lundi 2 septembre 2024

01 septembre 2024 - PESMES - 22ème dimanche TO - Année B

Dt 4, 1-2.6-8 ; Ps 14 ; Jc 1, 17-18.21b-22.27 ; Mc 7, 1-8.14-15.21-23
 
Chers frères et sœurs,
 
Jésus a montré ces derniers temps, qu’il ne revendiquait aucune activité politique, mais qu’il se plaçait clairement sur le plan religieux. Il apparaît donc aux gens comme un prophète du Royaume des cieux, un homme de Dieu. Du coup, les religieux d’Israël s’intéressent davantage à lui, qui commence à devenir un peu gênant. Première étape : prendre en faute ses disciples, sur une question d’observance rituelle – c’est assez facile – et décrédibiliser par ricochet l’enseignement et donc l’autorité du Maître : « tes disciples prennent leur repas avec des mains impures ! »
Jésus va leur répondre en deux temps, en donnant un enseignement très important pour les Juifs et, par conséquent, pour nous aussi, les chrétiens.
 
En premier lieu, Jésus explique que l’homme religieux est toujours porté à noyer l’observance principale qui est due à Dieu, dans une multitude d’observances secondaires, sans doute instaurées par un désir de perfectionnement ou de dévotion au départ, mais qui finissent par étouffer et faire disparaître dans un fatras de détails, l’observance principale. Ce sont les ronces qui étouffent la bonne semence.
Pour conférer à son propos une autorité indiscutable, Jésus s’appuie sur la parole de Dieu proclamée par prophète Isaïe : « Ce peuple m’honore des lèvres, mais son cœur est loin de moi. C’est en vain qu’ils me rendent un culte ; les doctrines qu’ils enseignent ne sont que des préceptes humains. » Et Jésus de préciser : « Vous aussi, vous laissez de côté le commandement de Dieu (c’est-à-dire l’observance principale) pour vous attacher à la tradition des hommes (c’est-à-dire les observances secondaires) », tout en faisant une distinction essentielle entre « le commandement de Dieu » – au singulier – et « les préceptes humains » – au pluriel – dont parle le prophète Isaïe.
Jésus explique donc aux pharisiens que leur reproche concernant les disciples est fragile, pour ne pas dire mesquin, car il ne porte que sur une des multiples observances secondaires, et non pas sur l’unique observance principale, qui est celle de la Loi de Moïse.
 
Cependant Jésus n’a pas répondu au fond du problème : est-ce que ce qui souille l’homme provient de l’extérieur de l’homme ? comme des aliments impurs qu’on mangerait, par exemple ; ou une pratique incomplète des observances secondaires ? Comme sa réponse est très importante et s’adresse, non pas seulement à ses disciples et aux pharisiens, mais à tous, Jésus sort de la maison pour s’adresser à la foule.
 
Conformément à son premier enseignement, à savoir que la Loi de Moïse indique l’observance principale, il se réfère à un des cinq livres de la Torah, qui sont la Genèse, l’Exode, le Lévitique, le Livre des Nombres et celui du Deutéronome. Ici il se réfère au livre de la Genèse. Quand il dit : « Rien de ce qui est extérieur à l’homme et qui entre en lui ne peut le rendre impur. Mais ce qui sort de l’homme, voilà ce qui rend l’homme impur », Jésus fait ici un commentaire du verset 5 du chapitre 6 de la Genèse, qui donne le motif du déluge, dont seul Noé va échapper parce qu’il est le seul homme juste : « Le Seigneur vit que la méchanceté de l’homme était grande sur la terre, et que toutes les pensées de son cœur se portaient uniquement vers le mal à longueur de journée. »
Ce n’est pas en raison d’une impureté supposée de la création que Dieu provoque le déluge ; car on l’a vu, quand Dieu crée par sa Parole, il vit que « cela était bon » : la création est donc bonne. Mais c’est en raison des pensées du cœur de l’homme, qui se portent vers le mal, que Dieu se repent d’avoir créé l’homme sur la terre, et qu’il décide du déluge pour l’effacer et recommencer à partir de Noé, le seul qui a trouvé grâce à ses yeux, le seul qui soit pur. Le mal vient donc des mauvaises pensées qui viennent du cœur de l’homme. Le cœur, pour les Hébreux ; pour nous c’est le cerveau !
Donc Jésus rappelle l’enseignement de la Torah aux pharisiens : ce n’est ni la nourriture, ni les plats, ni même la non-observance de rituels secondaires qui souillent l’homme, mais ce sont les mauvaises pensées qui surgissent de son cerveau. Et les pharisiens ne peuvent qu’être d’accord avec Jésus. C’est pourquoi la controverse s’arrête là. 1/0 pour Jésus.
Nous avons deux leçons à tirer de cet épisode.
 
La première est que les cinq premiers livres de la Bible – ce que les Juifs appellent donc la Torah – correspondent parfaitement à la Parole de Jésus, à la Parole de Dieu. Et Dieu n’a qu’une seule et même parole, que ce soit pour les Juifs ou pour les chrétiens. Quand, dans les évangiles, Jésus parle des Écritures ou de l’Écriture, par exemple avec les disciples d’Emmaüs, ou de la Loi de Moïse, c’est à la Torah qu’il fait référence : aux cinq premiers livres de la Bible. Ils sont toujours « valables », si je puis dire, même si nous les lisons, nous les chrétiens, à la lumière de la résurrection de Jésus et du don de l’Esprit Saint.
 
La seconde leçon porte sur la notion d’impureté ou de ce qui souille l’homme. Nous avons vu que la souillure provient du cœur ou du cerveau de l’homme, porté à avoir des pensées mauvaises. Cette déformation, qui est liée à notre absolue liberté à l’image de Dieu, de pouvoir choisir entre le bien et le mal, est à la racine du péché, de tous les péchés. Or ce sont justement les effets de cette souillure, les péchés, que lave le bain du baptême et c’est la souillure elle-même que vient dissoudre le don de l’Esprit Saint, par la confirmation notamment. Jésus sait que, quand par la Loi de Moïse il rappelle à l’homme sa faiblesse, il ne l’abandonne pas pour autant à son errance ; bien au contraire, il lui apporte le remède : le baptême dans sa mort et sa résurrection, et le don de son Esprit.

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