lundi 17 avril 2023

15-16 avril 2023 - CHARCENNE - FEDRY - 2ème dimanche de Pâques - Année A

Ac 2,42-47 ; Ps 117 ; 1P 1,3-9 ; Jn 20,19-31
 
Chers frères et sœurs,
 
« La paix soit avec vous ! » C’est la première parole de Jésus adressée à ses disciples rassemblés. La dernière fois qu’il était accompagné par ce groupe, c’était lors de son arrestation au Mont des Oliviers, quand tous l’avaient abandonné. Mais aujourd’hui la réponse de Jésus à cet abandon, c’est : « la paix soit avec vous ! » C’est pourquoi on dit de ce premier dimanche après la résurrection de Jésus, qu’il est celui de la miséricorde, car Jésus a fait miséricorde à ses disciples. Cette parole mémorable est restée fortement imprimée dans la conscience de l’Église puisque c’est par elle que l’évêque, successeur des Apôtres, salue les fidèles au début des célébrations qu’il préside. La miséricorde de Dieu continue, toujours aujourd’hui, à irriguer la vie de l’Église. 
 
Thomas était absent lors de cette visite de Jésus. Sa réaction nous paraît exagérée : « Si je ne vois pas dans ses mains la marque des clous, si je ne mets pas mon doigt dans la marque des clous, si je ne mets pas la main dans son côté, non, je ne croirai pas ! » Mais si nous sommes honnêtes, nous savons bien que nous pensons exactement comme lui : nous avons besoin de preuves pour croire. Cette exclamation, que saint Jean nous a rapportée à dessein, est très importante, car elle souligne que la résurrection de Jésus ne peut pas être une expérience psychologique et encore moins une déduction logique, purement intellectuelle ; elle doit au contraire être un fait historique et même un événement physique : elle doit être constatée au moins avec les yeux. Or Jésus répond à cette exigence lorsqu’il dit à Thomas : « Avance ton doigt ici, et vois mes mains ; avance ta main, et mets-la dans mon côté ». Il n’y a pas d’artifice : c’est bien Jésus vivant qui est là, avec les blessures de sa passion, avec des capacités physiques nouvelles. Il n’hésite pas en effet à proposer à Thomas de mettre sa main dans son côté !
Cependant Jésus ajoute : « cesse d’être incrédule, sois croyant. » Cette petite phrase est extrêmement importante pour nous. Si Thomas pouvait constater la résurrection physiquement, pourquoi insister sur son incrédulité et ordonner qu’il devienne croyant ? Parce que ce passage d’un état à l’autre est l’œuvre de la Parole de Dieu, c’est une parole de création nouvelle : « Que la lumière soit » : « Sois croyant » - c’est pareil. Or, cette parole peut nous être adressée à chacun d’entre nous, même si nous ne voyons pas, même si nous ne touchons pas, notre âme peut entendre la parole de Jésus : « sois croyant ». C’est bien arrivé à André Frossard ! Et c’est pourquoi Jésus conclut : « Heureux ceux qui croient sans avoir vu ! » Croire est une grâce donnée par Dieu, que l’on peut demander pour soi, ou pour d’autres.
Saint Jean sait bien que nous n’avons pas accès à la même expérience que celle des disciples et de Thomas – il y avait déjà à son époque beaucoup de chrétiens qui auraient bien voulu en bénéficier ! Mais justement, son évangile est le témoignage le plus précis possible des faits qui se sont passés, pour nous conduire à croire, jusqu’à ce que Jésus nous donne la grâce de la foi. Nous ne pouvons pas toucher Jésus, mais nous pouvons lire l’évangile de Jean et c’est déjà un miracle de l’avoir dans les mains, n’est-ce pas ? J’ajouterai qu’il est aussi miraculeux d’avoir un prêtre en chair et en os, ordonné par un évêque, lui-même héritier des Apôtres qui ont vu et touché Jésus. On est tellement habitué à cela, qu’on ne voit même plus combien c’est miraculeux d’avoir les évangiles, des évêques et des prêtres, 2000 ans après les événements !
 
Le texte des Actes des Apôtres est très important sur deux points. 
Le premier est la description des activités de l’Église : « les frères étaient assidus à l’enseignement des Apôtres, et à la communion fraternelle, à la fraction du pain et aux prières. » C’est-à-dire que les chrétiens approfondissaient leur connaissance des Écritures, l’Ancien Testament, par l’enseignement des Apôtres, c’est-à-dire l’Évangile. C’est à la messe le temps des lectures, mais c’est aussi le catéchisme. La communion fraternelle, c’est le partage des biens, l’entraide sous toutes ses formes, et notamment les repas pris en commun. La « fraction du pain » est le terme qui désigne l’Eucharistie. « Fraction du pain » et repas sont deux choses différentes. Certainement les chrétiens célébraient-ils la messe puis prenaient leur repas en commun, mais les deux n’étaient pas mélangés. Enfin, les chrétiens étaient assidus aux prières, qui sont les prières juives du matin et du soir, et d’autres prières dans la journée. C’est la raison pour laquelle d’ailleurs, les Apôtres et les chrétiens de Jérusalem ont continué d’aller au Temple pour les prières rituelles. Aujourd’hui, l’Église chante toujours ces prières, surtout dans les monastères : ce sont les laudes et les vêpres, les complies, les matines, etc. En fait, tous les chrétiens devraient chanter ensemble ces prières. On le faisait autrefois dans toutes les églises paroissiales, quand les maîtres d’école y emmenaient les enfants, deux fois par jour, pour leur apprendre à lire et à chanter.
Je termine par le second point. À chaque fois dans l’histoire de l’Église, que des chrétiens ont pris ce texte au sérieux et ont voulu le mettre réellement en pratique, cela a généré un renouveau complet de l’Église : saint Benoît, saint Bernard, saint François et saint Dominique… tous ont voulu mener la vie des premiers chrétiens, et ils ont transformé le monde de leur époque. « Enseignement des Apôtres, communion fraternelle, fraction du pain et prières » : c’est l’ADN de l’Église, et son programme est toujours d’actualité !

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