Is
63,16b-17.19b ;64,2b7 ; Ps 79 ; 1Co 1,3-9 ; Mc 13,33-37
Chers frères et sœurs,
Le temps de l’Avent nous est
donné, surtout en les circonstances présentes, pour faire une retraite
spirituelle et préparer notre cœur et notre intelligence à la grande solennité
de Noël, où nous fêtons Dieu qui se fait homme, pour que nous, les hommes, nous
puissions – par son Esprit Saint – entrer dans la gloire de Dieu.
En Jésus-Christ, Dieu s’est
fait homme. Il s’est fait chair. C’est-à-dire que Dieu n’est pas pour nous un
imaginaire lointain et inaccessible, comme l’étaient les dieux des païens, des
fruits de leurs imaginations, ou comme l’étaient les dieux des philosophes, des
idées sorties de leur déductions. Non, le Seigneur notre Dieu, celui des juifs
et des chrétiens, est un Dieu qui se manifeste réellement présent, et par
surprise. Quand on a fait sa connaissance une fois, par bonheur, on ne peut
plus se passer de lui et on l’attend sans cesse, jusqu’à ce qu’il revienne.
Faire connaissance de Dieu,
c’est tout en même temps faire une expérience spirituelle intimement
personnelle, mais c’est aussi faire l’expérience de Moïse au Sinaï, d’Elie à
l’Horeb et de Pierre, Jacques et Jean à la Transfiguration. Autrement dit,
quand on fait connaissance de Dieu, c’est toujours dans une communion d’amour
avec Dieu, Père, Fils et Saint-Esprit, mais aussi avec tous les saints. C’est
pourquoi, pour nous autres chrétiens, vivre notre foi et célébrer la messe
ensemble pour y communier, c’est exactement la même chose. D’ailleurs, « Église »
signifie justement « assemblée ». Nous sommes l’assemblée sainte qui
se réunit autour du trône de l’Agneau, l’autel, pour y chanter les louanges de
Dieu et vivre de lui dans l’amour, la lumière et la paix par la communion.
Il est vrai que l’histoire de
l’église montre qu’il n’est pas impossible d’être catholique et de transmettre
la foi pendant plusieurs dizaines d’années voire plusieurs siècles sans pouvoir
célébrer l’eucharistie. Ce fut le cas notamment pendant les persécutions en
URSS et au Japon, où les chrétiens étaient pourchassés, exilés ou mis à mort.
C’étaient donc des conditions impérieuses qui empêchaient les chrétiens de se
réunir pour l’eucharistie. Et il n’y avait plus de prêtres.
Inversement d’autres chrétiens
sont morts martyrs justement parce qu’ils ont voulu célébrer l’eucharistie. Ce
fut le cas des martyrs d’Abitène, en Afrique du Nord, au printemps 304, qui
déclarèrent à leur juge : « Sine dominico non possumus »,
c’est-à-dire : « Sans le dimanche, nous ne pouvons pas vivre. »
Ce fut le cas aussi, en Franche-Comté, lorsque Jean-Ignace Lessus, prêtre
chartreux, et Barthélémy Javaux, chez qui ils célébraient la messe en petit
groupe alors que c’était interdit, ont été guillotinés pour cette raison le 25
avril 1794 à Pontarlier.
Nous ne sommes évidemment pas
dans ces conditions extrêmes – et heureusement. Mais il est bon parfois de nous
rappeler qu’être chrétien, ce n’est pas une chose anodine. Ce n’est pas non
plus sans poser problème à un certain nombre de gens qui ne le sont pas, et que
parfois, il faut savoir, et avoir le courage, de leur dire « non ».
Ce qui est certain, concernant
les chrétiens d’URSS, du Japon, d’Afrique du Nord ou de chez nous pendant la
Révolution, c’est qu’ils étaient amoureux de Dieu, pas « un peu », ni
« beaucoup », mais plus que « passionnément » : « à la folie - à en mourir », et qu’ils étaient vigilants comme l’a demandé Jésus.
Leur foi était ardente. Ils en étaient fiers. Et ils savaient que le Seigneur –
comme il l’a promis – était tous les jours avec eux par l’Esprit Saint et par
la communion, autant que cela était possible, jusqu’à ce qu’il revienne pour de
bon.
Alors, chers frères et sœurs,
ce sera le temps des retrouvailles, de la fête, des chants et des danses, du
bon pain et du bon vin, l’amour de toujours, la paix du cœur, et la joie qui ne
finit pas.