lundi 14 décembre 2020

13 décembre 2020 - GRAY - 3ème dimanche de l'Avent - Année B

Is 61,1-2a.10-11 ; Lc 1 ; 1Th 5,16-24 ; Jn 1,6-8.19-28

Chers frères et sœurs,
 
Nous venons d’entendre deux extraits du Prologue de Saint Jean relatif à Jean-Baptiste et à sa mission. Le premier nous apprend deux choses :

D’abord que Jean a été envoyé par Dieu pour rendre témoignage à la Lumière, c’est-à-dire à Jésus. La traduction est faible : Jean ne vient pas pour apporter un point de vue personnel sur Jésus, comme n’importe qui pourrait le faire, mais il vient attester que ce Jésus-là est réellement le Messie. Il vient poser une affirmation solennelle, qui conduit normalement celui qui écoute à la certitude. Ce qui a été traduit par « afin que tous croient par lui », pourrait aussi se traduire par « afin que, par lui, tous soient certains de la vérité ». Le témoignage de Jean n’est donc pas un point de vue, mais plutôt une preuve.
Ce premier extrait nous apprend aussi que Jean-Baptiste est certes quelqu’un d’important dans le Plan de Dieu, mais qu’il n’est pas le Christ. Il est seulement celui qui l’atteste. Comme dit notre traduction : « il était là pour rendre témoignage à la lumière ». Cette précision est destinée à corriger la prédication de certains disciples de Jean qui ne connaissaient pas encore Jésus, pour les amener à la foi. Mais cette précision était aussi nécessaire en Israël, car tout le monde se demandait qui était ce Jean-Baptiste ; qui lui avait donné autorité pour baptiser ; et pourquoi faire ? 

C’est l’enjeu du deuxième extrait de l’évangile d’aujourd’hui : le dialogue avec des prêtres et des lévites, puis avec des pharisiens.
 
Des prêtres et des lévites interrogent donc Jean. Il faut bien comprendre qu’ils appartiennent au même groupe : Jean-Baptiste lui-même est un prêtre, comme son père Zacharie. La crainte des prêtres et des lévites est que Jean acquière une autorité qui lui permette de contester celle du Grand-prêtre. En effet, celui-ci, nommé par les Romains, est illégitime. Sa remise en cause est très dangereuse pour tous. Mais Jean-Baptiste les rassure : il n’est pas le Christ, ni Elie, ni le Prophète annoncé – toutes sortes de figures attendues par les uns et les autres pour rétablir Israël dans la vraie royauté et la pureté du culte. Il leur répond : « Je suis la voix qui crie dans le désert : redressez le chemin du Seigneur. » C’est-à-dire qu’il les appelle à la conversion du cœur et de la vie : il les appelle à une vie sainte. En somme, Jean apparaît aux prêtres et aux lévites comme un pharisien : il n’est donc pas plus dangereux que ceux-ci.
 
Voilà pourquoi des pharisiens viennent ensuite le trouver. Notre traduction ici n’est pas exacte : les prêtres et les lévites n’ont pas été envoyés par les pharisiens… ils se détestent ! Mais de la même manière que les uns ont été envoyés pour interroger Jean, de même les autres sont venus eux-aussi pour l’interroger. Jean répond donc maintenant à des pharisiens, c’est-à-dire à des gens qui ne sont pas attachés au Temple et à son rituel, mais plutôt à la sainteté de la vie, à la pureté physique et morale. C’est pourquoi ils attachaient beaucoup d’importance aux gestes de purification. Leur question porte sur le fait que Jean-Baptiste accomplit une purification supérieure à la leur, alors qu’il n’en a pas a priori l’autorité : il n’est ni le Christ, ni Elie, ni le Prophète. Jean leur répond trois choses :
1) qu’il baptise dans l’eau, sous-entendu que le Christ, lui, baptise différemment. Nous savons par saint Mathieu que c’est dans l’Esprit-Saint ;
2) qu’ils ne « connaissent » pas Jésus, alors qu’il se tient au milieu d’eux. On peut comprendre ici que Jésus appartient jusqu’alors au groupe des pharisiens, ce qui n’est pas impossible, puisqu’on l’appelle souvent « Rabbi » et qu’il a des franges à son manteau. Mais ils ne le « connaissent » pas, ce qui signifie dans le langage de saint Jean l’Évangéliste qu’ils ne le connaissent pas intimement, par le cœur, qu’ils ne sont pas en communion avec lui. Parce qu’ils ne voient pas, ne comprennent pas, qu’il est le Christ, qu’il est Dieu lui-même. Seuls ceux qui sont illuminés par l’Esprit Saint peuvent le connaître réellement et être connu par lui. Autrement dit, les Pharisiens sont des moralistes, des puristes, mais ils ne connaissent pas Dieu avec le cœur.
3) Jean-Baptiste explique qu’il n’est pas digne de délier la courroie des sandales de Jésus. Nous comprenons habituellement qu’il est si petit devant Jésus qu’il n’est même pas digne d’accomplir pour lui un geste d’esclave. Mais ce n’est pas ce qu’il faut comprendre. N’oubliez pas que Jean est prêtre du Temple de Jérusalem : il explique aux Pharisiens que – tout saint qu’il soit – il n’est pas digne de défaire la courroie de la sandale de Jésus, le seul vrai Grand-prêtre qui est en droit d’entrer dans le Sanctuaire du Temple, dans le Saint-des-Saints où réside la Présence de Dieu, où l’on doit entrer pieds nus, car c’est une terre sainte. Or, la vraie la terre sainte, c’est la vie éternelle.
 
Finalement Jean-Baptiste a renvoyé les prêtres et les lévites au défi d’une vie réellement sainte, et les Pharisiens à l’importance des rites du baptême et du Temple de Jérusalem. Jésus accomplit justement l’un et l’autre : il est le Messie au cœur pur, saint et sans péché, pour rendre à son peuple la liberté des Fils de Dieu par le baptême dans l’Esprit qui le fait connaitre intimement, et il est le Christ, le seul vrai Grand Prêtre qui, par son sacrifice et son intercession, peut apporter à son peuple le pardon et l’entrée dans la vie éternelle. 


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