement aimable, mais surtout qu’elle est l’amour même.
 
Chers frères et sœurs, nous avons déjà beaucoup de mal à défendre publiquement le premier principe du Dieu créateur de l’univers par sa Parole, mais là, l’affirmation de l’Évangile que Jésus est cette Parole devenue chair est si énorme, qu’il n’y a plus que les chrétiens et eux seuls pour y croire ! Remarquez que c’est aussi difficile à croire que la résurrection de Jésus d’entre les morts, et que le pain et le vin deviennent son Corps et son Sang, constituant ici et maintenant pour nous sa présence réelle. Mais voyez-vous, chers frères et sœurs, c’est que tout se tient.
 
Soit vous croyez que l’univers est chaotique et insensé – dans ce cas vous êtes potentiellement des anarchistes ; soit vous croyez qu’il est structuré et régi par une loi. De deux choses l’une, ou bien vous pensez que cette loi est propre à l’univers lui-même, qui est donc divin, vous êtes alors panthéiste et fixiste, la loi étant donnée immuable pour l’éternité, et le progrès n’étant qu’un développement interne de cette loi ; ou bien vous croyez que la loi est la parole de Dieu créatrice de l’univers, alors – dans ce cas – au nom de qui ou de quoi vous interdiriez à Dieu de ne plus créer ?
 
Or Dieu crée toujours. Non seulement, il maintient la création actuelle dans l’existence, autant de temps qu’il veut, mais il crée aussi du nouveau, toujours par sa Parole, par Jésus et son Esprit Saint. Il peut faire que cette Parole prenne chair et se rende visible. Il peut aussi, alors que cette chair est mortelle, la ressusciter et la rendre glorieuse éternellement, prémices d’une création nouvelle. Résurrection non seulement pour Jésus, mais aussi pour nous. Il peut encore faire que les successeurs de ses Apôtres, refaisant ce que faisait Jésus et redisant ses paroles, par l’Esprit Saint, puissent faire que le pain et le vin deviennent son Corps et son Sang, le rendant ici et maintenant réellement présent. Jusqu’à la fin du monde.
 
Chers frères et sœurs, Noël est la fête d’un événement dont la puissance dépasse celle de mille millions de bombes atomiques : le Dieu créateur dévoile son jeu aux hommes. Il rend visible, compréhensible et aimable la Parole par laquelle il a créé l’univers et sa perle, l’homme lui-même. Par Jésus, avec lui et en lui, l’homme peut alors enfin entrer dans la vocation qui est la sienne – la communion d’amour – et y trouver le vrai bonheur dès maintenant et pour l’éternité. N’y a-t-il pas plus beau cadeau de Noël ?


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