En raison du confinement annoncé et sachant que les prochaines messes dominicales ne sont pas (pour l'heure) autorisées, l'homélie est de circonstance.
Solennité de Tous les saints
et Commémoration des fidèles défunts 2020
Chers
frères et sœurs,
Nous
voici, en ces jours, mis à l’épreuve par trois fléaux : le terrorisme
islamiste, la pandémie de Covid-19, et la crise économique. Ces trois fléaux
éprouvent notre foi, notre espérance et notre charité.
Nous
voyons les ravages générés par l’idéologie des gens qui n’aiment pas Dieu et la
folie de ceux qui adorent, non pas Dieu, mais une idole. Les premiers n’ont
aucune limite dans la perversité et la provocation, les seconds ont abandonné
la raison pour se soumettre aux démons de la haine et de la violence. Quand ils
se retrouvent face à face, ils s’entre-dévorent, et c’est ce que nous voyons.
Mais plus encore, ils s’attaquent à ceux qui – ayant l’esprit éclairé par la
foi en Dieu – font profession de pureté de cœur au nom de Jésus, et se trouvent
pour cela méprisés par les uns ou martyrisés par les autres, bien qu’ils soient
innocents.
Telle
est l’épreuve pour notre foi. Il ne s’agit pas de cautionner n’importe quelle pseudo-liberté,
quand elle s’exerce aux dépends du prochain ; il ne s’agit pas non plus de
s’abandonner à la démence, jusqu’à tuer son prochain. Au contraire, la foi en
Dieu, notre Bon Seigneur, nous guide comme une étoile dans la nuit : elle suppose
la liberté de conscience, pour soi et pour les autres ; elle s’exerce avec
le cœur, c’est-à-dire avec affection mais
aussi avec intelligence : car la foi est aimable et raisonnable. La foi
est une ouverture et une participation à la vie de Dieu : elle
conduit à l’union avec lui, dans l’amour et la vérité ; elle est
participation à la communion des saints. Et elle est en même temps, dès
ici-bas, la source de notre dignité humaine, personnelle et collective. Chers
frères et sœurs, à chaque fois que nous faisons un acte de foi, nous recevons
du Seigneur la grâce de notre participation à cette communion des saints, à cet
amour de Dieu, à la vie bienheureuse qui vient de lui, vie éternelle et vie
humaine juste, paisible et digne.
La
pandémie de Covid-19 a conduit le gouvernement à nous confiner de nouveau. Cela
signifie un retour à l’isolement, avec, pour de nombreuses personnes, la peur
de perdre la vie dans ce qui peut rapidement pour elles devenir un enfer. Chers
frères et sœurs, c’est une épreuve pour notre espérance. Ne croyons-nous pas
que Jésus-Christ est vraiment ressuscité ? Ne croyons-nous pas que, par sa
mort et sa résurrection, il a obtenu le pardon de tous nos péchés et nous a
réouvert les portes du Ciel ? Ne croyons-nous pas que notre Dieu nous
aime, nous qui sommes ses créatures ? Et ses enfants même, puisque par le baptême,
nous sommes marqués au front du sceau des serviteurs de Dieu, et que nous
portons l’habit blanc des saints et des saintes de Dieu ? Le baptême nous a
fait entrer de plein pied dans la communion des saints. Nous ne sommes donc pas
seuls ; nous ne sommes jamais seuls : nous appartenons à Dieu et nous
sommes déjà maintenant citoyens du Ciel. Cette réalité est rendue visible par
la célébration eucharistique. C’est pourquoi nous ne pouvons pas renoncer à
être présents physiquement à la messe. Le confinement ne peut pas être prétexte
à nous interdire d’accomplir ce que le Seigneur Jésus nous a expressément demandé
de faire pour la gloire de Dieu et salut du monde : « Faites cela
en mémoire de moi », et « Allez dans le monde entier. Proclamez
l’Évangile à toute la création. » Notre espérance est dans la
résurrection des morts et dans une vie éternelle qui est communion d’amour. C’est
cette espérance que nous annonçons au monde, et que nous préparons pour lui,
lorsque nous célébrons l’eucharistie.
Enfin,
nous sommes confrontés à une crise économique. Le problème financier est le
plus criant. Mais derrière lui, il y a aussi notre vie familiale, notre dignité
humaine, et – là aussi – la solitude infernale quand elle n’est pas éclairée
par la foi et l’espérance. Chers frères et sœurs, ce troisième fléau nous
appelle à la charité. Charité en famille par l’entraide, qui devrait être
naturelle ; charité entre chrétiens ensuite, et au-delà, en allégeant autant
que possible les charges multiples qui pèsent sur les plus fragiles. Mais
surtout en ne laissant pas notre prochain au bord du chemin, seul face à son
désespoir.
Parfois,
on se trouve démuni, parce qu’il nous semble être arrivés au bout du possible,
et qu’il n’y a pas de solution à vue humaine. C’est alors que commence le
combat de la prière, le vrai combat de la charité, où, avec tout son cœur, on
vient s’adresser à Dieu, à la Sainte Vierge Marie, et qu’on leur remet non
seulement notre problème, mais aussi toute notre vie, et plus encore, celle de
ceux que nous aimons. Au bout du bout, on aboutit en effet à l’amour :
nous ne vivons que pour ceux qu’on aime, et nous sommes prêts, comme Jésus,
jusqu’à donner notre vie pour eux. C’est alors que le Seigneur peut donner sa
grâce, sa lumière et sa paix. Et quelques soient les difficultés, nous sommes alors
habités par une douce confiance, une joie intérieure, et parfois même arrive en
même temps un miracle. Pour tenir dans ce combat, jusqu’au bout, nous disposons
de deux armes très efficaces : les psaumes et le chapelet. Je vous invite
donc, dans les prochains jours, à lire les psaumes ou à dire votre chapelet,
pour ceux que vous aimez, et notamment pour les défunts.
Chers
frères et sœurs, l’exercice de notre vocation chrétienne est vital pour la paix
du monde, pour lui rendre la joie de l’espérance, et lui permettre de surmonter
ses épreuves. Demandons au Seigneur que – par son Esprit Saint – il fasse de
nous de vrais saints sur terre, en attendant d’y être au ciel !