mardi 26 décembre 2023

25 décembre 2023 - SOING - Nativité du Seigneur - Messe du Jour - Année B

Is 52, 7-10 ; Ps 97 ; He 1,1-6 ; Jn 1, 1-18
 
Chers frères et sœurs,
 
Nous pourrions méditer des heures entières et des jours entiers le Prologue de Saint Jean. Mais peut-être pouvons-nous faire quelques observations rapides.
Tout d’abord, l’Évangile de Jean débute par « Au commencement », de la même manière que le Livre de la Genèse débute par « Au commencement ». C’est évidemment intentionnel. Saint Jean veut nous faire comprendre que l’Évangile, la venue, la mort et la résurrection de Jésus sont à comprendre à partir du livre de la Genèse, et de toutes les Écritures ; mais aussi que cet Évangile nous présente la nouvelle création, celle du Royaume des cieux, auquel nous participons déjà maintenant par notre baptême. Il est donc question de vie et de vie nouvelle.
 
Nous pouvons observer que le texte est structuré en trois parties, entrecoupée par deux évocations de saint Jean-Baptiste.
Il n’est pas très étonnant de trouver ici la mention de Jean-Baptiste, car la tradition tient que saint Jean a d’abord été un disciple de Jean-Baptiste. Mais il a suivi les indications de son maître, à savoir qu’il fallait se mettre à la suite de Jésus, l’Agneau de Dieu, tandis que lui, Jean-Baptiste devait s’effacer. Saint Jean a donc pu vouloir montrer à quel point la mission de Jean-Baptiste était importante pour pouvoir comprendre qui est Jésus ; il a aussi pu vouloir montrer à ses anciens condisciples que la vraie lumière est Jésus et non pas Jean.
Toujours est-il que les trois paragraphes qui parlent du Verbe de Dieu – la Parole de Dieu, de la Lumière, de la vie, du Fils de Dieu, de Jésus en réalité, semblent suivre une progression.
 
Le premier paragraphe parle de Jésus comme du Verbe de Dieu, par lequel le Père a créé tout l’univers, en nommant les choses : « Que la lumière soit », par exemple. Le Père a tout créé par sa Parole. Parce qu’elle est une Parole vivifiante qui est aussi lumière. Un bon physicien ne serait pas étonné : il sait bien que la lumière est tout autant une onde qu’une particule. Ces éléments sont comme inséparables. Et surtout que le néant ou les ténèbres, sont incapable de les dominer. Comme la lumière d’une étoile peut percer la nuit sur des milliard d’années-lumière. Rien ne semble pouvoir l’arrêter.
Autrement dit, la première manifestation de Jésus, comme Verbe de Dieu, implique qu’il est lié à tout ce qui existe dans le monde, que ce soit les personnes comme les choses, la matière.
 
Or, parmi les créatures, l’une d’entre elle a été choisie pour rendre témoignage à Jésus comme Parole créatrice de Dieu, vie et lumière. Tout d’abord (et c’est le second paragraphe) par le fait que Jean est lui-même éclairé par cette Parole, cette vie et cette lumière créatrice. Cette illumination n’est pas un effet naturel, mais un effet surnaturel, comme une deuxième naissance : « Ils ne sont pas nés du sang, ni d’une volonté charnelle, ni d’une volonté d’homme : ils sont nés de Dieu. » Cette définition s’applique à tous les prophètes, à tous ceux qui sont devenus « enfants de Dieu ». Et Jean-Baptiste est le plus grand parmi eux. Parce qu’il est celui qui témoigne de la Parole, vie et lumière de Dieu.
Vous voyez comment nous avons fait un pas par rapport au premier paragraphe. Là, toute chose et toute personne porte en lui ou elle la marque de fabrique de la Parole de Dieu ; et ici il se peut que cette Parole viennent les éclairer de l’intérieur, pour leur donner une intensité encore plus forte. C’est la différence entre une ampoule éteinte et une ampoule allumée par le courant électrique.
 
Alors, troisième paragraphe, nous passons à quelque chose de nouveau et de tout à fait étonnant. C’est que cette Parole créatrice, ne laisse pas seulement sa marque dans ce qui existe ; elle ne fait pas qu’illuminer de l’intérieur ce qui existe, de manière spirituelle ; tout à coup elle devient elle-même une réalité existante, visible et palpable, accessible aux sens : la Parole créatrice, la vie et la lumière, c’est Jésus de Nazareth, lui et personne ou rien d’autre. Et le témoignage de Jean – sa force – lui qui est illuminé intérieurement par cette vie et cette Parole de Dieu, est de le désigner nommément : « le Verbe de Dieu, par qui tout a été créé, et qui illumine les prophètes et les enfants de Dieu, c’est lui : c’est Jésus. »Et donc, du coup, ce qui était invisible au commencement, tout à coup est devenu visible : « Dieu, personne ne l’a jamais vu ; le Fils unique, lui qui est Dieu, lui qui est dans le sein du Père, c’est lui qui l’a fait connaître. »
 
Au bout du compte, et pour finir, nous voyons comment Dieu se révèle à nous : par le fait que nous existons dans la création en portant sa marque de fabrique ; par l’Esprit qui le fait habiter en nous et nous illumine ; et enfin directement par lui-même dans le monde, charnellement, physiquement. Et ce dernier pas, cette révélation ultime de Dieu pour l’homme, c’est justement Noël, quand Jésus naît comme un petit enfant.
 
 
 


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