vendredi 7 avril 2023

06 avril 2023 - PESMES - Jeudi Saint - Messe en mémoire de la Cène du Seigneur - Année A

Ex 12, 1-8.11-14, Ps 115, 1 Co 11, 23-26, Jn 13, 1-15
 
Chers frères et sœurs,
 
Lorsque nous célébrons le Jeudi saint, la Messe de mémoire de la Cène du Seigneur, nous affirmons par les gestes et par les mots deux choses essentielles pour notre foi chrétienne.
 
La première est liée à la célébration de la Pâque. Le sacrifice de l’agneau pascal était destiné à constituer et sanctifier une communauté prête à aller dans le désert du Sinaï pour y adorer Dieu, et à protéger cette communauté au moment de la libération de son esclavage en Égypte. Jésus et ses apôtres célèbrent cette Pâque. Avec un changement notable cependant : par ces mots « Ceci est mon Corps » et « Ceci est mon Sang », Jésus déclare qu’il est lui-même le véritable Agneau pascal. Et de fait, il va être lui-même offert en sacrifice par sa mort sur la croix pour la libération et la sanctification de toute l’humanité.
C’est bien en communiant à son Corps que l’Église devient la communauté prête à marcher vers la Terre nouvelle pour y adorer Dieu ; c’est bien en communiant à son Sang qu’elle est libérée du péché et protégée à l’heure de la mort. En réalité, le Sang de Jésus, c’est l’Esprit Saint répandu pour la vie du monde. En célébrant la Messe, nous faisons mémoire de la sainte Cène de Jésus, mais surtout – parce que c’est un sacrement célébré à la demande et au nom de Jésus – nous rendons cette Cène actuelle, réelle pour nous maintenant. Et même, nous anticipons l’avenir, car par la communion à Jésus aujourd’hui, demain nous serons sauvés par lui de la mort pour entrer dans la vie éternelle.
Certains pensent que ce sont des gestes symboliques. Mais il n’y a rien du tout de symbolique lorsque Jésus est crucifié et qu’il meurt en croix, au moment même où sont sacrifiés les agneaux pascals dans le Temple de Jérusalem. Il n’y a rien de symbolique lorsque, lors de son Ascension au ciel, il se présente lui-même en offrande à son Père, et qu’en signe de son agrément, à la Pentecôte, l’Esprit Saint est répandu sur les Apôtres, constituant l’Église naissante et l’envoyant dans le monde pour y adorer Dieu et annoncer l’Évangile. Tous ces fait sont réels, attestés par des témoins, dont les récits composent le Nouveau Testament. Et nous-mêmes qui sommes ici présents, nous sommes bien réels nous aussi : nous ne sommes pas des chrétiens symboliques !
 
Justement, la seconde chose essentielle à retenir de la célébration du Jeudi saint est le fameux lavement des pieds. Ce n’est pas non plus un geste symbolique.
La plupart du temps, nous le limitons à un acte d’humilité de Jésus envers ses Apôtres, pour leur apprendre – et à nous à travers eux – à nous aimer les uns les autres, en nous faisant les serviteurs les uns des autres. Ce n’est pas faux : en Jésus Dieu s’est fait homme pour soigner les plaies de l’homme pécheur, le guérir et le sanctifier pour qu’il puisse entrer dans la communion de Dieu. C’est bien la mission de Jésus dans le monde.
Mais le lavement des pieds n’est pas qu’un geste d’humilité : il est aussi un geste de consécration sacerdotale. En leur lavant les pieds, Jésus fait de ses disciples des prêtres pour adorer Dieu en toute sainteté.
En effet, comme il le rappelle à Pierre, « quand on vient de prendre un bain, on n’a pas besoin de se laver » : Jésus et ses disciples ont donc été prendre un bain dans la journée. C’est la condition obligatoire pour pouvoir entrer dans le Temple pour pouvoir y célébrer la Pâque. Or Jésus veut aller jusqu’à laver les pieds de ses Apôtres. Effectivement, on n’est pas complètement propre dès qu’on a fait trois mètres dans les rues de Jérusalem en sortant d’une piscine... mais ce n’est pas le plus important. Le plus important c’est que le lavement des pieds est requis pour les prêtres qui doivent présenter l’offrande à Dieu dans le sanctuaire du Temple. Jésus considère donc ses Apôtres comme des prêtres devant présenter une offrande.
La raison en est que, dans la culture hébraïque, les « pieds » sont une manière pudique de parler de l’intimité de l’homme : « laver les pieds », c’est purifier la racine du désir qui est dans les profondeurs du cœur humain. Quand ils se présentent devant Lui, les prêtres de Dieu doivent avoir le corps et surtout le cœur pur pour pouvoir lui présenter leur offrande. Il en va de même avec les prêtres de l’Église qui ont à offrir au Père, au nom de Jésus son Corps et son Sang, dans l’Esprit de sainteté.
Dans l’Église le rituel du lavement des pieds est ainsi normalement réservé à l’évêque qui lave les pieds de ses prêtres, mais nous allons le faire nous aussi. À l’échelle qui est la nôtre, cela nous rappelle que chaque baptisé est consacré à Jésus comme prêtre. C’est-à-dire que les prières offertes à Dieu par un chrétien au cœur pur, dans un esprit de charité, sont semblables à des offrandes présentées par un prêtre à Dieu, afin de l’adorer et d’obtenir de lui, par sa grâce, sa miséricorde et sa vie éternelle. Et la plus belle offrande que nous puissions présenter à Dieu, c’est notre propre vie, par amour pour notre prochain.
 
Voyez donc, chers frères et sœurs, à quel point ce jour est important. Par notre communion au Corps et au Sang de Jésus, véritable Agneau pascal, nous sommes sauvés et sanctifiés en vue de la vie éternelle. Et par notre baptême, nous sommes consacrés au Christ prêtre pour pouvoir nous offrir avec lui par amour pour notre prochain. Il n’y a rien de plus beau ni de plus grand dans le monde qu’un chrétien : il est lui-même un agneau de Pâque.

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